Tom était amoureux !
Vous m'en direz tant ! Sauf qu'à 10 ans, c'est toute une aventure ! Le quotidien n'est pas fait pour les amoureux de 10 ans car à cet âge, on joue, on mange des bonbons, on fait ses devoirs, on mouche son nez et on dit bonjour à la madame. Mais une chose est sûre, on n'est pas amoureux ! Non, Monsieur !
Du coup, parents, professeurs, copains, tout le monde s'y mettait et s'en mélait. Et surtout ces derniers ; les enfants sont sans pitié entre eux...
Car non content d'être amoureux, Tom était aussi un romantique (NDLR. Et ça, c'est pas de chance, il faut bien en convenir). Du coup, il aimait à offrir de petits cadeaux et surtout envoyer des mots doux à sa dulcinée.
L’heureuse élue s’appelait Jeannette, et pourtant elle n’avait pas de couettes (NDLR. Ne cherchez pas, il n'y a ni jeu de mot ni contrepeterie). Alors quand Tom envoyait des petits mots à Jeannette, il se devait d’être discret, très discret. Le moindre dérapage et c'était la honte assurée (prononcer teuhon).
Il avait bien essayé d'écrire au citron mais d’étranges odeurs envahissait rapidement son cartable et l'usage d'un briquet sous le nez des professeurs était des plus risqué.
Alors Tom s'est renseigné, il a cherché, fouillé, surfé sur internet et même lu des livres. Il devait trouver une solution. Tous les moyens étaient bons pour lui permettre d'acheminer sa correspondance sans risque de fuite.
La première solution qu’il découvrit s'appelait codage César (dont l'origine remonte au Jules du même nom). L'idée lui plu de suite : c'était facile à écrire et tout aussi facile à décoder... beaucoup trop facile à décoder. Dommage. Mais il conserva l'idée !
Il découvrit ensuite l'alphabet de substitution. Cette idée aussi lui plu car, ainsi codé, le message était plus difficile déchiffrer. Mais quelle contrainte pour écrire et lire car il fallait avoir sous la main (et les yeux) la table de correspondance. Trop compliqué et surtout beaucoup trop lent. Mais il conserva l'idée !
Par extension, il découvrit le chiffre de Vigenère : chiffrement polyalphabétique. Encore plus redoutable d'efficacité mais encore plus contraignant car ce n’était plus une simple table de correspondance mais un tableau à trois entrées qu'il fallait utiliser pour arriver à ses fins. Par contre, il remarqua que pour compliquer encore la tâche des curieux tenter de déchiffrer les messages, les utilisateurs du chiffre de Vigenère supprimaient parfois les espaces. Il écarta Vigenère mais retint une idée.
En fait, à force de réflexion, la solution que recherchait Tom commençait à se préciser :
- son chiffre (code) devait être très facile à utiliser
- il devait être rapide à écrire et tout autant à lire
- il ne voulait pas d'une table de correspondance impossible à mémoriser.
- il ne voulait pas non plus d'un papier ou outil compliqué à trimballer sur lui et qu'il risquait de se voir dérober. Et, par là même, son secret dévoilé.
L'idée faisait son chemin. Le codage de Tom était en train de prendre forme.
(...)
Avec à peine quelques explications, Jeannette, pourtant blonde, maitrisa rapidement la lecture des nouveaux messages de Tom. Tout aussi simplement, elle arriva à lui répondre en écrivant à peine plus lentement qu'à son habitude. Alors même qu’elle était toujours aussi blonde.
Peu leur importait que les messages soient interceptés, ils restaient des plus abscons aux yeux de leurs camarades, ainsi que des professeurs. Leur code était en place !
(...)
Arriva le jour de leur premier rendez-vous. Cette fois encore, et plus que jamais, le code était de mise s'ils ne voulaient pas être l'objet de raillerie de la part de ses petits camarades de leur classe.
Et c'est en ces termes que Tom fixa le lieu de leur premier rendez-vous :
