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LA POMME DE PIN, UN SYMBOLE TRANSCENDANT
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Sur les 400 000 hectares de forĂȘts de pins qui se dressent dans le monde, plus de 150 000 se trouvent dans la rĂ©gion de Doñana.
Dans la nomination des aspects biologiques de lâĂȘtre humain, la science, la poĂ©sie et la mystique sâentremĂȘlent, comme lâeau salĂ©e et lâeau douce dans les deltas. Et câest ainsi le cas de la pomme de pin, qui dĂ©signe la glande pinĂ©ale et couronne la tĂȘte des dieux et des saints, tels que Bouddha ou Saint-Jude ThaddĂ©e.
Fernando Sotuela Ă©tudie quelques-unes des connotations symboliques, profondes et mystĂ©rieuses prises en compte par les artistes qui lâont reprĂ©sentĂ©e dans leurs Ćuvres Ă travers lâhistoire pour dĂ©signer les connaissances essentielles de lâun des aspects importants de notre processus.
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La pomme de pin, un symbole transcendant
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Depuis des temps si lointains quâils sont inaccessibles Ă la mĂ©moire de lâhomme Ă moins quâil ne plonge dans les profondeurs de son inconscient, a surgi un symbole transcendant dont le sens profond est restĂ© Ă moitiĂ© cachĂ© pendant des millĂ©naires, un sens que ne connurent, au cours de lâhistoire, que quelques privilĂ©giĂ©s sous le sceau de lâinitiation ou des sociĂ©tĂ©s secrĂštes. Pour les autres mortels, il reprĂ©senta un simple signe, plus ou moins exotique, soit de pouvoir, soit de justice, dâamour, ou de concorde.
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Mais aujourdâhui, en cette pĂ©riode de crise dĂ©mesurĂ©e, nous assistons, avec le lent dĂ©clin de lâĂšre des Poissons, Ă la mort dâun long cycle qui dure dĂ©jĂ depuis plus de douze mille ans, depuis lâĂšre de Leo, et Ă la naissance dâun nouveau cycle de douze autres mille annĂ©es, qui commence Ă pointer avec le soleil levant dans la constellation du Verseau. Ce temps, reprĂ©sentĂ© par un « porteur dâeau » qui verse de lâeau, en lâaĂ©rant, dâun rĂ©cipient Ă un autre, signifie que la mĂ©moire de lâhumanitĂ© â lâeau â doit ĂȘtre libĂ©rĂ©e de sa prison temporelle et revitalisĂ©e par les mĂ©moires du non-temps, par les mĂ©moires qui ont palpitĂ© dans lâĂ©tat de songe. Cela veut donc dire que tout ce qui a Ă©tĂ© cachĂ©, discrĂštement ou secrĂštement, dans la conscience ou dans les rĂȘves, doit revenir Ă la lumiĂšre, doit, petit Ă petit, se dĂ©voiler. Et il ne pourrait en ĂȘtre autrement.
Le symbole auquel nous faisons rĂ©fĂ©rence est ce fruit familier â mĂ©prisĂ© jusquâil y a peu du point de vue de la nutrition â que nous donne lâarbre le plus commun et le plus bondant de la rĂ©gion magique de Doñana : la pomme de pin, fruit du pin parasol ou pin pignon.
Dans toutes les religions et les cultures, il existe des reprĂ©sentations de la pomme de pin comme un Ă©lĂ©ment Ă travers lequel on peut parvenir Ă une vision du ciel. Dans la culture sumĂ©rienne et dans ses dieux, dans la culture Ă©gyptienne, dans le bouddhisme, dans lâhindouisme, dans la religion chrĂ©tienneâŠ
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Sinon, que le lecteur se demande pourquoi apparaĂźt, dans lâune des cours les plus emblĂ©matiques du Vatican, une reprĂ©sentation colossale en bronze dâune pomme de pin de plus de quatre mĂštres de haut, qui sâappuie sur un chapiteau de IIIe siĂšcle montrant le couronnement dâun athlĂšte victorieux. Ou pourquoi les dieux ailĂ©s ou gĂ©nies sumĂ©riens tenaient une pomme de pin dans la main ; pourquoi les bouddhas Ă©clairĂ©s ont une coiffure en forme de pomme de pin, qui apparaĂźt Ă©galement sous forme de flamme sur la tĂȘte de Saint-Jude ThaddĂ©e ; pourquoi lâenfant de la Vierge noire de Montserrat a un pomme de pin dans la main, et, enfin, pourquoi le sceptre dâOsiris est un bĂąton, flanquĂ© de deux serpents, dont la pointe est surmontĂ©e dâune pomme de pin. Et nous pourrions donner des dizaines dâautres exemples car on en trouve partout. La raison, mĂȘme si elle est restĂ©e cachĂ©e jusquâil y a peu, en est trĂšs simple : la pomme de pin est le symbole de la glande pinĂ©ale dont elle inspire le nom, un symbole trĂšs ancien de nature sacrĂ©e â comme nous le disions au dĂ©but.
