Les Rochers de Faverges
Près d’un petit étang, 150 m à l’Est du sommet du Grand Salève, une butte rocheuse dénommée Rochers de Faverges, se dresse au milieu d’un bouquet de conifères. Elle est formée de roches détritiques composées de grains de quartz millimétriques et appelées grès sidérolithiques car elles sont parfois riches en oxydes de fer (d’où leur couleur rouge de temps à autre). Ces roches se sont déposées, il y a une quarantaine de millions d’années, dans des fissures et des cavités creusées dans un plateau calcaire légèrement bombé, à l’emplacement du futur Salève, alors que le climat était tropical à désertique. Elles affleurent en plusieurs points. Le grès pur et blanc fut employé pour l’industrie du verre. Ainsi des carrières, notamment celle ouverte entre Cruseilles et Vovray-en-Bornes, ont alimenté les verreries de Saint-Prex (Vaud, Suisse) entre 1946 et 1960. Au Salève, près d’une vingtaine d’amas de scories, parfois de plusieurs centaines de tonnes, témoignent de la présence d’ateliers où le métal était produit dans des bas fourneaux au Moyen-Âge à partir du fer contenu dans les grès sidérolithiques. L’exploitation du minerai de fer du Salève commence au 5ème et 6ème siècles, sous la domination burgonde, puis franque, et après une interruption reprend au 12ème et 13ème siècles sous la direction des chartreux ; on ne peut pas exclure des exploitations à l’époque romaine ou à l’âge du Fer. Les rochers de Faverges correspondent vraisemblablement à une ancienne minière, un vestige de l’extraction à ciel ouvert. Ce nom dérive du latin « fabrica » qui désigne l’atelier du travail du métal. Textes : Jean Charollais (Université de Genève) et Danielle Decrouez (Muséum de Genève)