Speluncatu est une commune de Balagne, l'une des dix-neuf communes du canton de Belgodère, dans l'ancienne pieve de Tuani. Speluncatu se situe dans la Corse occidentale ancienne, dite encore « Corse cristalline », constituée pour l'essentiel de roches granitiques et séparée de la Corse orientale où dominent les schistes, par une dépression centrale, un sillon étroit constitué pour l'essentiel de terrains sédimentaires secondaires et tertiaires qui coupe l'île du nord-ouest au sud-est, depuis l'Ostriconi jusqu'au Solenzara. La commune se situe à l'ouest de cette ligne où s'élèvent les plus hauts sommets de l'île.
Son territoire se divise en deux parties :
- la partie « montagne » est adossée à la dorsale de l'île, la chaîne de montagnes parmi les plus hautes de Corse qui ceinture au nord la Balagne. Le Monte Tolu se situe sur cette ligne de crête qui sépare la vallée du Reginu de celle du Giussani ;
- la partie « plaine » occupe la partie centrale de la vallée du Reginu, une zone dépressionnaire dans la partie orientale de la Balagne, dans un secteur composé avec des sédiments quaternaires et des formations sédimentaires et métamorphiques
La vallée du Reginu est une plaine et un site classé au titre de la conservation des oiseaux. Elle abrite notamment une densité exceptionnelle de milans royaux et d'engoulevents d'Europe.
Speluncatu est situé au-dessus de la D 71, itinéraire de découverte des villages et points de vue balanins. Cette route corniche de la Balagne relie Lumio à Belgodère via une dizaine de remarquables villages faisant tous l'objet d'une cache. Depuis la D 71, deux routes permettent de rejoindre le village : la D 63 côté Ville-di-Paraso et côté Costa la D 663. Cette dernière qui traverse le village permet de rejoindre, par le col de Battaglia (1 099m), Pioggiola dans le Giussani puis Olmi Cappella et la magnifique forêt de Tartagine dans le parc naturel régional de Corse.
D'après M. Romulus CARLI, Speluncatu tire son origne du latin Spelunca, grotte, Speluncatu, lieu de grottes. En effet, les deux rochers entre lesquels ce village est assis à califourchon sont percés de nombreuses grottes, parmi les plus belles, nous citerons celles du Ranfionu, sur laquelle se dresse l'église Sainte Marie (1509) jadis collégiale insigne, primitivement dédiée à Saint Michel, les grottes dei frati (des moines), assez vastes pour abriter un troupeau de chèvres et enfin la Pietra tafonata (pierre percée), qui est la plus remarquable. Celle-ci est située sur le flanc ouest du chainon de séparation entre les cantons de Belgodere et d'Olmi-Capella, parallèlement et à 2 km de Speluncatu. Vue de loin sa double ouverture ressemble à celle d'un tunnel : chacune des 2 entrées mesure 7m de hauteur sur 6.50 de largeur, avec une longueur de 8m de l'une à l'autre. Elles sont orientées de l'Est à l'Ouest. La voute ronde parfaitement lisse a 1.50 m d'épaisseur, on y pénètre plus facilement du coté Ouest d'où le panorama est merveilleux au Nord sur la mer et la vallée du Reginu.
En 1750, Speluncatu qui comptait alors 750 habitants, était divisé en deux paroisses : celles de Sainte-Catherine et de Saint-Michel Archange. Il y avait aussi deux couvents, ceux de Speloncato (capucins) et de Tuani (Costa) (franciscains réformés), tous deux occupés par une quarante de moines au total.
Au xviie siècle les deux paroisses fusionnent en une collégiale. Au début de l'année 1750 une bulle papale expédiée de Rome, désigne le siège de la collégiale en l’église Saint-Michel, plus vaste que Sainte-Catherine. Le nouveau titre de Santa-Maria Assunta (l’Assomption Nostra Signora Assonta al Cielo) remplaça celui de Saint-Michel.