Descartes, reprĂ©sentant de lâĂąge de la raison, appelĂ© Ă tort siĂšcle des LumiĂšres, a affirmĂ© que la glande pinĂ©ale Ă©tait le siĂšge de lâĂąme, mais il nia en mĂȘme temps lâexistence de lâĂąme, lorsquâil conclut : « Je pense, donc je suis », attribuant Ă la raison, gĂ©nĂ©ratrice de la pensĂ©e dĂ©ductive, duelle, la totalitĂ© de lâhomme. Il a ainsi laissĂ© de cĂŽtĂ© certains aspects essentiels qui Ă©chappent Ă lâanalyse rationnelle et dĂ©concertent les scientifiques lorsquâils dĂ©couvrent dans leurs expĂ©riences avec les ĂȘtres humains des capacitĂ©s inexpliquĂ©es, qualifiĂ©es dâextrasensorielles, autrement dit transcendant les sens rĂ©gis et circonscrits par le cerveau logique.
Les moines tibĂ©tains affirmaient â et ils lâaffirment toujours â quâil existe chez lâhomme un troisiĂšme Ćil, situĂ© au centre du cerveau Ă hauteur des yeux, responsable de la clairvoyance et de lâintuition et qui aurait Ă©tĂ© atrophiĂ© au fil du temps, pour permettre peut-ĂȘtre le dĂ©veloppement de la conscience et Ă partir de celle-ci, lâeffort Ă©volutif qui cristallise dans lâunion de toutes les potentialitĂ©s que sommeillent en chaque ĂȘtre humain.
Le troisiĂšme Ćil est associĂ© aujourdâhui Ă la glande pinĂ©ale et il est intĂ©ressant de noter la similitude anatomique entre cette glande et lâendroit oĂč elle se loge et les dessins schĂ©matiques reprĂ©sentant, en Ăgypte, lâĆil dâHorus.
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Câest une petite glande qui mesure Ă peine plus de 5 mm, un peu plus grosse quâun petit pois, mais qui contient dans sa structure des capacitĂ©s et des potentialitĂ©s aussi surprenantes que mystĂ©rieuses. Nous pourrions les qualifier de mystĂ©riques ou mystiques, Ă en juger par certaines de ses caractĂ©ristiques et certains de ses effets biochimiques et, surtout, par lâendroit quâelle a toujours occupĂ© dans lâiconographie des religions, et mĂȘme des sociĂ©tĂ©s secrĂštes. Jusquâil y a peu, la science la considĂ©rait comme un simple rĂ©sidu de phases Ă©volutives antĂ©rieures sans guĂšre dâutilitĂ© aujourdâhui. Loin de lĂ , les connaissances scientifiques modernes soulignent, parmi diverses fonctions cellulaires complexes, neuroendocriniennes et neurophysiologiques, celle de rĂ©guler les cycles de veille/sommeil, Ă©troitement liĂ©s Ă la prĂ©sence de la lumiĂšre. En effet, lorsque lâobscuritĂ© rĂšgne autour de nous, cette glande sĂ©crĂšte la mĂ©latonine, une hormone qui, entre autres choses, affecte la montĂ©e et la descente des ondes alpha et bĂȘta, ce qui, non seulement ouvre ou ferme les portes du sommeil et de lâĂ©veil, mais permet Ă©galement des Ă©tats de conscience gĂ©nĂ©ralement associĂ©s Ă la mĂ©ditation ou la priĂšre.
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Il y a donc un aspect liĂ© au spirituel, ou au multidimensionnel, quâa rĂ©ussi Ă mettre aujourdâhui Ă la mode lâĂ©tude de la glande pinĂ©ale. Les doctrines Ă©sotĂ©riques dâOrient proclament depuis des millĂ©naires que la pinĂ©ale est une glande qui permet de gĂ©rer des Ă©tats altĂ©rĂ©s de conscience, faisant office de pont, dâune certaine façon, de sorte que son activation par certaines techniques dâentraĂźnement conduit Ă une union du monde phĂ©nomĂ©nal et des Ă©tats de conscience supĂ©rieurs. On pense que les mĂ©thodes dâentraĂźnement des yogis engendrent une sĂ©crĂ©tion Ă©levĂ©e de DMT dans la glande pinĂ©ale.
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Quâest-ce que le DMT ? Il peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme le responsable biochimique des expĂ©riences mystiques. Dans le contexte chamanique, il est utilisĂ© avec une certaine frĂ©quence Ă travers lâingestion dâayahuasca. Le DMT (dimĂ©thyltryptamine) est lâun des psychĂ©dĂ©liques / hallucinogĂšnes les plus puissants et il est prĂ©sent dans la nature de maniĂšre plus ou moins concentrĂ©e, aussi bien dans les espĂšces animales que vĂ©gĂ©tales. Il sâagit, par consĂ©quent, dâune substance de caractĂšre endogĂšne, qui se trouve Ă©galement chez lâhomme, et lâon soupçonne que la glande pinĂ©ale est responsable de sa synthĂšse.
