Je vous propose de poursuivre la découverte du quartier des Quinze...
C'est donc grace au journal de quartier que j'ai découvert l'histoire de cette rue.
La rue Bautain, qui relie la rue d'Ypres à la rue du Conseil des Quinze,évoque la mémoire d'un prêtre et philosophe, Louis Bautain (1796 - 1867), qui a exercé une grande influence à Strasbourg dans les années 1820 et 1830.
Né à Paris, il entame une carrière brillante et précoce. Agrégé de philosophie en 1816, il est nommé au collège royal de Strasbourg, puis un an plus tard il devient professeur à la faculté de Lettres.
Il obtient un grand succès auprès des étudiants et de nombreux bourgeois cultivés. Mais à deux reprises, ses cours sont suspendus par le Grand maître de l'université(ministre), car on lui reproche de saper les fondements des croyances religieuses et morales, en niant la puissance de la Raison. Depuis sa rencontre avec Louise Humann, sœur du futur ministre Jean-Georges H., il se rapproche de l’Église. En 1928, l'évêque l'ordonne prêtre et lui confie la direction du petit Séminaire Saint-Louis à Strasbourg.
Il continue en même temps jusqu'en 1841 ses cours à la faculté dont il devient le doyen en 1838.
Cependant, avec ses amis, il est bientôt jalousé par une partie du clergé alsacien qui reproche aux "Messieurs de Saint-Louis" leur mise soignée, leur air de fierté et leur enseignement au sujet de la Raison. En outre, philosophe germanisant, il introduit Kant et la pensée allemande, ce qui inquiète la hiérarchie. l'évêque de Tréven prend finalement parti en faveur des adversaires de la Raison et enlève à Bautain la direction du petit séminaire. En 1838, une commission de huit membres relève ses erreur. Mais le pape Grégoire XVI qui le reçoit refuse de le condamner.
Découragé par un environnement de plus en plus hostile, Bautain préfère en 1841, quitter Strasbourg avec ses amis pour fonder un collège à Juilly, près de Paris. Par la suite, il devient vicaire général de Paris, puis professeur de théologie morale à la Sorbonne. Il a laissé une œuvre importante et contribué pendant deux décennies à animer les débats philosophiques et théologiques à Strasbourg,mais il n'a pas su s'adapter à la mentalité du catholicisme alsacien.
Source : chronique historique de Bernard VOGLER