Le domaine (7 ha) et son château furent achetés en 1854 par César Louis Guérin (1810-1871). Un homme célèbre sur Lyon puisqu’il était banquier, soyeux, administrateur des Hospices de 1851 à 1861, fondateur de l’Ecole de Commerce de Lyon, Président de la chambre de commerce de Lyon de 1869 à 1871, Président du Golf Club de Lyon. Ses ancêtres étaient aussi banquiers et soyeux de père en fils, depuis les débuts du XVIIème siècle. Une rue de Villeurbanne qui se prolonge un peu sur Lyon porte son nom, près du parc de la Tête d’Or.
Il s’impliqua aussi dans la vie municipale. Il fut conseiller municipal lyonnais à partir de 1852. En tant que banquier, il fut administrateur de la succursale de la Banque de France à Lyon, mais aussi banquier de l’œuvre de la Propagation de la Foi, chère à Pauline Jaricot. Il s’intéressait à tout et n’hésitait pas à gérer beaucoup d’œuvres. Comme l’institut des sourds et muets de Lyon. Il fut aussi l’un des co-fondateurs de l’école centrale lyonnaise.
Catholique, il est membre de la Congrégation des Messieurs de Lyon, de la Confrérie et de la commission de Fourvière (à l’origine de la construction de la Basilique).
Tous ces engagements lui vaudront de devenir chevalier de la Légion d’honneur (distinction donnée par l’état français), mais aussi commandeur de l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand (distinction accordée par l’état du Vatican).
Si l’on en revient au château de Sérézin, ce dernier existait depuis 4 siècles. On y trouve plusieurs styles successifs (à travers les constructions, la vaisselle, les meubles…): Renaissance, Louis XIII, Louis XIV, Louis XV. Certains de ses murs sont couverts de tapisseries d’Aubusson.
M.Guérin confia l’aménagement du parc aux paysagistes réputés que sont Morel et Lavenir. Ils imagineront et réaliseront une grotte, une fontaine, un étang et une cascade alimentant ce dernier.
Toute la haute société de la région venait profiter de ce parc, notamment en hiver pour faire du patinage sur glace. Aimant la botanique, M.Guérin fera venir des arbres exotiques du Japon, mais aussi des orangers et des citronniers.
En 1858, la ligne ferroviaire entre Lyon et Bourgoin est inaugurée. Mais pour cela, il a fallu traverser les nombreuses possessions aux alentours de M.Guérin.
Habitué aux négociations en affaires, il obtiendra de la compagnie PLM, en échange de ses nombreux terrains, que la gare soit construite entre sa propriété et le village, d’où la position un peu excentrée du bâtiment (voir cache GC5H1PD – La gare du PLM).. D’autre part, il obtint que les trains fassent des arrêts exceptionnels pour les grandes fêtes du château, afin que ses invités (parfois plusieurs centaines) puissent emprunter ce nouveau mode de transport ! Cette clause dura 100 ans. Ce que la SNCF, un siècle plus tard, s’empressa de supprimer.
Autre activité prisée de la famille Guérin : la chasse à cours, avec une meute de 18 chiens. Les cavaliers partaient du château. Suivis des piqueurs et des amazones. Les femmes préféraient alors les « drag ». Mais pas au sens actuel ! Le drag est un sport, d’origine anglaise. Organisé sous la forme d’une course simulant une chasse à courre. La bête est simulée par un cavalier qui tire un objet quelconque.
Les femmes prenaient alors place dans un mail-coach pour suivre la course en direct et voir les cavaliers de près et en direct approcher du plus près la « bête ».
Enfin, l’année 1870 fut éprouvante pour la famille Guérin qui avait 9 enfants. Fin du 2nd empire, mais aussi guerre contre la Prusse. Deux des enfants, Ferdinand et Charles, sont mobilisés. Ils écrivent souvent. Ils se plaignent du froid, de la maladie. Leur père qui maintient une correspondance régulière, fait le vœu d’édifier une chapelle dans son parc si ses enfants reviennent vivants. Ce qui fut le cas. Louis Guérin tenu sa promesse, juste avant de mourir.
Vous pouvez apercevoir cette chapelle, derrière le château, en vous plaçant au point R0. L’héritage de Monsieur Guérin fut repris par ses fils et son épouse, à travers la banque Veuve Guérin qui perdurera jusqu’en 1931, soient plus de deux siècles après sa fondation !...
De nos jours, le château et ses dépendances ont servi de maisons aux frères Maristes. Mais aujourd’hui sont utilisés comme maison de retraite (EPHAD), avec une unité spécialisée pour la maladie d’Alzheimer. Plusieurs bâtiments annexes ont été construits pour accueillir les résidents et profiter du parc. Un hara est établi aussi ici. Pour la voie de chemin de fer, elle a seulement une trentaine d’années, et a été construite pour desservir la zone industrielle de Luzais. Tôt le matin, on peut voir un convoi qui fait l’aller-retour, en partance de la gare de St Quentin Fallavier. Petit clin d’œil à M.Guérin qui serait à la fois chagrin de voir que son domaine a été envahi par l’autoroute, le passage des avions, les usines et centres de logistiques de toutes sortes.
Mais qui se consolerait en voyant que le cœur même du parc, avec son beau portail, son château, sa rivière (l’étang a été supprimé, on n’en voit plus que les contours) et sa chapelle ont été conservés, offrant le repos et le calme aux retraités fatigués. Peut-être revendiquerait il le droit de monter dans une voiture de train 1ère classe devant l’entrée de son parc comme au bon vieux temps ?
Pour trouver la cache, se garer en P0, non loin de l’ancien portail majestueux de l’entrée du domaine. Pas de stylo dans la cache. Le domaine et le château sont privés. Ils ne se visitent pas.