Dans l’imaginaire, le coquillage connecte deux mondes : la coque opaque de l’animal suggère une vie au-delà du regard, le rapport ambigu entre une coque solide, protectrice, exposée, et une masse molle, flexible, vulnérable, intime. Inspiré de la grande famille des Neptunea, le petit habitacle imaginé par les deux artistes dresse ses parois diaphanes dans un élan spiralé aux courbes douces, qui évoquent par analogie d’autres formes, de la glace à l’italienne aux nuages cycloniques ou aux bras des galaxies. Dans la nature, il n’y a pas d’angles droits.
Cette maison-coquillage s’inscrit aussi dans le sillage d’architectures non-fonctionnalistes qui prônent un habitat fluide, et recrée le lien avec le ventre maternel, la coquille protectrice, le nid. Elle rappelle d’autres architectures sculptures de constructeurs utopiques tels Pierre Szekely, Jean-Louis Chanéac, Antti Lovag ou Pascal & Claude Haüsermann. Ces derniers, précurseurs de la maison coque, ont conçu les plans de la Maison Unal, qui inspira directement Annette Tison et Talus Taylor pour la demeure des Barbapapa. Neptunea doit beaucoup à ces « maisons bulles » aux formes organiques, ce que l’on nomme parfois la Blob architecture.
Posée en équilibre sur le bord d’un plan d’eau, l’œuvre semble également tout droit sortie de son biotope originel. Néanmoins, par son échelle surnaturelle, cette apparition opère un basculement propre à l’univers des contes ou de la science-fiction. Logis magique, l’œuvre nous entraîne à la rencontre d’un monde où les normes vacillent — une maison fantasmatique où le flux de notre sang bat sans doute très différemment quand on y tend l’oreille.
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