ATTENTION, vous devrez franchir
des clotures enfermant des animaux, bien refermer les barrières
après votre passage.
Très abondantes sur les crêtes
et les éperons de schiste des Cévennes, les cupules deviennent
rares dès qu'on aborde les calcaires des Causses où les cavités
naturelles peuvent être confondues avec les véritables
cupules.
Dans ces régions, la décomposition du granite et du grès donne
aussi des formes mineures que les hommes ont entrepris parfois
d'approfondir et de régulariser pour en faire des cupules et des
bassins.
A la surface même du plateau calcaire de la Can, lambeau détaché du
Causse Méjan, mis à part les bassins du Castélas de Barre, nous ne
connaissons pas d'autre bloc creusé que le rocher des Conques de
Ferrières (Saint-Laurent-de-Trèves). Au même niveau géologique, sur
le flanc oriental de la Can, le rocher des Fées
(Barre-des-Cévennes), isolé par l'érosion, porte plusieurs dizaines
de croix gravées sur sa face méridionale, et des bassins plus ou
moins naturels au sommet. D'autres cupules se remarquent aux abords
des Balmes (Barre-des-Cévennes) et, au nord, sur les grès
tabulaires qui dominent la route de Barre à
Saint-Julien-d'Arpaon.
Au nord du hameau de Ferrières, à la cote 1045 parmi quelques blocs
calcaires dégagés du substratum, le plus volumineux porte un
ensemble de creux artificiels (cupules, bassins et rigoles) qui ont
donné leur nom, les Conques, au lieu dit. Il est composé de
calcaire jaunâtre, en table grossièrement ovale et bosselée, longue
de 2,90 m., large de 1,60 m., épaisse de 0,70 m.
Les cupules s'ordonnent autour de deux bassins principaux. Le
groupe oriental, encadre un bassin profond de 0,25m. cylindrique à
sa partie inférieure, irrégulièrement évasé sur les bords. En
période de pluie, il se remplit d'eau; Des rigoles convergent des
cupules vers lui. Trois de celles-ci, au nord, sont en outre unies
par des rigoles. La cupule méridionale de l'auréole possède un
déversoir supplémentaire vers l'extérieur.
Les cupules du groupe occidental n'ont pas de rigole, mais le
bassin, profond de 0,13 m, est relié par un déversoir à une
gouttière naturelle de la roche. Plusieurs cavités moins nettes (en
pointillé sur le croquis) apparaissent à chaque extrémité. Elles
sont analogues aux trois cuvettes d'un deuxième bloc (1,70 m. sur
1,20 m. et 0,50 m. d'épaisseur), couché à quelques pas du premier,
sur l'authenticité desquelles il est difficile de se
prononcer.
Le sommet de la croupe ne laisse apercevoir aucun vestige
archéologique qui permettrait d'avancer une hypothèse plausible sur
l'âge et la destination des Conques oubliées dans le folklore
local. A un kilomètre à l'ouest, le monument le plus proche serait
le tumulus de la Can d'Artigues, daté du premier âge du Fer, établi
au bord de la grande draille de transhumance qui traverse la Can en
direction du Mont Lozère et de la Margeride.
Dans la combinaison des cupules, des bassins et des rigoles, les
bassins jouaient de tout évidence un rôle essentiel. Ce ne sont ni
des amusements de bergers désoeuvrés sauf exception, ni des
mortiers, mais plutôt les témoins de rites religieux dont les
documents d'archives et la tradition orale n'ont pas conservé de
traces. Parfois, la légende s'en est emparée, par exemple à Vieille
Morte.
Légende de la Vieille Morte : La légende
de la Vieille Morte est sans aucun doute une des plus célèbres et
des plus cruelles légendes des Cévennes.
En des temps très reculés, une fée avait
élu domicile au sommet du Mont Mars. cette fée avait parfois de
violentes sautes d'humeur, ce qui lui avait valu le qualificatif de
"méchantasse". On raconte que malgré son âge avancé, une femme
veuve des environs de Saint-germain-de-Calberte, avait commis une
faute et mis au monde un enfant. Pour la punir, la fée locale la
condamna à arracher de ses mains une énorme pierre des flanc du
Mont des Laupies (grosses pierres plates) et à errer sans trêve
jusqu'à sa fin, avec son enfant, son fardeau, son chien et son âne.
lourdement chargée la vieille part, mais l'enfant trop frêle encore
pour supporter les fatigues d'un tel voyage, meurt bientôt au col
dénommé Plan-de-Fontmort (d'éfont
mort).
Le chien tomba dans une fosse dite"Cros
del chi". La pluie tombant comme elle sait tomber en Cévennes, la
vieille s'abrita à "Escota se plou" (écoute s'il pleut). Continuant
sa course que rien ne devait interrompre, la pauvre femme s'engage
dans la vallée où coule le ruisseau affluent du Gardon de
Saint-Germain. Arrivée au sud du village, elle veut franchir la
rivière, mais l'âne perd pied et se noie d'où le nom de Négase
(noie âne) qui est resté à ce lieu.
Quant à la vieille elle s'endormit sur
une crête appelée depuis "mortdeson" (mort de sommeil), puis tenta
de continuer.
Poursuivant péniblement son chemin, écrasée par le poids de sa
pierre, la vieille entreprend l'ascension de la montagne. Avant
d'atteindre le sommet, épuisée, elle abandonne son fardeau qui se
transforma en menhir. Pleurant de terreur, et faisant naître de ses
larmes le "valat de las Gotas"(ruisseau des gouttes), la vieille
arrive alors au sommet de la montagne où elle est tuée par la fée
sans pitié. La montagne porte aujourd'hui le nom de la "Vieille
morte" : un rocher est encore désigné sous le nom de "Pierre de la
Vieille". N 44°10.697' E
003°52.478'