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Dans la série des Glises : ChÚzeneuve
Il s'agit d'une petite Ă©glise, construite en 1860 et de style nĂ©o-gothique en forme de croix latine qui comprend une courte nef se terminant par un chevet Ă trois pans, un clocher carrĂ© au beffroi ajourĂ©. les matĂ©riaux de construction sont partiellement issus de la dĂ©molition de l'ancienne Ă©glise et de la rĂ©cupĂ©ration dâune construction locale faite de beaucoup de pierres.
Maurice de ChĂšzeneuve Ă qui a Ă©tĂ© dĂ©diĂ©e cette Eglise est lâhomme providentiel.
Vous voulez savoir pourquoi ? Je vais vous le dire. Mais dâabord, prenez le temps, faites chauffer de lâeau, prĂ©parez-vous une tisane, une petite friandise sucrĂ©e (ou salĂ©e si vous prĂ©fĂ©rez, chacun ses goĂ»ts), et installez-vous confortablement dans votre fauteuil prĂ©fĂ©rĂ©, celui dans lequel vous ĂȘtes bien, calĂ©, blotti.
Vous y ĂȘtes ? Commençons.
Nous sommes aux alentours du dĂ©but du Moyen Age. Lâempire romain sâeffondre. Les vias locales ne sont plus entretenues par Rome et quelques trous se creusent dans la chaussĂ©e. On appelait cela alors des nids de faisans, mais cela nâa pas dâimportance. Dans ce petit hameau, regroupant la grande ferme de Roger lâainĂ©, et la petite bĂątisse en bois de son frĂšre Maurice, cĂŽte Ă cĂŽte, le « chĂąteau », et quelques autres maisonnettes, on ne voyageait pas beaucoup et peu de gens passaient par lĂ .
Vers le haut, ça monte un peu dans les bois, et vers le bas, ben ça descend un peu vers les Ă©tangs. Entre les deux, des champs. Maurice et Roger font pousser du blĂ© principalement et quelques cĂ©rĂ©ales aujourdâhui oubliĂ©es. Ils ont aussi du bĂ©tail, vaches et moutons qui les occupent aussi pas mal. Depuis lâĂ©poque de leurs parents, ils entretiennent en toute harmonie un potager et quelques arbres fruitiers. Des poules et des lapins viennent complĂ©ter la peinture. Vous la voyez la peinture ? Beaucoup de vert, un peu de marron, de belles bĂątisses, un grand ciel bleu. Simple mais efficace. On sây sent bien.
Mais parlons un peu du « chĂąteau ». Câest Manon, la femme de Roger, qui a commencĂ© Ă lâappeler ainsi. Manon, elle vient de lâautre cĂŽtĂ© de la colline. Autant dire de lâautre bout du monde pour qui nâa pas de voiture, dâinternet ou de 5G. Elle est gentille et douce comme un cĆur puis lâĂȘtre. Roger en est tombĂ© amoureux dĂšs quâil lâaperçu Ă lâĂ©glise le jour de son mariage⊠(eh oui, pas dâappli de rencontre non plus Ă lâĂ©poque). Le pĂšre des garçons avait rencontrĂ© Ă la foire un brave type de plus loin et avait nĂ©gociĂ© cette union, bien mieux que les deux vaches quâil avait vendues ce jour-lĂ . Manon, car câest dâelle que je causais, avait rapidement trouvĂ© sa place Ă la ferme et ils coulaient des jours heureux, remplis dâun labeur 18h/24, 7j/7. Pas de RTT non plus Ă lâĂ©poque. Les seules vacances quâavait Manon se situaient entre le 8Ăšme et le 9Ăšme mois de ses grossesses enchainĂ©es.
Jâai dit que jâallais vous parler du « chĂąteau » et vous me laisser partir sur la condition de la femme au Moyen Age⊠recentrons-nous. Le « chĂąteau » est une construction dâun autre Ăąge, en relativement bon Ă©tat mais qui avait dĂ» en imposer jadis. Des colonnes romaines, des bassins, des jardins devenus jungle, des pierres taillĂ©es par des gĂ©ants et empilĂ©es avec goĂ»t. Roger avait expliquĂ© Ă Manon que câĂ©tait la demeure dâun riche marchand plein de pouvoir de la grande ville qui souhaitait se retirer Ă la campagne le week-end. « Câest quoi le week-end ? » avait-elle demandĂ©. Puis elle avait voulu y aller voir de plus prĂšs, avec les gosses, un jour oĂč elle se sentait aventureuse. Oh, elle ne fut pas déçue. CâĂ©tait encore splendide, et presque intact.
Comme si le temps nâavait pas fait son job par ici. De la poussiĂšre, oui, mais on pourrait y vivre rapidement si on chassait les araignĂ©es et quâon y passait un temps fou en rĂ©novation, surtout du toit qui faisait plus pergola que toit.
