Le petit village de Schorbach se situe à la limite des pays couvert et
découvert et à quelques kilomètres seulement au nord-ouest de
la ville
de Bitche. Adoptant un plan inorganisé, le village occupe les
versants d'un vallon très encaissé arrosé par le
Schorbach, affluent de la Horn.
Le patrimoine religieux du village est très riche, puisqu'il
possède le célèbre ossuaire du XIIe siècle, ainsi que l'église
Saint-Rémi consacrée à la même époque, le presbytère, une
grotte dédiée à Notre-Dame de Lourdes, une quinzaine de
croix de chemin et de calvaires parsemant le ban communal et
trois chapelles, disséminées autour du village. Les trop nombreuses
guerres fratricides ont elles aussi marqué le paysage puisque, en
bordure du chemin menant à Bitche par les hauteurs de la
Rosselle, se situe le
Bayerngrab, rappellant la mort des soldats allemands lors
du siège de
1870.
Histoire
L'ossuaire aurait été édifié au XIIe siècle dans le
cimetière du village, entourant encore l'église
paroissiale Saint-Rémi, en face de la tour-clocher. Avec la
citadelle de Bitche,
la
Vierge au manteau de
Mouterhouse, la
pierre des Douze-Apôtres à
Meisenthal, ainsi que la
chapelle et l'ermitage Sainte-Vérène à
Enchenberg, il est sans doute le monument le plus célèbre du
pays de Bitche.
Ressemblant à une châsse dotée de colonnes toutes différentes,
il est né de l'exiguïté du cimetière, qui est obligé de suivre la
forme du plateau où est posé l'église paroissiale, au sommet d'un
promontoire grèseux. En effet, les tombes devaient parfois être
ouvertes pour dégager les os à cause du nombre très important de
paroissiens, car Schorbach était siège d'une très ancienne vaste et
paroisse jusqu'au début du XIXe siècle, quand la ville voisine de
Bitche, jusqu'alors annexe, deviendra paroisse autonome puis siège
d'archiprêtré. Des ossements y furent déposés de 1136 à la
Révolution de 1789. L'ossuaire est classé monument historique par
arrêté du 27 novembre 1929.
Édifice
Souvent daté dans les notices historiques, à tort, de l'époque
romane, l'ossuaire n'est peut-être pas antérieur au XVe siècle. A
la suite de restaurations au début du XXe siècle, il a perdu le
pan-de-bois de ses pignons, ainsi que les demi-croupe de sa toiture
à deux pans.
De style roman, le charmant petit édifice se présente comme un
bâtiment allongé, couvert d'un toit à deux versants. La façade antérieure est formée d'une suite de
onze arcades en plein cintre, dont les colonnes reposent sur un
mur-bahut, un pilier à décor de trilobes étant placé au centre.
L'ossuaire abrite encore, sur l'entrave de la cinquième colonne
et sur la courbe concave du dernier arc, deux visages grotesques
représentant très vraisemblablement des têtes de mort.
A une époque où la mort faisait pleinement partie de la vie de
toute la communauté et où les cimetières n'étaient pas éloignés du
centre du village vers les abords, ces ouvertures permettaient, à
ceux qui passaient autrefois, de voir les os entassés à l'intérieur
et de méditer sur le sens de la vie et de la mort, tout en priant
pour le repos des âmes des trépassés.