Venant de Givors, à l'entrée de Vernaison, les automobilistes aperçoivent un édifice étrange à gauche de la route. Beaucoup se sont certainement demandés quelles en étaient l'origine et l'utilité.
La réponse se trouve dans les ouvrages du père Louis Vignon : Annales d’un village de France Charly-Vernaison en Lyonnais, éd. 1978-1993.
Dans le tome 2 il est beaucoup question du domaine de Cornevent, et notamment des propriétaires qui s’y sont succédés. Le 2 août 1655, Monsieur Constant de Silvecane, conseiller royal et prévôt des marchands de Lyon, acquiert le domaine de Cornevent à Vernaison. Monsieur Constant de Silvecane y fait alors construire sa nouvelle maison bourgeoise, délaissant l’ancienne habitation datant de 1597, puis fait aménager, vers l’année 1669, « une avant-cour où sont les jardins potagers élevés en terrasses en forme d’amphithéâtre, avec des murs de soutènement, une allée pentive, un perron à deux rampes, une grotte dans laquelle est une fontaine, et un petit pavillon couvert en tuiles vernies » (Archives de Cornevent).
Il faut noter qu’à cette époque la route de Vernaison à Givors empruntait l’actuel chemin de Cornevend, contournant le domaine par l’ouest.
En 1670, Monsieur Constant de Silvecane est en pourparlers avec l’architecte Thomas Blanchet pour l’édification d’un grand pavillon en forme de temple, qui sera placé à l’extrémité de la grande allée de mûriers, en haut du nouveau jardin. Thomas Blanchet, peintre, architecte et graveur, né à Paris en 1614, a passé sa jeunesse en Italie, à Bologne puis à Rome où il se lie d’amitié avec Poussin, l’Albane et Le Brun. Rentré en France, il s’installe à Lyon en 1655 et participe avec Germain Panthot à la décoration de l’Hôtel de Ville de Lyon. Par acte notarié en date du 21 mai 1670, Monsieur Constant de Silvecane commande au tailleur de pierres Estienne Perret : « de fournir la moytié de la pierre de taille … nécessaire pour la grande arcade … du costé de vent (sud) et pour l’arcade entière du costé de matin (est), … suivant le dessein qui en a esté faict par le sieur Blanchet … ».
Le fronton dudit pavillon est orné d’un buste de muse, au sein découvert, à la tête couronnée de lierre, peut-être la muse Uranie qui préside à l’astronomie et fut aimée d’Apollon. Placé à l’extrémité de la « grande allée de muriers », du côté de bise, « ledit pavillon quarré, de 16 pieds dans œuvre par 24 pieds de longueur, est décoré à l’extérieur de pilastres à refend, frontons et corniches en pierre de taille grize ». (Archives du domaine de Cornevent).
Inscrit à l’inventaire des Monuments historiques depuis le 21 février 1973, ce monument a été restauré il y a une vingtaine d’années. Une copie du buste de pierre, volé en décembre 1979, a été replacée au fronton.
Munissez-vous d'une pince à épiler