En rentrant de sa visite, les enfants Ă©taient tout excitĂ©s et Roger compris de suite ce quâil sâĂ©tait passĂ©. « Toi, tu as Ă©tĂ© visiter la villa ! » dit-il en fronçant les sourcils. « Le ChĂąteau ! Car sâen est un, il est magnifique et tout Ă lâabandon. Pourquoi ? » demanda Manon. Elle nâeut pas de rĂ©ponse ce soir-lĂ et ils finirent leur soupe en silence. MĂȘme les petits avaient compris quâil y avait un problĂšme. Silence total, puis dodo.
Le lendemain, pendant que Roger Ă©tait aux champs, Manon alla voir Maurice pour le questionner.
Maurice, vous savez, câest le frĂšre de Roger. Je nâen ai pas beaucoup parlĂ© parce que je nâai pas eu le temps. Mais buvez, votre tisane va ĂȘtre froide.
Maurice Ă©tait vieux garçon comme on dit. Pas quâil Ă©tait vraiment vieux, quoique pour lâĂ©poque câĂ©tait pas comme aujourdâhui, mais il nâĂ©tait pas mariĂ©. Câest plus ça que cela veut dire. Son pĂšre nâayant pas eu dâautres vaches Ă vendre et Manon nâayant ni sĆur ni cousine, il nâavait personne pour lui faire sa soupe et des gosses. Mais cela lui convenait. Il travaillait bien assez aux champs, Ă son rythme, et passait du temps seul, assis dos Ă son arbre Ă regarder la vallĂ©e. On ne sait pas trop ce quâil faisait mais il souriait tout le temps, on en concluait donc que ça allait.
Maurice avait une passion pour le bois, le bois dâarbre, le vĂ©gĂ©tal. Comme le second petit cochon, il avait construit sa maison en bois. Mais en beau bois, de Roche, un village plutĂŽt loin mais qui avait une rĂ©putation dans le luxe et la qualitĂ©. Maurice Ă©tait, vous lâaurez compris, xylophile.
La Manon arriva donc devant sa porte et toqua. Elle se fit inviter Ă entrer, Ă boire une tisane et Ă sâasseoir confortablement. Comme vous, tiens. Vous ĂȘtes bien toujours ? Besoin de rien ? Je continue.
Elle questionna Maurice sur ce « chĂąteau ». Mais Maurice nâaimait pas trop cette demeure. Trop de pierres pour lui. Du carrelage, pas de plancher, des tables et des siĂšges en pierre. Certes, les ouvrants en bois Ă©taient intĂ©ressants mais il aurait fait mieux, diffĂ©rent. Pas de meubles, que des blocs de pierre les uns sur les autres⊠Pffff. Il bougonnait. Il raconta cependant Ă Manon ce que son pĂšre lui avait racontĂ© sur ce prĂ©lat qui venait faire la fĂȘte en bonne compagnie dans cette villa. « Câest quoi faire la fĂȘte ? » demanda Manon. « Câest comme quand on a mangĂ© tous ensemble aprĂšs ton mariage avant de sâoccuper des bĂȘtes » rĂ©pondit Maurice en taillant son bout de bois. « Sauf que lĂ -bas, câĂ©tait plein de femmes nues, de cris, de musique et de bouffe. On appelait ça des « orgies » disait papa. Il y Ă©tait allĂ© une fois et avait dĂ» promettre au curĂ© de ne jamais y remettre les pieds. Câest pour cela quâon y va pas trop. Depuis le bonhomme est mort sans descendance. Personne nâest venu dans ce terrain depuis que je suis ici. Câest-Ă -dire toujours. AbandonnĂ©e ! La pierre câest trop froidâŠÂ » Maurice finissait de tailler un hochet pour le dernier de Manon. Cela sentait la fin de la conversation, il avait du travail. Manon pris congĂ© et ce nouveau jouet et rentra pleine de questions. Encore plus quâĂ lâaller.
Le temps passait, Manon Ă©tait de plus en plus obsĂ©dĂ©e par le « chĂąteau ». Au bout de plusieurs mois et dâun enfant supplĂ©mentaire elle finit par rĂ©ussir Ă dĂ©cider Roger de les y installer, ou en tous cas dâenvisager des travaux de rĂ©novation dans un premier temps.
Roger prospĂ©rait. Sa ferme tournait bien, ses bestiaux lui rapportaient largement de quoi nourrir sa famille, y compris son frĂšre et quelques ouvriers voisins. Il cĂ©da devant lâinsistance de Manon, ses sourires et dâautres trucs. Il fit donc faire des travaux pour rendre le « chĂąteau » habitable. Son ainĂ© pourrait alors fonder sa famille dans la ferme et reprendre les rĂȘnes du dĂ©sormais Domaine.
La femme de Pierre, lâainĂ© donc, sâappelait Pierrette. CâĂ©tait rigolo, mais ça faisait moyen rire Maurice. Pierrette participa beaucoup avec Manon au suivi du chantier. Elles dirigeaient de main de maitre et savaient ce quâelles voulaient. « Un beau travail ! » reconnu Maurice qui sâĂ©tait fait confier la mission de faire des chaises neuves.
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