stèle commémorative : à la mémoire de 3 soldats du feu décédés le 24 aout 1956 Cache quasiment en drive-in, petite grimpette à droite de la stèle
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"semaine rouge du mercredi 22 Aout 1956 au dimanche 27 Aout
Le plateau de la Malle : 11 H 30, ce vendredi 24 août 1956, les sirènes mugissent à nouveau lugubrement sur GRASSE, un fort vent d’ouest vient de rallumer les foyers au-dessus de la cité des parfums et sous l’effet des rafales le feu bondit par vagues. La mobilisation est générale et à 14 H 00, C.R.S, gendarmes mobiles, aviateurs militaires de Nice épaulent les sapeurs pompiers de GRASSE, NICE, VENCE, CANNES, CAGNES/MER, Le BAR sur LOUP, SAINT VALLIER de THIEY qui tentent d’enrayer le brasier géant formant une couronne de CABRIS à MAGAGNOSC. A GRASSE, plongée dans l’ombre par les énormes colonnes de fumées rougeâtres, une pluie de cendres s’abat sur les rues et les toits. Facteur aggravant : de nombreuses vieilles munitions égarées par les armées de la dernière guerre éclatent au gré de l’avance du sinistre. A 16 H 00, les Sapeurs CASAGRANDE et BRONDA sont transportés vers l’hôpital de GRASSE, le premier souffrant de brûlures aux pieds, le second, sévèrement intoxiqué. 17 heures : sauve qui peut !!! Cinquante hommes envoyés par le Capitaine CROUSILLAC à la ferme de Monsieur THEVENET vont protéger cette habitation et sauver les quarante chiens de cet élevage. Cinquante hommes qui, au moyen d’un feu contrôlé, remplirent avec efficacité la mission bien qu’il n’ait aucun point d’eau à proximité. Ce détachement composé de gendarmes mobiles et de quelques pompiers était arrivé avec trois camions G.M.C. bâchés qui prudemment stationnent en position de départ. Soudain le groupe se retrouve encerclé par les flammes, et le Caporal Joseph REBUFFEL du Centre de SAINT VALLIER commande aux sauveteurs de se rassembler aux camions.
Quarante hommes sont embarqués, prêts au départ, mais il manque à l’appel plusieurs gendarmes et un jeune civil de 18 ans venu prêter son concours. Quarante hommes menacés de mort qui attendent le dernier moment espérant voir arriver les retardataires puis qui franchissent le mur de flammes pour sortir de l’enfer et se retrouver sains et saufs. Dans le même temps, à l’intérieur du cercle de feu, neuf hommes sont restés. Quatre arrivent à rejoindre la montagne à travers les flammes alors que quelques dizaines de mètres derrière, les cinq derniers sauveteurs tentent, aussi, de gagner cette effroyable course contre la mort… Le jeune Dominique BAL et un gendarme s’enfuient à contre-vent alors que les trois autres s’élancent dans la direction opposée, le feu sur leurs talons. Dès l’alerte, les recherches s’organisent rapidement et au cours d’une reconnaissance, la jeep du Colonel BRUNETON, transportant le Préfet MOATTI et le Sous-Préfet DELEPLANQUE est cernée par les flammes.
C’est grâce à la présence d’esprit du conducteur, le Sapeur FORESTIERE, que le véhicule arrive à se dégager. A la tête d’un détachement de pompiers de SAINT-VALLIER, le Lieutenant FELIX retrouve trois corps atrocement mutilés qui ne seront identifiés qu’à 23 heures l’Adjudant-Chef TROUTOT 45 ans, le Maréchal des Logis-Chef FESTOR 54 ans, le Maréchal des Logis-Chef CLAUDE 30 ans, sont morts carbonisés. … 8 enfants sont orphelins. Dominique BAL et le militaire qui l’avait suivi sont saufs. A 23 heures, le Préfet décident de requérir les personnels des parfumeries grassoises pour tenter d’enrayer le brasier. Samedi 25 août 1956 GRASSE : 0 H 30, A Saint Christophe, les flammes descendent vers la clinique « les Roches Grises » qu’il faut préserver. GRASSE : 1 H 00, pont de la cascade sur la route de CABRIS, le feu menace de sauter la chaussée : pompiers, gendarmes, aviateurs, C.R.S., chasseurs alpins du 22ème B.C.A., agents des Ponts et Chaussées et civils bénévoles luttent pied à pied. A 3 H.00 un contre feu permettra d’enrayer la propagation. ROQUEFORT les PINS : 2 H 00, quartier du Guerch et du Guéret, les maisons sont léchées par les flammes, Les hommes harassés qui luttent depuis plus de 12 heures arrivent à éviter le désastre. MOUGINS : 5 H 00 : Propagation libre du fléau dans la forêt… Impossible de pénétrer dans les inextricables fourrés dévastés par l’incendie.
