« La fontaine qu’on appelait jadis Font-Cluze, et aujourd’hui fontaine de Meynes, fut découverte par des soldats de Charles Martels, en 736. Ce guerrier poursuivait les sarrasins, vers la plaine de Signargues, près de Remoulins. Les Sarrasins, harcelés par les français, se divisèrent en deux parties : la première passa le Gardon à Remoulins, et l’autre se dirigea sur Montfrin. Charles-Martel, après quelques moments d’hésitation, se détermina à poursuivre ses derniers, et les atteignit près de Montfrin ; il leur livra bataille, et les mit en déroute : trois jours entiers furent consacrés à enterrer les morts. Charles-Martels, en commémoration de ce fait d’armes, fit construire sur les lieux mêmes, une église appelée Saint-Jean des Vignes qui n’est tombée en ruine que depuis quelques années : elle a donné son nom, que le cadastre a conservé, au quartier où elle est située. Après quelques jours de repos, le vainqueur força le passage du Gardon à l’aide d’un cavalier de Montfrin qui lui indiqua un gué favorable. Il atteignit l’autre division (…) de Sarrazins (…) et en fit un horrible carnage. Cette seconde bataille fut livrée à peu de distance de la rive droite du Gardon non loin de Montfrin. La résistance qu’opposèrent les sarrasins aux troupes de Charles Martel fit qu’un grand nombre de soldats français restèrent en arrière du corps d’armée, et ne purent être secourus par leurs frères d’armes. Quelques-uns, ranimés par le bruit d’une source voisine, se traînèrent jusqu’à elle, et y lavèrent leurs blessures. Les plaies se cicatrisèrent avec une rapidité qu’on reconnut à cette source une vertu particulière que le hasard venait de faire découvrir. Charles-Martel, informé de cet événement, voulut voir cette eau, et ordonna à ses médecins de la décomposer. Ces derniers découvrirent qu’elle renfermait des parcelles dissoutes de vitriol, de fer et de soufre, qui jointe à son excessive fraîcheur, avaient opéré ces cures merveilleuses. Charles Martel fit creuser un grand bassin, et construire sur ses côtés trois niches dans une desquelles était un Saint-Jean-Baptiste; dans une autre, une simple croix, et dans la troisième une image de la Vierge. Par ses ordres cette fontaine fut recouverte; de là il est venu le nom de Font-Cluze ou fontaine close. Charlemagnes ayant appris la vertu de cette source, se rendit à Montfrin pour s’en assurer. Le Comte Simon de Montfort y vint prendre les eaux en 1211. François 1er au 15 août 1541, allant assiéger Perpignan, fit passer son armée sur le pont de Montfrin. Ce roi, sur l’avis de ses médecins logea dans ce village, à l’Hôtel de Saint-Jean des Templiers, vint ensuite à Meynes y pris les eaux, et en partit guéri d’un apostume (abcès) au bas-ventre. Le 10 juillet 1601, Marguerite de Valois, sœur d’Henri III, et femme d’Henri IV, vint à Meynes attirée par la renommée de sa fontaine. Elle logea au château de Montfrin, chez dame Marguerite de Lavy, douairières de Lers, épouse d’Albaron, seigneur de Montfrin. Cette reine en partit le 27 août, soulagée des douleurs qu’elle éprouvait à son arrivée. Louis XIII passa quatre fois à Montfrin