La collégiale Santa-Maria Assunta de Speloncato (Notre-Dame de l'Assomption) est une très vieille église. À l'origine romane, elle date de 1509 (1509 est gravé sur le linteau en pierre du maître Pizino). Démolition dès 1750-1760 de l'oratoire Santa Croce sur son côté droit pour l'ajout de deux collatéraux et d'autres autels latéraux, chœur baroque en 1755, clocher en 1913. Elle a été promue collégiale insigne par le pape Benoit XIV le 6 décembre 1749, confirmé par le pape Clément XIII le 6 mai 1766. Elle a été restaurée en 1970 et renferme des œuvres remarquables, toutes propriété de la commune :
- un orgue historique (1810) du facteur d'orgue Giovanni Crudeli, et de sa tribune (1821) signée Anton Giuseppe Saladini né à Speloncato, restaurée en 1991 par Antoine Massoni ;
- un tableau "Dernière communion d'un Saint Roi", peinture sur toile du xviie siècle - auteur inconnu, provenant de la collection du cardinal Fesch, classé MH ;
- une statue de Saint Antoine en bois peint du xie siècle, protégée depuis le 9 février 1995 et classée MH ;
- un reliquaire en bois taillé, marqueté et ciré, protégés depuis le 9 février 1995 et classé MH.
Dans l'ancienne église Saint-Michel aujourd'hui nommée Santa Maria Assunta, se trouvent d'autres œuvres remarquables :
- un tabernacle en bois marqueté du xviiie siècle classé MH ;
- un ostensoir-soleil en argent doré des xviiie et xixe siècles classé MH ;
- un dalmatique du cardinal Savelli du xixe siècle classé MH ;
- deux chasubles du cardinal Savelli du xixe siècle classés MH ;
- un calice du cardinal Savelli du xixe siècle classé MH ;
- un reliquaire-monstrance dit de saint Antoine du xviiie siècle classé MH ;
- un reliquaire-monstrance de saint Roch du xviiie siècle classé MH ;
S'y trouve enfin, la châsse des reliques de San Vittoriu, martyr de la fin du iiie siècle.
L'édifice religieux revêt sur sa façade avant une plaque : piazza santa Croce (place sainte Croix) et sur sa façade orientale (chevet) oratoriu santa Croce (oratoire Santa Croce), siège de la confrérie éponyme.
La chapelle de confrérie recèle trois œuvres classées :
- un chemin de croix daté de 1746 et signé Nicolaus Filippi ;
- le maître-autel en bois doré du xviie siècle ;
- meuble de sacristie (buffet) du xviie siècle.
L’ancienne église piévane Santa Catalina (Sainte-Catherine) du xie siècle trône sur la place du village, devant une fontaine datant de 1879. Elle abrite aujourd'hui la confrérie Saint-Antoine-Abbé (Sant'Antone Abbate) et la mairie.
Elle renferme un autel classé Monument Historique, un tabernacle du xviiie siècle et son reliquaire en argent sur bois saint Roch (classé).
L’ancien couvent de Speloncatu est situé à proximité du cimetière. Ce furent les capucins qui établis en Corse en 1540, le construisirent en 1621 en pierre et en chaux.
Tombé en ruines, le couvent de Speloncato est aujourd'hui restauré et aménagé en habitation.
Il était célèbre à cause des eaux de Carignelli excellentes pour soigner les maux de calculs. Une des sources était captée et alimentait en eau le couvent.
Note importante pour l'évent Pascal Paoli : Romulus Carli (Speloncato 1830-1909) a écrit sur l’arrivée des cendres de Pascal Paoli à L’Isula Rossa.
La cache "hommage à Dédé Padovani de Speloncatu" complète l'itinéraire de découverte des villages et points de vue balanins. Elle est dédiée à la mémoire de mon ami André, décédé le 28 décembre 2020 à l'âge de 68 ans, terrassé par une maladie foudroyante. Il habitait au village, à quelques pas de la cache. Celle-ci est dissimulée sous un rocher et derrière une pierre rapportée à proximité immédiate de la table d'orientation du belvédère. Elle contient une boîte plutôt petite avec logbook et crayon. Elle peut recevoir un tractable.
Vous qui regardez le panorama, sachez que Dédé, enfant du village, l'a admiré depuis son plus jeune âge. De la table d'orientation vous avez une vue exceptionnelle qui s'étend bien au delà du Cap Corse vers le continent et la chaîne des Alpes. Ouvrez grandes vos narines et sentez le maquis Corse, l'odeur des cistes, des immortelles ou celle de cumin de l'herba barona, ce thym corse que mon ami m'a fait découvrir à la bocca di Battaglia.
Speloncatu est l'un des plus beaux villages corses. Mais il ne se révèle qu'à ceux qui font l'effort de le découvrir. Alors bonne visite !
Ptitloups.