En véritables positions de combat, c’est sur la route des Bouillides à VALBONNE que véhicules, personnels et bénévoles sont positionnés par le Capitaine ODDON pour tenter une ligne d’arrêt. GRASSE : 7 H 30 : Au poste de Commandement place de la Foux, le SousPréfet DELEPLANQUE tient une réunion de crise. Première dans l’histoire de notre département : un hélicoptère pour permettre à l’Inspecteur Départemental de faire un point est demandé à la Région Militaire. A GRASSE, un poste de liaison est installé tous les 10 kilomètres avec pour mission l’information du Poste de commandement. GRASSE : 11 H 00 : embranchement de la Malle, deux camions citernes et trois camions de C.R.S. s’engagent pour tenter de stopper sur la route, une reprise de feu qui risque de se propager vers ST VALLIER. GRASSE : 11 H 30 : Le Colonel BRUNETON décolle avec un hélicoptère militaire venu de la base de Fréjus pour évaluer tous les feux qui dévorent notre département. A lui seul, le feu de GRASSE est estimé à 2000 hectares. GRASSE : Midi : Le feu gagne le quartier de la Bastide, voisin des forêts qui montent sur GOURDON. GATTIERES : 12 H 10 : alors qu’est circonscrit le feu de ROQUEFORT, deux hectares s’embrasent aux alentours du pont de la Manda.
Le Sergent CIAIS avec une auto pompe de NICE rejoint les pompiers de CAGNES sur MER, le feu est maîtrisé à 15 H. 30. CAGNES : 14 H00 : un feu d’herbes sèches se déclare à l’intérieur du camping « l’oasis », route de Grasse, L’intervention des pompiers de CAGNES et de NICE avec un fourgon pompe permet de stopper le sinistre rapidement. ROQUEFORT les PINS : 14 H 00 : Reprise de feu quartier du Laos, aux sauveteurs locaux se greffe le fourgon normalisé des pompiers de NICE commandé par le Sergent GUALTIERROTTI. Le sinistre est maîtrisé vers 16 H.00. GRASSE : 19 H 00 : le feu semble enfin fixé… MOUGINS : 23 H 00 : Après une accalmie vers 18 H.00, le vent souffle à nouveau, la forêt brûle toujours… Dimanche 26 août 1956 GRASSE : 02 H00 : Les pompiers de GRASSE repartent pour des foyers qui se sont rallumés sur la route Napoléon et au quartier St Christophe, le sinistre est attaqué toute la journée. MOUGINS : 17 H00 : le Capitaine ODDON peut enfin passer le message « feu éteint ». Samedi et dimanche lutte acharnée contre le feu sur de nombreux fronts. Le feu est éteint Dimanche à 17h
Lundi 27 août 1956 GRASSE : 10 H00 : Après la levée des corps, à la caserne KELLERMANN, le cortège funèbre qui emmène les trois cercueils se dirige vers la cathédrale au milieu d’une double haie de Grassois massés sur le parcours pour un témoignage empreint d’émotion. Ironie du destin, pendant la bénédiction du Chanoine ROSTAN, il pleut à verse sur GRASSE… Devoir de mémoire Alors bien sûr !
Si aujourd’hui, vous allez sur « la malle », en poursuivant la route après la maison d’arrêt de Grasse, vous cheminerez sous les ombrages d’une superbe forêt où se côtoient pins, chênes et par endroits encore des oliviers. Le long d’une petite ligne droite, vous découvrirez un monument… quelques pierres blanches scellées qui dominent trois marches… avec une plaque… et trois noms… En écoutant chanter l’oiseau dans les ramures juste au dessus de votre tête, vous cernerez, ici plus qu’ailleurs, la valeur de l’arbre qui vous abrite…
" Alain BERTOLO Août 2007 www.sdis06.fr/IMG/pdf/la_semaine_rouge_aout_195639.pdf