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Le chateau
Au XIĂšme siĂšcle, les deux grandes puissances qui se partageaient le territoire de Saint-Prest Ă©taient le Chapitre de Notre-Dame de Chartres et lâabbaye de Saint-PĂšre, possesseurs lâun et lâautre de nombreux moulins.
A cÎté de ces fiefs ecclésiastiques, venait en troisiÚme lieu le seigneur de Saint-Prest dont les propriétés immédiates étaient trÚs restreintes, mais qui recevait les cens de presque tout le territoire de la paroisse. La seigneurie de Saint-Prest relevait directement en plein fief du comté de Chartres, elle avait droit de justice haute, moyenne et basse.
La seigneurie de Saint-Prest comprenait en domaine, le parc et les terres de la ferme, situĂ©s du cĂŽtĂ© dâOisĂšme jusquâĂ la limite actuelle de la commune de Saint-Prest de lĂ , la limite de la seigneurie sâĂ©tendait un peu au-delĂ du chemin Saint-ChĂ©ron et rejoignait le haut de la cĂŽte de la Villette, au chemin dâEpernon puis passait derriĂšre les bois des GĂątelles pour suivre le bras de la riviĂšre de Saint-Thomas (Roguenette), quâelle quittait pour englober les prĂ©s de Bellanger, le moulin de la Villette qui fit toujours partie du domaine de Saint-Prest et sâarrĂȘtait le long du cours de lâEure un peu avant le moulin du plateau, pour revenir Ă la Pierre PercĂ©e et suivre ensuite le chemin dâOisĂšme le long du parc.
A partir du XIIĂšme siĂšcle, des actes (archives dĂ©partementales dâEure-et-Loir) attestent des nombreuses successions dans les noms de famille des seigneurs fĂ©odaux de Saint-Prest.
Le dernier seigneur de Saint-Prest, Messire Nicolas-Hyacinthe de Montvalat, comte dâAntragues, Ă©tait issu dâune famille originaire dâAuvergne. Capitaine des chevau-lĂ©gers dâAnjou et brigadier des armĂ©es du Roi, il Ă©pousa le 26 septembre 1739 Louise-Olive-FĂ©licitĂ©-Bernard de Coubert et meurt au chĂąteau le 19 septembre 1771.
La comtesse dâAntragues demeura Ă Saint-Prest jusquâĂ la RĂ©volution ; dĂšs son dĂ©but, les esprits de cette contrĂ©e, excitĂ©s par les idĂ©es nouvelles, se portĂšrent Ă des excĂšs contre les seigneurs du lieu : les papiers de la seigneurie furent brĂ»lĂ©s en feu de joie sur la place du village de Saint-Prest ; heureusement une partie des titres les plus prĂ©cieux fut dĂ©tournĂ©e. Ils furent dĂ©posĂ©s aux archives dĂ©partementales, aprĂšs la tourmente rĂ©volutionnaire.
Mais les parchemins ne furent pas seuls Ă Ă©prouver les fureurs du peuple ; les arbres du parc furent mis en coupe par tous les artisans du pays, les pierres qui revĂȘtaient les terrasses et les canaux, dont la plupart Ă©taient murĂ©s avec bordures de pierres de taille, provenant des carriĂšres de BerchĂšres, furent arrachĂ©es et employĂ©es dans les constructions particuliĂšres.
Mme dâAntragues, saisie de frayeur quand on venait lui demander de nouveaux subsides, ou des provisions de toute nature, quâelle ne pouvait fournir, se faisait descendre pendant ces mauvais jours au fond dâune marniĂšre, dont les bords escarpĂ©s devaient la dĂ©rober aux yeux des rĂ©volutionnaires.
Ce trou, en partie comblĂ© maintenant, existe encore au milieu du parc, et est connu sous le nom de « trou Ă Capuche », nom que lui donnĂšrent les habitants de Saint-Prest, par dĂ©rision pour Mme dâAntragues, qui se couvrait la tĂȘte dâune mante, pour se dissimuler et Ă©chapper aux vexations dont elle Ă©tait menacĂ©e.
La comtesse dâAntragues ne put rĂ©sister Ă toutes ces infortunes, elle mourut en son chĂąteau de Saint-Prest les premiers jours de mars 1791.
Extrait de « Saint-Prest et ses seigneuries avant la Révolution » de Maurice de Mianville
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