Le cimetière communal de la petite ville de Chambry, au nord de Meaux, fut le siège d’un épisode majeur de la bataille de la Marne.
Le mur d’enceinte du cimetière offre, lors des affrontement de cette première semaine de septembre 1914, une protection pour les soldats contre les tirs ennemis.
Les allemands s’y retranchent en premier, et creusent des meurtrières dans les murs (encore visibles aujourd’hui) afin de se prémunir face aux attaques françaises. Cette position en altitude vis-à-vis de la plaine briarde était en effet stratégique pour les deux armées. Les allemands s’installèrent donc entre les sépultures, à l’abri de ces murs solides. Il était ainsi plus facile de repousser les français, en provenance du village de Barcy, plus au nord.
Cependant, le 6 septembre, à partir de 10h00, le 1er régiment de tirailleurs marocains tente d’enlever le cimetière où les troupes allemandes se sont repliées. Toutefois, l’attaque, d’une violence inouïe, échoue en raison de l’intensité de la couverture d’artillerie allemande.
Dans l’après midi, les tirailleurs investissent finalement le cimetière, mais, menacés d’encerclement, ils doivent se replier à Penchard dans la soirée.
Le 7 septembre, autour de 16h00, et après plusieurs attaques, les Zouaves venus renforcer les troupes marocaines très éprouvées, prennent finalement possession du village de Chambry. Ils se réfugient dans le cimetière en soirée afin de parer un éventuel assaut allemand.
Le 8 septembre en début d’après midi, l’artillerie allemande prend à parti les Zouaves présents dans le village et les prive de tout renfort ou ravitaillement. Les soldats combattent sous un déluge de fer, au milieu des tombes éventrées, cherchant refuge derrière les solides murs qui constituent l’enceinte du cimetière.
Témoin et acteur de ces affrontements d’une rare violence, la brigade marocaine sera particulièrement touchée par la bataille de la Marne. Le 22 septembre, au lendemain de la bataille, ses effectifs s’élèvent à 700 soldats et officiers sur les 4400 hommes qu’elle comptait avant le début des affrontements.
Ces chiffres dépeignent à la fois la violence extrême des combats mais également le choix du commandement français d’envoyer les troupes coloniales en première ligne, en misant sur leur seule bravoure et leur esprit de sacrifice, sans leur accorder le moindre soutien d’artillerie face aux troupes allemandes.
