Le clocher de tourmente est une construction lozérienne particulièrement répandue
Il s'agit d'un ouvrage simple de maçonnerie en calcaire ou granit, supportant une cloche et souvent surmonté d'une croix. Bâtis au début du XIXe siècle par les habitants de ces hameaux, le rôle primitif de ces clochers est de permettre aux voyageurs (prêtres, marchands de sel, colporteurs...) de ne pas s'égarer et périr, si d'aventure ils se retrouvaient pris dans « la tourmente ». Ce terme désigne une redoutable intempérie qui naît en altitude au cours des rudes hivers, lorsque chutes de neige et bourrasques de vents violents se conjuguent. Dès que sévissait la tourmente mais aussi par temps de brouillard, les cloches étaient alors actionnées, parfois nuit et jour, fournissant ainsi un repère sonore aux voyageurs, un peu à la manière d'un phare, afin qu'ils puissent s'orienter vers les habitations.
Implantés au cœur des hameaux, les clochers de tourmente en rythment la vie et leur rôle s'étend jusqu'à remplacer l'église dont ils sont dépourvus, contrairement aux villages de tailles plus importantes. On les utilise alors pour sonner l'angélus ou bien pour marquer des événements comme les naissances et les décès. La croyance locale va même jusqu'à leur prêter des vertus protectrices, comme celle de repousser les orages vers les villages voisins. Ils sont nettement plus modestes que les clochers d'églises, un piedestal surmonté d'une seule cloche et souvent orné d'une croix au sommet: Mont Lozère, Aubrac ou Margeride. Il sont très souvent bâtis à côté, voire parfois même sur le toit du four à pain communal, signifiant ainsi l'attachement de toute la communauté villageoise à cet élément. Au même titre que le four, sa présence était indispensable pour les villages isolés pendant la saison hivernale et participait pleinement toute l'année, à la vie du hameau.