Son histoire
Pays des tourbières, Bief du Fourg disposait également d’une source d’eau minérale ferrugineuse aux qualités supposées telles « qu’on allait en échanger des flacons à Salins les Bains contre égale quantité de vin ! »
Ce village a également fourni un mathématicien émérite : l’abbé JEANTET, né au pays en 1747. Il fût l’auteur d’un traité de mécanique élémentaire qui fût adopté par l’impératrice de Russie.
Au XIXème siècle, le village comptait plus de 500 habitants contre 137 actuellement Aujourd’hui, Bief du Fourg se distingue surtout par une forte tradition agricole (élevage et fromagerie) et artisanale (une menuiserie) ainsi que par sa capacité d’accueil (logements locatifs, gîtes ruraux, et accueil des Randonneurs).
Pourquoi appelle-t’on les habitants de Bief du Fourg les "philosophes" ?
Après des années de guérillas, d’incendies et de famines, la paix commença enfin à régner en Franche Comté après la signature du traité de Nimègue par lequel Louis XIV avait annexé notre province. Peu après, le Roi Soleil décida d’entreprendre un voyage en Franche Comté afin de faire connaissance avec ses nouveaux sujets. Il s’arrêta quelques jours à DOLE puis se mit à gravir les plateaux jurassiens. Le roi venait de dépasser le village de CENSEAU quand le carrosse royal se renversa dans les crêts de COMMUNAILLES.
Pendant qu’un charron faisait la réparation, le monarque prit un autre véhicule et gagna le village de BIEF DU FOURG où il demanda l’hospitalité au curé du pays que l’on prénommait "Sans Souci". Sur un ton ironique, Louis XIV lui demanda pourquoi on le surnommait ainsi. Le brave curé bredouilla une laborieuse explication que sa Majesté prit de travers en s’imaginant à tort, que son interlocuteur se moquait de lui. Entrant dans une colère froide, il déclara : ''Je suis, Monsieur le curé, ravi de rencontrer sur ma route un de mes sujets qui n’a pas de soucis, alors que j’en ai tant. J’estime que ce n’est pas juste, c’est pourquoi je vais faire en sorte de vous créer des soucis. Dans une semaine je reviendrai de la Suisse par ce même chemin. Si, lors de mon second passage, vous ne répondez pas plus intelligemment à ma question, je demanderai à votre évêque de vous envoyer dans une paroisse moins agréable !".
Le lendemain, le carrosse royal enfin réparé quitta Bief du Fourg en direction de l’Helvétie. Le pauvre curé commença à se lamenter sur son sort. C’est alors que l’un de ses paroissiens eut l’idée de lui suggérer d’aller voir le meunier qu’on disait un peu sorcier. Il guérissait les maladies et on le sollicitait aussi pour la manière intelligente avec laquelle il réglait certains différends. Il alla donc au moulin pour s’entretenir avec le meunier. Après réflexion, le meunier trouva la solution. "Nous sommes du même âge, à peu près de la même taille, vous allez donc me prêter votre soutane. Je m’installerai à la cure et vous resterez au moulin et pour les questions du roi, j’en fais mon affaire".
Malgré les inquiétudes du curé concernant cette supercherie, il accepta la proposition. Louis XIV repassa à Bief du Fourg. Après avoir étanché sa soif au presbytère en buvant un verre d’Arbois, il questionna :
- Alors monsieur le curé, êtes-vous prêt à me répondre .
- Sire, je l’espère, afin que votre infinie bonté me permette de vivre encore longtemps à Bief du Fourg.
- Nous verrons dit le roi qui enchaîna : combien pèse la terre ?
- Sire, enlevez tous les sots qui la peuplent et moi, dans les deux heures, je vous donnerai son poids exact.
- Très bien fit le roi étonné. Et combien me faudrait-il de temps pour en faire le tour à cheval ?
- Sire, on dit que vous êtes le Roi Soleil. Il ne vous faudra pas plus de vingt quatre heures pour en faire le tour.
- Parfait, parfait ! fit Louis XIV flatté. Vous semblez m’admirer à ce que j’entends et me tenir en très haute estime. Puisqu’il en est ainsi, dites-moi, Monsieur le curé, combien je vaux ?
C’était une question bien embarrassante mais après une courte réflexion, le curé déclara :
- Sire, vous valez vingt neuf deniers !
- Pourquoi m’estimez-vous à ce prix ridicule ?
- Sire, parce que Jésus Christ, roi de l’univers fut vendu pour trente deniers. Un roi de France ne peut donc valoir plus de vingt-neuf deniers !
Rasséréné, Louis XIV apprécia cette spirituelle répartie et s’écria :
- Bravo ! monsieur le curé, vous êtes un fin philosophe ! Vous resterez donc dans ce village afin que ses habitants bénéficient de vos très sensés préceptes.
Et c’est pourquoi, dit la légende, depuis cette époque, les gens de Bief du Fourg sont appelés les "philosophes"!