Durant la seconde guerre mondiale, la gare d’Amagne-Lucquy était un important nœud ferroviaire sur un axe Nord-Sud (ligne Paris-Luxembourg) mais aussi sur l’axe Est-Ouest (ligne Verdun-Hirson). Centre de triage, dépôt ferroviaire, c’était aussi une cité cheminote où les Allemands étaient omniprésents.
La première organisation de résistance y apparut dès la fin de 1942. Elle se constitua autour de cheminots de la SNCF : René Arnould, Georges Boillot et Robert Stadler. Un quatrième homme, Lucien Maisonneuve, se joint au groupe en 1944.
Les premiers sabotages visèrent d’abord les machines agricoles et les cultures de la WOL dans les villages environnants. Mais les sabotages les plus importants concernèrent le matériel ferroviaire, qui débutèrent dès 1943 (déraillement d’un train de charbon par déboulonnage à Amagne, sabotages de locomotives par explosifs au dépôt…). En juin 1944, avec la mise en œuvre du Plan Vert, les sabotages s’intensifièrent.
Un sabotage est prévu dans la nuit du 23 au 24 juin. Pendant ce temps-là, deux personnes qui travaillent pour la police allemande ont pour mission de trouver les auteurs de nombreux déraillements ferroviaires qui perturbent le trafic depuis des mois. Une prime de 45 000 francs leur est promise s’ils y parviennent. Les deux complices arrivent à savoir qu’un attentat va être perpétré dans la nuit. Et effectivement, « à 3 h 50, une explosion a lieu au kilomètre 3200 entre Amagne et Alland’huy. La voie est coupée sur 5 mètres de longueur », comme l’indiquera plus tard le procès-verbal de la gendarmerie.
Le 24 au matin, il reste une charge d’explosifs aux cheminots. Ils décident alors de saboter une autre ligne. Mais trop tard, la Gestapo les arrête avant leur action. Les quatre résistants sont d’abord emmenés à la Feldgendarmerie de Rethel (unité de police militaire allemande) puis transférés à la prison Carnot de Charleville. De là, tout s’accélère. Ils seront martyrisés pendant deux jours. Le 26 juin, la femme du maire de la Francheville, qui se trouvait dans son jardin qui surplombe le Fort de Ayvelles, voit les quatre cheminots conduits dans la cour. Ils ne tiennent plus sur leurs jambes. Elle racontera qu’ils chantaient la Marseillaise quand ils ont été fusillés...
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