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Dans le cadre de ces idĂ©es, on peut sĂ©rieusement se demander sâil nây a pas des raisons plus profondes â mĂȘme si elles ne sont pas conscientes â du fait quâen Andalousie occidentale, en particulier dans les provinces de Huelva et SĂ©ville, dans la rĂ©gion de Doñana, on ait repeuplĂ©, depuis au moins trois siĂšcles, de vastes territoires avec dâimmenses forĂȘts de Pinus pinea (pin pignon). Quelle est la vraie raison, la raison profonde ? Est-ce le bĂ©nĂ©fice du bois ? En son temps, la production de charbon de bois ? Est-ce pour la valeur de ses fruits secs, les pignons ? Pour une raison ornementale dans des endroits sablonneux et dĂ©serts et pour sa rĂ©sistance aux climats dĂ©favorables ? Pour son rĂŽle de rĂ©gĂ©nĂ©rateur Ă©cologique aprĂšs avoir Ă©liminĂ© les eucalyptus ? Peut-ĂȘtre toutes ces raisons et quelques autres de moindre importance constituent-elles, toutes ensemble, la motivation superficielle de cet effort presque surhumain de reboisement, surtout que lâon nâest pas sĂ»r que cet arbre soit vraiment autochtone.
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On estime quâil y a, dans le monde entier, environ 400 000 hectares de forĂȘts de Pinus pinea dont 150 000 Ă Doñana, en ces anciennes terres tartessiennes. Presque la moitiĂ©Â ! Cela nous laisse perplexes. Les pĂšlerins de Doñana, traversant ces forĂȘts de pins pendant les jours de la cĂ©lĂ©bration fervente de leur Vierge del RocĂo, doivent avoir de nombreuses rencontres, visuelles, tactiles, sensorielles, consciemment ou inconsciemment, ou tout simplement une proximitĂ© invoquĂ©e et conservĂ©e en mĂ©moire, avec ce fruit qui, tombĂ© des arbres, se trouve par dizaines au bord des chemins. Par cette rencontre, le pĂšlerin, gĂ©nĂ©ralement de maniĂšre inconsciente, renouvelle la perception des matrices de la naissance et de la crĂ©ation de la nature, de lâUnivers mĂȘme, en entrant en contact avec la pomme de pin et ses proportions dorĂ©es.
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Le mystĂšre entourant la Vierge del RocĂo doit ĂȘtre Ă©troitement liĂ© â cela va de soi, croyons-nous â Ă lâactivation de cette glande, qui ressemble trĂšs fort Ă une pomme de pin, de sorte quâelle conduit le pĂšlerin, par des moyens encore Ă dĂ©couvrir â et parmi lesquels se trouve cette eau « tombĂ©e du ciel » quâon appelle la rosĂ©e (rocĂo en espagnol) â, Ă des perceptions, intemporelles et mystiques liĂ©es aux visions non-conceptuelles qui se produisent dans la rĂȘverie.
Y a-t-il à Doñana une Vierge de la Pomme de pin ? Oui, bien sûr.
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Son image Ă©tait originellement documentĂ©e conjointement Ă la Vierge de la Grenade et Ă la Vierge de BethlĂ©em, dans le temple disparu du village Ă©galement disparu de Quemas, entre AznalcĂĄzar, Pilas et Villamanrique. Depuis le dĂ©peuplement du village de Quemas (il faudrait peut-ĂȘtre un jour parler des dĂ©peuplements de Doñana â populatio : dĂ©vastation, ravage, disaient les Romains), les images qui se trouvaient dans le village ont Ă©tĂ© rĂ©parties entre les trois villes les plus proches : Ă Villamanrique correspondit la Vierge de la Grenade, Ă Pilas la Vierge de BethlĂ©em et Ă AznalcĂĄzar celle de la pomme de pin. Malheureusement, celle de la pomme de pin, qui se conservait dans lâĂ©glise de San Pablo, a brĂ»lĂ© en 1932, au cours dâun incendie.
Nous conclurons ce bref parcours sur la pomme de pin comme reflet et symbole de la glande pinĂ©ale, en rappelant une dĂ©couverte surprenante, faite il y a plus dâun siĂšcle, et qui Ă©tait peut-ĂȘtre chose connue depuis bien avant : dans la pinĂ©ale se trouve des particules calcaires, dont la fonction est inconnue, mais qui sont absentes chez les personnes souffrant de handicaps mentaux ou atteintes du syndrome de Down. Et la science actuelle a prouvĂ© que ces personnes avec des anomalies chromosomiques dĂ©veloppent rarement le cancer. Ces personnes Ă qui lâon permet rarement de naĂźtre seraient-elles la clĂ© dâun vaccin contre le cancer ?
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