LA MOBILISATION
« La mobilisation n’est pas la guerre » Georges CLEMENCEAU
Aux premiers jours du mois d’août, ce sont environ 3 500 000 français et 4 000 000 d’allemands qui sont mobilisés. Presque toute la population masculine adulte se retrouve sous les drapeaux. Ne pensant pas subir le feu, la mobilisation en France concerne les unités d’active composées des hommes en train de faire leur service militaire et les plus jeunes des réservistes, soit des hommes de 21 à 30 ans.
La mobilisation est annoncée le 1er août 1914 vers 16heures (pour commencer à minuit) en France et 17 heures en Allemagne. L’annonce sera plus étirée dans le temps à cause des situations géographiques, civiles, militaires. Paris télégraphie l’ordre de mobilisation aux préfectures, puis les communes informent la population par le biais des maires, des gendarmes ou des gardes-champêtres, oralement et en placardant des affiches.
La population étant principalement rurale et dispersée dans les champs en cette période de moisson, les autorités communales délivrent un message sonore et font sonner le tocsin aux cloches des églises. Ce tintement a été durant le XIXème siècle la sonnerie de l’émeute et de la violence collective. L’appel du tambour redouble celui de la cloche et appelle à écouter les annonces publiques lues sur la place du village. Cette excitation peu habituelle commence à confirmer les rumeurs sur les tensions diplomatiques de l’été, qui irriguent les villes et campagnes, agitant le spectre de la guerre.
Dans son foyer, chaque homme consulte son livret militaire dans lequel il trouve les indications à suivre en cas de mobilisation. Ensuite les rassemblements sont organisés pour faire rejoindre les intéressés à la date demandée, vers le lieu de stationnement de leur régiment. Une fois toutes les unités, d’actives et de réserves, complètes, l’état-major les déploies vers leur zone de concentration, point de départ des lieux d’opérations. L’envoi vers ces zones a mobilisé 16 500 trains entre le 1er et le 20 août ainsi que les lignes maritimes pour faire venir en France 38 000 hommes et 6 800 chevaux venant d’Afrique.
Malgré l’émotion et la tristesse de la séparation, les français manifestent une attitude de pleine de sang-froid. Dans la résignation, entre la consternation et l’enthousiasme, ils ont le sentiment du devoir à accomplir dans l’obéissance de la loi. En partance pour des zones inconnues de tous, la plupart se persuadent que le conflit, s’il éclate, sera court.
A la mi-août, l’armée française est prête et se lance dans ses premières grandes offensives. A la fin du mois, plusieurs dizaines de jeunes français ont déjà trouvé la mort.
