Un petit séminaire était une structure (niveau collège, lycée) crée à l’origine, en France, pour apprendre à lire aux futurs étudiants qui rentreraient dans les grands séminaires. Un petit séminaire était donc une préformation. Certains élèves devenaient prêtres, d’autres demeuraient laïcs. Il s’agissait non seulement de recevoir une formation intellectuelle sur les connaissances, mais aussi sur les savoir-êtres, sur la manière de penser, de prier aussi. De manière à être prêt pour entrer au grand séminaire où là, l’ambiance était presque monacale.
Jusqu’au milieu du XXème siècle, ces établissements furent une référence à la campagne, le seul moyen pour les élèves doués intellectuellement de réussir. L’église prenait en charge les années d’études secondaires, en proposant aux meilleurs d’accéder au grand séminaire. C’était souvent des internats avec une discipline rigoureuse.
Le petit séminaire de Verrières a ses origines qui remontent à la révolution française. Il était doté de bâtiments très grands, ce qui en fait presque une anomalie dans son implantation très montagneuse. Son installation ici sera liée à 2 personnages : l’Abbé Pierre Perrier et Antoinette Montet.
L’Abbé Pierre Pierrier, né en 1765, avait été prêtre jureur pendant la Révolution française. Mais il s’était par la suite rétracté ce qui lui avait attiré des ennuis. En 1793, il se retrouve en prison à Montbrison dans prison Ste Marie (aujourd’hui palais de justice). Il en est délivré par Antoinette Montet, paroissienne de Gumières, qui par la passé aurait aimé devenir religieuse, mais avait fini comme maîtresse d’école et aussi guérisseuse. Au moment de la révolution, elle se donne pour mission de secourir les prêtres réfractaires, au péril de sa vie. Elle sera aidé par des personnes de Montbrison, comme la famille De La Pierre de Saint Hilaire qui lui prêteront son château de Soleillant, à Verrières, où elle cachera plusieurs prêtres réfractaires. C’est sur ce château que sera bâti le petit séminaire.
En 1803, après le Concordat, le père Perrier est nommé curé de Verrières. Il était auparavant vicaire à Firminy. Il amène avec lui 12 jeunes élèves (8 à 15 ans) auxquels il apprend le latin. Il les installe dans la cure qui est complètement délabrée. C’est une petite école qui est née. En 1805, il y a 50 élèves. On dormait au grenier, on mangeait où l’on pouvait. Situation très précaire…
Antoinette Montet de son côté s’inquiète du manque de prêtres suite à la révolution française. Elle s’en va prier à Notre-Dame Sous Terre, à Saint Jean Soleymieux, à cette intention. Arrivée de bon matin près de la chapelle, elle voit (légende ? réalité ? rêve ?) au-dessus de la chapelle un paysage avec le château de Soleillant où elle avait hébergé des prêtres, une statue de la vierge et elle entend une voix qui dit « c’est ici qu’il y aura une maison qui donnera à l’église beaucoup de prêtres ». De retour chez elle, elle se dit qu’il faut agir. Elle décide de vendre tous ses biens et d’en donner la somme récoltée au père Perrier pour acheter le bâtiment du château de Soleillant. En accord avec le diocèse, le petit séminaire s’installe ici, et donnera ses premiers cours dans les bâtiments mêmes de 1809 à 1819. Avec des élèves qui seront plus tard célèbres : Marcellin Champagnat (fondateur des « Frères Maristes des Ecoles » ), Jean-Claude Collin (fondateur des pères Maristes) et Jean-Marie Vianney, futur curé d’Ars.
Antoinette Montet fera parti des enseignants. Très âgée (née en 1735), elle continuera sa mission jusqu’à sa mort, en 1728, à 93 ans. Même aveugle, elle continuera à apprendre à lire aux enfants, ainsi qu’à faire le catéchisme.
On peut s’étonner que Jean-Marie Vianney (JMV), élève de Lyon (Dardilly) soit venu dans la Loire en 1812. En fait, tout vient d’un décret impérial de 1811 qui, pour punir l’église (attitude du pape…), décrète que tous les élèves devront être regroupés dans des lieux centraux. Le petit séminaire de Verrières devient alors annexe du Séminaire Saint-Irénée de Lyon et JMV se trouve à Verrières pour un an. JMV avait beaucoup de difficultés pour les études et lorsqu’il arrivera au petit séminaire, il sera plus âgé que son professeur !
En 1809, le père Perrier démissionne et est remplacé par l’abbé Barou. Il devient le supérieur du petit séminaire avec pour mission de le transformer et de le structurer. Il reste jusqu’en 1819 et finira plus tard vicaire général de Lyon.
Quelques anecdotes de fontionnement et repères historiques :
- L’enseignement avait lieu de début novembre à la fin août, sans vacances. Les enfants ne retrouvaient pas leurs parents pendant 10 mois…C’est pourquoi un foyer sera crée à partir de 1818 par les sœurs de St Joseph venus renforcer l’équipe.
Lever 5h en été / 5h30 en hiver
6h messe
étude
8h15-11h45 Cours
Lecture spirituelle
Repas en silence, en écoutant la lecture d’un texte
Récréation
14h15-16h15 Cours
étude
récréation
20h30 prière du soir
21h coucher
- Contrairement à ce que l’on peut penser, il y avait beaucoup de jeux aux récréations qui permettaient aux enfants de tenir.
- Le petit séminaire est à 900m d’altitude ce qui permet d’avoir un air sain et évite les épidémies
- Les connaissances étaient pour la plupart littéraires, livresques et historiques. On formait à l’art de la parole (discussion, débat…). Peu de maths et de sciences.On favorise le par cœur.
- Les élèves ensuite allaient au moyen séminaire de l'Argentières, puis au grand séminaire de St Irénée. Ou alors entraient dans l’armée, ou devenaient notables (médecin, pharmacien, notaire…)
- Le petit séminaire fonctionnera jusqu’en 1905 (séparation de l’église et de l’état). Les supérieurs achèteront des près, des bois, des fermes pour pouvoir vivre en autarcie et subvenir à leurs besoins.
- 3 décembre 1846 : incendie. Tout brûle. Ce qui oblige à en reconstruire un de 1846 à 1854, qui sera béni par le cardinal de Bonald (archevêque de Lyon).
- Le petit séminaire aura un rayonnement considérable puisqu’il accueillera entre 200 et 300 élèves par an, ce qui était énorme pour l’époque.
- 2000 prêtres auront fait leur formation en passant par Verrières, soit 1,5 % du clergé de France du XIXème siècle . Certains deviendront évêques ou archevêques, comme à la Nouvelle-Orléans.
- Décembre 1906, le petit séminaire ferme, suite à la séparation de l’église et de l’état.Les bâtiments sont attribués à la commune qui ne sera pas vraiment qu’en faire et le laissera tomber en ruine, certainement aussi faute de moyens. Il sera finalement démoli en 1912.
- Reconstruction en 1919-1920 par l’état pour divers établissements publics. Puis agrandi et restauré en 1991. Aujourd’hui, il abrite le lycée professionnel du Haut Forez.
- De nos jours, on retrouve quelques reste du petit Séminaire :
Enfin, dans l'église, en tribune, l'orgue est celui de la chapelle du petit séminaire.
Se garer en P0 ou P1. Pour rejoindre la cache, se rendre à l'entrée du jardin public, en R0. Vous recherchez une boîte nano magnétique. Pas de stylo dans la cache.