TY MAMM DOUE ou La
maison de la Mère de Dieu
C’est au cours du XIVème
siècle que furent construites sur un terrain de la paroisse de
Kerfeunteun une première chapelle dédiée à la Mère de Dieu, et tout
à coté, une petite maison en pierres de taille avec un toit en
ardoises. Cette maison fut dénommée « Ty Mamm Doue », « la maison
de la Mère de Dieu » en Breton.
Dès sa construction, cette modeste maison attira de nombreux
pèlerins et au cours de du XVIème siècles, la petite chapelle
primitive étant trop exigüe et tombant en ruine, il fallut édifier
une chapelle plus vaste pour accueillir à l’abri les pèlerins
de plus en plus nombreux. C'est en 1540 que Pierre de
Kenechquivily, sieur de Keramaner, autorisa la reconstruction de la
chapelle à condition qu'on lui laisse la faculté d'y apposer ces
armoiries. La construction en pierres de taille en granit et de
style gothique demandera 51 années d'effort. Elle fut complétée
entre 1605 et 1621 dans un style renaissance, visible sur la face
sud.
Elle comporte une nef unique, un vaste transept, un choeur à chevet
plat. Le clocher de type dit "cornouaillais", tel qu'on le retrouve
sur l'église de Kerfeunteun, est curieusement situé sur un
contrefort au sud. A l'intérieur, l'appareillage en pierre de
taille est très soigné. La voûte est en lambris peint avec des
entraits et des sablières polychromes. Une poutre de gloire,
surmontée d'un Christ remarquable, ornée d'engoulants, marque la
séparation entre le choeur et le transept.
C'est en ce lieu que le Père Maunoir vint, en 1630, prier pour
obtenir le don de la langue bretonne indispensable à la
prédication. Il maitrisa les rudiments de cette langue en 8 jours
et fut capable de prêcher après 2 mois d'étude ! Il devint ensuite
l'un des plus grands prédicateurs dans les missions
bretonnes.
La petite maison « Ty Mamm Doue » fut construite en 1295 en bordure
du chemin qui se trouvait à 2 mètres en contrebas de la route
actuelle. A l'origine cette maison était un lieu de dévotion mais
servait aussi d'infirmerie pour les malades et de lieu de repos et
d'abris pour les pèlerins. Par la suite elle fut transformée en
oratoire en y installant un modeste autel en bois contre un des
pignons et sur la table de cet autel une magnifique Piéta que l'on
peut admirer actuellement à l'église paroissiale de Kerfeunten. Ce
patrimoine disparut en 1969 dans la quasi indifférence
générale.
Mais la belle chapelle que vous voyez maintenant devant vous
n'était pas non plus entretenue. En 1977, quelques personnes
réunies en association décident de redonner vie à ce lieu de
dévotion laissé à l'abandon et rongé par l'humidité dont l'oratoire
est démoli, les vitraux brisés, les portes délabrées. Cette
association tient un blog où vous trouverez une mine d'information
à l'adresse suivante: http://tymammdoue.canalblog.com/
PARDON
MUD
Un pardon est une forme de pèlerinage typiquement
bretonne et une des manifestations les plus traditionnelles de la
foi populaire en Bretagne. Mais ici vous pourrez assister le jeudi
saint à un pardon quasiment unique car seuls 7 autres lieux de
cultes le pratiquent encore. C'est le « pardon mud » ou « pardon
muet » dont la démarche consiste à faire trois fois le tour de la
chapelle ou de l'église dans le sens des aiguilles d'une montre et
qui semble être une survivance du rite circumambulatoire de
l'époque gauloise. Dans leurs pratiques religieuses, les Gaulois
faisaient trois fois le tour de leurs sanctuaires dans le sens du
déplacement apparent du soleil. Ils faisaient de même trois fois le
tour de leurs fontaines avec leurs animaux : une pratique qui s'est
maintenue jusqu'à une époque récente, par exemple, avec les chevaux
à Gouézec, à Plouyé, à Plouguerneau. Le rite circumambulatoire a
été respecté par les Romains au cours de leur occupation de
l'Armorique. Ce rite fut ensuite assimilé par les évangélisateurs
venus de Grande-Bretagne, vers le Vème siècle, et il s'est maintenu
jusqu'à nos jours. En somme, c'est un bel exemple de
syncrétisme.
Plus concrètement, le pèlerinage du pardon muet est une démarche
personnelle, accomplie en silence, sans ministre du culte. La
marche est silencieuse, du domicile au sanctuaire. Puis, le pèlerin
accomplit trois tours du sanctuaire dans le sens des aiguilles
d'une montre. Il récite son chapelet dans le sanctuaire et rentre à
son domicile silencieusement.