Skip to content

Jadis en Eure-et-Loir : château à Mainvilliers ? Traditional Geocache

Hidden : 1/14/2018
Difficulty:
2 out of 5
Terrain:
2 out of 5

Size: Size:   small (small)

Join now to view geocache location details. It's free!

Watch

How Geocaching Works

Please note Use of geocaching.com services is subject to the terms and conditions in our disclaimer.

Geocache Description:


Cette cache fait partie d'une série coopérative intitulée : Jadis en Eure et Loir"

Il s'agit de faire (re)découvrir le patrimoine eurélien tombé dans l'oubli. 

Si vous souhaitez apporter votre culture ou contribuer, n'hésitez pas, les propriétaires de ces caches vous aideront.

 

Jadis en Eure-et-Loir : un château à Mainvilliers ?

Jadis en Eure-et-Loir, Mainvilliers comptait un très joli château. Lors de mes recherches j'ai réuni des écrits, quelques cartes et quelques photos du début du XXe siècle.

En nous rendant sur place pour prospecter le futur emplacement de la cache, nous avons eu la surprise de... ne pas trouver de château surprise !

Voici donc ce que j'ai pu établir d'après mes recherches...

La motte féodale

Peu de gens savent que dans le parc du château de Mainvilliers subsistent les vestiges d'une motte féodale. Ce parc se nomme "Bois de la Garenne" car, dans le passé, cette forêt était une garenne - une réserve de gibier où seul le seigneur avait le droit de chasser.

Reconstitution d'une motte féodale avec sa basse-cour.

En entrant dans la propriété, un chemin de terre mène à un petit pont qui enjambe un fossé dont on peut suivre le tracé sur une dizaine de mètres. A l'origine, ce fossé large de 3 à 4 m, formait une grande boucle d'environ 70 à 90 m de diamètre. Ce premier fossé se raccordait à un autre fossé circulaire et de diamètre plus réduit : 40 à 60 m. Ce second fossé est régulièrement rempli d'eau et est encore très bien conservé.

Portail d'entrée et pont qui enjambe le fossé de basse-cour.

Fossé de basse-cour encore conservé. Photo prise depuis le petit pont.

Un tel ensemble de fossés à deux boucles accompagne toujours une motte féodale. La motte, sorte de butte en terre, occupe le centre de la plus petite boucle. Aujourd'hui, la motte a entièrement disparu et on pense qu'elle a été aplanie et qu'elle comble une partie du petit fossé... celui-ci devait donc être plus large à l'origine.

Fossé de haute cour dont le tracé est encore complet.

Les mottes féodales sont des constructions qui remontent aux Xe, XIe et XIIe siècles. Au sommet de ces mottes, se dressait une construction en bois, sorte de donjon, ceinturée par une palissade en bois.

Dans la basse-cour, ainsi nommée parce qu’elle était plus basse que la motte, s'élevaient les bâtiments du domaine où l'on abritait les chevaux, les vaches, les moutons, les porcs et les logements des manants attachés au service du seigneur.

Le "manoir" de Mainvilliers

La motte de la Garenne de Mainvilliers n'a pas (encore wink) été fouillée... on ne peut donc pas dire si des constructions en bois ou en pierre y ont existé, en dehors de la petite chapelle dont il ne reste quasiment rien (voir point R2). Cette chapelle est contemporaine de la maison bourgeoise du XIXe siècle, elle ne témoigne pas des premiers aménagements du site.

Nous savons que cette chapelle en remplace une plus ancienne grâce à deux textes de 1793. Le premier nous indique que "le bailleur fera pêcher le poisson de la pièce d'eau qui entoure la chapelle". Le second texte est une délibération de la municipalité qui indique "les armoiries du ci-devant seigneur qui sont dans la chapelle du château de Mainvilliers doivent disparaitre car elles perpétuent un signe de féodalité".

