Dans la nuit du 8 au 9 Juillet 1982 un orage éclate sur la Cornouaille. Il sera d'une rare violence. Au petit matin la foudre va frapper le clocher de Notre Dame du Drennec et incendier la Chapelle.
Très tôt un voisin des lieux donne l'alerte, mais le feu aura fait son oeuvre: Les dégats sont considérables: la toiture est détruite, les bancs sont bridés, le maître d'autel et plusieurs statues en bois polychrome sont entamés par le feu, certaines complètement détruites. Dans le choeur, la statue de Notre Dame du Drennec semble à peu près épargnée mais très noircie par la fumée.
De nombreux Cloharsiens et autres amis du site viendront, attristés, voir les restes de cette Chapelle où ce dernier dimanche on célébrait le pardon de St Alar.
Le premier moment de stupeur passé, les habitants du quartier vont vite réagir: cette Chapelle, un peu d'eux-même, ne doit pas mourir; le site devra revivre.
Dès le 12 Juillet une Association est créée; les statuts seront publiés au journal officiel le 11 Août. Pendant tout l'été les fonds vont être collectés. Madame Fié-Fieux offre des tableaux du peintre Emile SIMON qui seront vendus au pardon du 15 Août célébré en plein air.
Grâce à cet élan de générosité la jeune association va vite posséder une solide trésorerie.
Les Amis de la Chapelle vont donc oeuvrer pour qu'elle soit rapidement reconstruite. Ils se sont aussi intéressés à son histoire.
En effet l'édifice que nous connaissons est relativement récent. Mais selon l'historien Louis LE GUENNEC ses origines remonteraient au 16ème siècle.
A l'époque, la chapelle était située plus au nord près du manoir du Drennec qui était en fait la maison presbytérale.
Sous la révolution, bien des événements vont se produire et de grands changements vont frapper la chapelle, florissante à cette époque.
Les biens ecclésiastiques deviennent Biens Nationaux et sont recensés dans toute la France. La chapelle du DRENNEC est inventoriée le 25 Frimaire de l'an II par le citoyen BOYER receveur des domaines à Concarneau.
Deux ans plus tard ces biens sont vendus. Un document en date du 19 Prairial An I V de la République nous apprend que le citoyen RANSENNE se déclare acheteur de la maison presbytérale du Drennec, de ses dépendances, de la chapelle et de son placitre. Cet acte, établi par deux experts, décrit avec précision les biens vendus et particulièrement la chapelle qui avait des dimensions pratiquement identiques à celle que nous connaissons.
Mais l'acheteur et ses successeurs, peu soucieux de l'édifice, y trouvent une mine de matériaux. Une grande partie de la chapelle sera démolie, les pierres seront utilisées pour d'autres constructions. Un certain ROHEL aurait embarqué une partie des matériaux à destination de Lorient et aurait disparu en mer. Une autre partie des pierres aurait servi à la construction de l'église de Pleuven.
Plus tard les lieux deviennent propriété de la famille DE KERMEL. Madame DE KERMEL s'emploie à restaurer ce que l'on peut encore sauver. Il restera une petite chapelle carrée d'environ 8 mètres de côté.
Mais l'édifice est trop petit pour y accueillir les fidèles. Dés 1870 la fabrique de Clohars qui rassemble laies et ecclésiastiques chargés de gérer les biens de la paroisse, songe à construire une autre chapelle. Elle cherche un terrain. Ce terrain lui sera donné par les héritiers de madame DE KERMEL soucieux de poursuivre l'oeuvre commencée par leur mère.
La fabrique de Clohars collecte des fonds; des travaux commencent. Suivant le voeu émis par les donateurs, la petite chapelle est démontée pierre par pierre et reconstruite pour faire une aile au nouvel édifice.
Les travaux sont terminés en 1878. Le site connaît alors ses grandes heures: Pardon de Notre Dame du DRENNEC, les fêtes du 25 Mars, du 8 Septembre? du 8 Décembre et le Pardon de Saint Alar le premier dimanche de Juillet. A ce Pardon, on y vient de toutes les paroisses du Canton, des deux Ergué et même de l'autre côté de la rivière. Le procession , à laquelle participent parfois jusqu'à 300 chevaux, va faire le tour de la croix. Les chevaux défilent en tête suivis par les croix et le bannières que seuls les hommes doivent porter ce jour-là.
Notre Dame du Drennec était fréquemment invoquée pour obtenir le beau temps favorable à la moisson.
En 1879, un pélerinage rassemble près de 4000 fidèles venus d'Ergué Armel et de toutes les paroisses du canton. En 1884 ce fût au tour des paroissiens de Clohars d'aller implorer Saint Alar - Saint Patron d'Ergué- pour obtenir la pluie bienfaisante pour mettre fin à une sécheresse excessive.
Leurs prières furent entendues. La pluie tomba toute la nuit suivante.
A l'époque l'entretien de la chapelle est assuré par le curé. Les fonds provenaient principalement des offrandes faites à Saint Alar qui atteignirent une année près de 1800 Francs.
Plus tard ce fut à la commune de prendre en charge les frais d'entretien. D'ailleurs, peu de jours avant l'incendie, la municipalité avait fait terminer la réfection d'un vitrail.
La chapelle a été reconstruite. La générosité, le travail et la persévérance d'un grand nombre a permis à l'Association de complèter par de nombreux embellissements la réfection du gros oeuvre financée par les assurances.
L'office fût à nouveau célébré dans la Chapelle le ler Juillet 1984 pour le Pardon de Saint Alar. Le 15 Août un millier de fidèles se rassemblaient sur la placitre pour le grand Pardon de Notre Dame Du Drennec. A nouveau, la cérémonie religieuse était suivie de la fête paienne.