Dernière aire d'autoroute en France pour ceux qui viennent du nord, première pour ceux qui remontent, le Village Catalan est un site atypique qui mérite d'être connu, surtout d'ailleurs pour les habitants du département. Car les Belges, les Espagnols, les Allemands ou plus généralement tous ceux qui transitent sur l'A9, soit en moyenne 35 000 véhicules jour, plus du double en juillet et août, le connaissent bien. Depuis 1975
L'aventure commence en 1975 sous l'impulsion du conseil général de l'époque et de son président emblématique Jean-Léon Gregory, et aussi des chambres consulaires. L'idée étant de bâtir juste avant la frontière une aire d'autoroute originale, vitrine du département. L'architecte Bertran de Balanda présente son projet, celui d'une réplique d'un village catalan avec ses rues, sa place centrale, son clocher tour. Rapidement, les commerces s'y installent, on fait aussi la queue pour changer ses francs et ses deutsche mark, contre des pesetas, on achète ses magazines en français et ses paquets de cigarettes. "Aujourd'hui bien entendu tout cela a évolué, assurent Franck Cazes et Charles Colomer qui exploitent ensemble plusieurs boutiques sur le site. Aujourd'hui plus de change, plus de tabac, mais la qualité de l'environnement attire toujours un grand nombre de visiteurs en transit".
Que trouve-t-on dans le Village ? Des produits régionaux, de la presse, de la librairie, des souvenirs de toutes sortes, de l'artisanat. La cave à vin est certainement une des plus importantes du département, des centaines de bouteilles parfaitement rangées sont alignées, classées par producteurs et par caves. "C'est une dérogation qui nous est donnée pour présenter ces vins sur l'autoroute, poursuit Frank Cazes. Nous ne pouvons vendre que des vins d'appellation issus du département. La gamme est large, elle fait le bonheur de toutes les personnes qui veulent faire un cadeau". Ouvertes tous les jours de l'année, week-ends et jours fériés compris, les boutiques bénéficient de tout ce dont peuvent rêver les commerçants. Un parking immense, une clientèle "captive", bien que parfois un peu pressée, un flux ininterrompu de véhicules et cars de tourisme tout au long de l'année. Au plus gros de la saison, une centaine de personnes travaillent au Village, essentiellement au restaurant, mais aussi dans les boutiques. Un restaurant, une cafétéria et une sandwicherie que plébiscitent les autobus en partance pour l'Espagne ou pour le nord de la France. "Notre axe de développement, estiment les responsables des boutiques, est maintenant la clientèle locale. On ne sait pas toujours qu'il est possible de venir au Village par la départementale, en direction de Tresserre, et bien sûr gratuitement".
"Il y a un regret tout de même, confie un habitué du site, le lieu qui présente le plus grand passage touristique du département ne possède pas de bureau d'office de tourisme ou une vitrine pour indiquer aux visiteurs ce qu'il y a à découvrir dans le secteur. On rétorquera que les gens ne font que passer, mais cette clientèle peut un jour être intéressée par nos richesses, pour peu qu'elle en ait connaissance".
Hommage aux ouvriers terrassiers des autoroutes
La décoration du site a été soignée, tout en haut de la tour aux faux airs de clocher on embrasse la plaine du Roussillon avec le Canigou en majesté. Une fontaine contemporaine a aussi trouvé sa place, et un peu cachée, une sculpture de Paul Belmondo, en hommage aux ouvriers terrassiers des autoroutes.