De plus, nous disposons de nombreuses descriptions détaillées des bâtiments de basse-cour aux XVIe et XVIIe siècles. On peut y lire qu'il existe "un manoir (lié à la notion de lieu seigneurial) couvert d'ardoises, des étables, une grange, des bergeries, un colombier, un puits, des fossés remplis d'eau, une motte close des dits fossés, des jardins, une cour, une garenne.

 

Cadastre Napoléonien de 1809 - parcelle du "Manoir" du bois de la Garenne. On voit que les bâtiments sont entourés par un mur de clôture (tracé brun).

Cadastre numérisé de 1809. En bleu : le manoir. En rouge : le colombier. En vert : les bâtiments liés à la ferme. En jaune : la chapelle. En gris : les fossés conservés de la motte féodale.

Le manoir a été détruit dans les années 1830 par Madame Veuve Pierre DUGUÉ. Peu d'éléments permettent de savoir à quoi il ressemblait. Sur le cadastre de 1809, on devine que le manoir possédait deux tours aux angles de la façade nord. Sur une carte de 1689, le manoir ne possède pas de tour... mais peut-être que le dessin n'est pas précis, à moins que les tours soient plus récentes ?

Dessin du manoir de Mainvilliers sur un plan de 1689. Ce dessin n'est pas forcément très précis et l'aspect réel du manoir est vraisemblablement différent (voir ci-dessous).

Sur une carte de 1771, on voit un dessin du manoir avec une tour à l'ouest (l'autre est masquée par le bâtiment).

Dessin du manoir sur la carte de Poiffonds de 1771

Enfin, nous avons le témoignage de Ferdinand DUGUÉ qui a été le propriétaire du lieu entre 1840 et 1913 (à sa mort). Né en 1816, il a connu le manoir quand il était enfant. Dans un article publié le 30 septembre 1900 dans le "Journal de Chartres" il nous raconte que "Lorsque j'étais enfant, un château s'élevait ici, un château Renaissance, de petites dimensions, mais un bijou charmant. Un architecte persuada ma mère que le château était incommode et qu'elle ferait bien de l'abattre pour le remplacer par une maison moderne qu'il se chargerait de construire. Ma mère, sans méfiance, y consentit ; l'architecte abattit le château, le remplaça par une maison, commode il est vrai, mais dénuée de tout caractère ; ce que le château contenait d’intéressant, il le conserva... pour lui" angry !

Un dessin (en très mauvais état) du manoir, réalisé par Ferdinand DUGUÉ entre 1840 et 1913, donne quelques indications supplémentaires avec, notamment, la nature des matériaux de construction : des pierres et des briques. Ce type d'architecture est très commun dans la région. C'est le cas de l’Hôtel Montescot à Chartres, mais aussi du château de Levéville à Bailleau-Levêque construit au XVIe siècle.

Dessin du manoir de Mainvilliers réalisé par Ferdinand DUGUÉ entre 1840 et 1913.

Ce dessin a eu du succès : il a été utilisé pour illustrer des cartes postales à la fin des années 1980

Chateau de Levéville (ou Levesville). Le manoir de Mainvilliers devait ressembler à ce château.

 

La seigneurie de Mainvilliers se limitait au château, à la ferme, au bois de la Garenne et à quelques terres labourables au tour. En tout, la seigneurie possédait entre 10 et 20 hectares... ce qui est insignifiant à côté des deux autres seigneuries de Mainvilliers : celle de l'abbaye St-Père (300 hectares) et celle du chapitre de la cathédrale de Chartres (entre 600 et 700 hectares).

 

La maison bourgeoise de la famille DUGUÉ : le "Château" de Mainvilliers

Le 27 août 1806, Pierre Joseph DUGUÉ et son épouse, Barbe Victoire Thérèse FERON, signent l'acte d'achat de la propriété de Mainvilliers ainsi décrite par l'acte notarié : "la maison d'habitation (on ne dit plus "château"... la révolution vient de passer) couverte d'ardoise, la chapelle, la grange, les fossés, la mare avec le poisson, le colombier avec les pigeons, les jardins et la ferme à côté avec tous les bâtiments en dépendant et qui composent la métairie de Mainvilliers,..."

