LE DRAME : Le 6
septembre 1957 à 23h16, l'express Paris-Nîmes numéro 1115 quitte la
capitale en

direction du sud par la ligne
du Massif-Central. Il doit arriver peu avant 13h ce 7 septembre en
gare de Nîmes son terminus.
Nous sommes aux derniers jours des vacances d'été, le train est
bondé, des voyageurs occupent les couloirs, les toilettes et les
plateformes entre les voitures. Des familles avec leurs enfants
rentrent chez-elles et comme chaque années à cette période, de
nombreux Lozèriens descendent pour faire les vendanges dans le
Gard.
Entre La Bastide et Alès, le convoi composé de neuf voitures, deux
de plus qu'à l'ordinaire entame la portion de ligne la plus
difficile. Il doit traverser 107 tunnels, franchir de nombreux
viaducs et subir d'importants dénivelés. Il parvient en gare d'
Alès avec 17 minutes de retard.
Sur le quai, un haut-parleur annonce la présence d'un chantier en
aval de la gare de Nozières-Brignon.

L'express quitte Alès avec
environ 500 voyageurs à son bord, direction Nîmes sans
arrêts.
Dans la plaine du Gardon, l'express 1115 roule plus rapidement, il
glisse sur les rails toutes fenêtres ouverte par cette chaude
journée de début septembre.
A 12h35, avec dix neuf minutes de retard, l'express franchit à
toute vapeur le passage à niveau numéro 135 de Nozières. La garde
barrière augure quelque chose d'anormal, le train roule bien trop
vite et n'a pas ralenti au signal d'approche du chantier. Le convoi
devait à cause des travaux changer de voie et aborder l'aiguille de
communication à 30 km/h.... L'express passe l'aiguillage à 92 km/h
soit à une vitesse trois fois supérieure à celle prescrite par la
réglementation et c'est la tragédie.
La locomotive s'engage sur l'aiguille en déviation mais compte tenu
de sa masse (150 tonnes avec le tender) et de l'accélération
transversale qu'elle lui communique lui interdit de se rabattre
ensuite sur la voie 2. Elle déraille et poursuit sur plusieurs
dizaines de mètres sa course couchée

sur le ballast. En labourant
le sol, un tampon de la " Mikado 141-F-95 " crève la voûte d'un
petit ponceau qui passe sous la voie et vient se planter dans le
mur sud. Cela eut l'effet désastreux d'immobiliser brutalement la
motrice dans sa trajectoire avec les conséquences particulièrement
meurtrières que l'on imagine sur les wagons qui suivaient à grande
vitesse.
Le choc est d'une incroyable violence, le convoi vient s'empiler
derrière la machine, successivement, les voitures se télescopent
dans un enchevêtrement monstre de bois pulvérisé, de rails tordus,
de tôles déchirées et un immense jet de vapeur qui brûle toutes les
chairs au travers les fenêtres ouvertes des compartiments. Un
énorme nuage de poussière monte vers le ciel suivi des cris
horribles où dominaient des voix d'enfants.
..............
Immédiatement après l'accident, l'aide et les secours arrivent de
tous côtés, les médecins de la région sont réquisitionnés, le
garagiste voisin intervient avec son employé et découpent durant de
longues heures au chalumeau les tôles des voitures déformées pour
libérer les victimes de leur cercueil d'acier. Tous les riverains
se mobilisent pour prêter

main-forte aux sauveteurs
dans leur affolante mission d'extraire de cet amas de ferraille
fumant des survivants, des blessés, et malheureusement 26 corps
sans vie (une personne décèdera quelques jours plus tard de ses
blessures).
Dix minutes après le déraillement, le plan ORSEC est déclenché, les
pompiers d' Alès et de Nîmes sont mobilisés sur la
catastrophe.
Les premières ambulances arrivent à Nozières entre 13h05 et 13h10.
A 13h05, quatre médecins sont dépêchés sur les lieux pour aider
celui qui se trouvait comme voyageur dans le train et qui s'est mis
immédiatement au travail. Rapidement les secouristes,
médecins, infirmiers, bénévoles d'Alès, Nîmes et Avignon affluent.
Ils ne se doutent pas encore qu'ils resteront 48h en poste. Les
habitants de Nozières et de Brignon sont aussi nombreux à leur
prêter main forte.
Sur l'initiative de la compagnie, un certain nombre de blessés ont
pu déjà être évacués par

camionnette et par voiture sur
Alès et Nîmes.
Une chapelle ardente sera établie en mairie de Boucoiran où seront
déposés les corps de 26 victimes. Le bilan définitif de cette
catastrophe ferroviaire s'établira finalement à 27 morts et 134
blessés dont une trentaine grièvement atteints.
Le mécanicien a survécu à l'accident, il a été retrouvé errant,
devenu fou, au milieu des vignes.
Le 13 novembre 1958, le Tribunal rend son verdict : La Cour d'appel
de Nîmes condamne le mécanicien à deux ans de prison mais lui
accorde le sursis, réformant le Tribunal d'Alès qui lui infligeait
six mois de prison ferme. Le mécanicien est condamné par ailleurs à
100.000 Francs d'amende.
Le
site d'où sont extraits ces éléments
Je n'avais
que 3 ans et demi lors de cette tragédie. Mes grands oncles
cheminots à Boucoiran et au Pont de Ners ont souvent rapporté
forces détails de cette catastrophe à l'occasion des repas de
famille.
Cet
évènement m'avait fort ému à l'époque, je me devais d'apporter mon
modeste témoignage
avec cette géocache. Goupil30