La "Garenne" n'est plus mentionnée... en effet, François Marie Simon de PÂRIS, l'ancien propriétaire, a fait abattre les bois de la garenne pour les transformer en terres labourables en 1789. Le bois actuel est l'œuvre de Pierre Joseph DUGUÉ qui fait replanter de nouveaux arbres...

Photo dans le bois de la Garenne en février 2015... certains de ces arbres ont probablement 200 ans !

 

Peu de temps après la mort Pierre Joseph DUGUÉ en 1829, son épouse fit abattre le manoir de la Renaissance dans les années 1830 pour reconstruire une maison bourgeoise plus "contemporaine".

Cadastre de 1868 : seule la maison bourgeoise, appelée "Château", apparait sur ce plan... tous les autres bâtiments de la ferme semblent avoir été détruits.

 

Voici quelques photographies de cette maison bourgeoise, le "Château de Mainvilliers" prises au début du XXe siècle.

On voit, au premier plan, le reflet dans l'eau qui remplit le fossé de la motte féodale. A droite de l'image, on voit une construction qui devait être une dépendance de la maison bourgeoise.

Photo de la façade sud du château, prise depuis le parc.

Sur ces deux photos de la façade nord, on devine le belvédère sur le toit du château.

 

A la mort de sa mère en 1840, Ferdinand DUGUÉ hérite du domaine. Beaucoup de ses poèmes évoquent son château de la Garenne au milieu du parc... son "Oasis" qui titre l'un de ses poèmes :

Enfin à Mainvilliers !

...

Avec enfant et femme à te revoir j'aspire...

M'y voilà ! J'aperçois les vastes horizons,

Les petits recoins verts et les jaunes moissons,

J'ai toute liberté de penser et d'écrire !...

Plus d'importuns enfin ! conduisant ses brebis

Seul quelque berger passe au bout de l'avenue

Ou bien un paysan qui traîne sa charrue

Et mord à pleine dents un morceau de pain bis !

 

Portrait de Ferdinand DUGUÉ à l'âge de 20 ans (conservé aux archives de la ville de Mainvilliers). On voit nettement sur la photo les trois coups de baïonnette sur la joue droite, la narine droite et la lèvre inférieure. Ces dégâts ont été décrits par Ferdinand DUGUÉ dans une lettre qui relate les évènements de la fin de l'année 1870, lorsque les troupes bavaroises ont occupé le château : "Les odieux Bavarois [...] dépassèrent les Prussiens en excès de tout genre ; en envahissant ma maison qu'ils devaient saccager et piller. Ils m'avaient cherché partout avec acharnement, et, furieux de ne pouvoir me coller au mur comme tous les civils qui commettaient le crime de défendre leurs foyers, ils durent se contenter - quel exploit ! - de cribler mon portrait à coups de baïonnette. Il est toujours dans mon salon, orné de ces grains de beauté". Ferdinand avait aussi l'âme d'un antiquaire comme en témoigne un courrier écrit à un ami le 7 mars 1872 : "Quant aux nombreuses pièces de monnaie de différentes époques et autres objets recueillis précieusement par moi dans la propriété, il n'en reste plus rien. Tout a été volé par ces bandits d'Allemands". C'est bien dommage car tous ces objets nous auraient probablement aidés pour comprendre l'histoire du site...

En septembre 1900, le château de Mainvilliers reçoit le Président de la République, Monsieur Émile LOUBET, de passage dans la région à l'occasion des grandes manœuvres de l'Armée française en Beauce. Le diner du 19 septembre est fastueux ! On y compte 200 couverts et des invités de marque : un général Russe, le chef de la mission turque, un officier de la délégation allemande (incroyable entre 1870 et 1914 !) et un certain nombre d'autres nationalités.

En 1913, à la mort de Ferdinand DUGUÉ, le château a été transmis à sa fille Berthe qui avait épousé Gabriel MORRIS. De cette union naquit trois filles : Berthe, Jeanne et Henriette. La cadette épousa Ferdinand GUELDRY, artiste peintre, et reçu l’héritage du château de Mainvilliers.

 

L'histoire récente du château...

Cadastre de 1987. On voit la présence des fossés et quelques bâtiments... le château est le bâtiment en bas à gauche. Les autres constructions sont des dépendances.

Même si nous n'avons pas encore terminé notre travail d'investigation, voici quelques éléments qui nous permettent de connaître les grands évènements qui ont marqué la disparition de ce château...

Dans un article publié en 1987, Jean-Jacques FRANÇOIS nous indique que la propriété appartient toujours à la famille GUELDRY. Il indique aussi que la maison est abandonnée depuis de nombreuses années... Quelques photos prises dans les années 1970 nous montre que le bâtiment est toujours là... volets clos, la propriété semble effectivement à l'abandon.

Photo du début des années 1970 retrouvée aux archives de Mainvilliers. On voit la façade du château qui semble à l'abandon depuis quelques années.

Photo non datée (probablement du début des années 1980) retrouvée aux archives de Mainvilliers. On voit le château entouré par la végétation, complètement à l'abandon. Certains volets sont manquants.

Les services de la Mairie de Mainvilliers m'ont indiqué qu'en 1998, soit 11 ans après l'article de Jean-Jacques FRANÇOIS, la commune a acheté la propriété...

Hors... surprise : en 1998 le château a entièrement disparu !!! Il a laissé la place à une immonde construction en parpaing non-achevée... Nous n'avons pas retrouvé la trace d'un quelconque permis de démolir (pour le château) ou d'un permis de construire (pour la nouvelle construction).

Que s'est-il passé ? Dans un intervalle de 11 ans, la maison bourgeoise, le "Château de Mainvilliers", a été détruit pour être remplacé par une nouvelle construction qui n'a pas été achevée...

En 2009, une consultation est lancée à la Mairie de Mainvilliers pour démolir ce qu'il reste de la nouvelle construction. Ces quelques photos vous montrent l'état de ce bâtiment : la toiture n'est pas posée et la forêt a entièrement envahie la place (depuis 1998 et l’acquisition du terrain par la Mairie, peu de travaux ont été engagés).

Deux photos prises en 2009, peu de temps avant la démolition de cette construction inachevée... On voit très bien que, faute d'entretien, la forêt a complètement envahie les lieux.

Ainsi, aujourd'hui, nous avons la désagréable sensation que cette magnifique maison bourgeoise, qui faisait une partie de la réputation de Mainvilliers (n'oublions pas qu'un Président de la République y a séjourné) a disparu dans l’indifférence générale entre 1987 et 1998...

Voici quelques vestiges de la maison bourgeoise ou "château" du XIXe siècle : quelques blocs de pierre taillée et quelques briques...

Petite note positive : la commune a décidé de réhabiliter le site et d'en faire une réserve naturelle. Ce bois est un endroit très agréable pour les promenades et j'espère qu'avec ces quelques lignes, vous apprécierez un peu plus les lieux que vous visitez.

 

Sources :

* Jean-Jacques FRANÇOIS – Bulletin municipal "Mainvilliers Informations" – n° 23, décembre 1987, n°24, juin 1988, n°49, janvier 2001.

* Philippe Régnier - "Chartres et la ceinture chartraine - tome II"

Ces ouvrages sont consultables à la bibliothèque Jean de La Fontaine de Mainvilliers.

* www.archives28.fr

Je tiens aussi à remercier le Service des Archives de la Ville de Mainvilliers pour son aide lors des ultimes recherches ! Merci Maria !

Additional Hints (Decrypt)

Nh cvrq qh ireg...[Merci de prendre le temps de bien replacer le camouflage de la cache]

Decryption Key

A|B|C|D|E|F|G|H|I|J|K|L|M
-------------------------
N|O|P|Q|R|S|T|U|V|W|X|Y|Z

(letter above equals below, and vice versa)