La fiscalité du xxe siècle : le siècle de toutes les créations fiscales
La fiscalité française, telle qu’elle existe actuellement avec ses impôts, ses taxes et ses contributions, est née au xxe siècle, dans la mesure où il ne subsiste aujourd’hui pratiquement rien des impositions révolutionnaires. La création de l'impôt sur le revenu, revendication des radicaux-socialistes à la Belle Époque, n'est finalement entériné que quelques semaines avant la Première Guerre mondiale, étant adopté le 7 juillet 1914 par le Sénat.
Le xxe siècle se caractérise en effet par un important bouleversement des mentalités fiscales :
- l'impôt jusque-là visait à assurer « l'entretien de la force publique » et « les dépenses d'administration » (Cf. art. 13 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789) ; on compte désormais sur lui pour assurer des services sociaux de plus en plus étendus, ainsi qu'une redistribution sociale.
- la charge fiscale est fortement multipliée (de l'ordre de 10 % du PIB avant 1914, elle atteint 43,9 % du PIB en 20091) ; les sources fiscales doivent suivre, et peuvent le faire grâce à l'enrichissement général : quantité de nouveaux impôts voient le jour, dont les principaux actuellement (TVA, qui a cependant une histoire ancienne, CSG, TIPP, etc.).
- l’impôt, jusque-là assis sur le patrimoine, doit dorénavant peser sur les revenus du travail ainsi que sur les revenus du patrimoine. La fiscalité personnelle, pour laquelle le montant d'impôt dépend d'une multitude de variables individuelle (situation matrimoniale, nombre d'enfants, lieu de résidence, niveau de revenu, etc.), se développe, alors qu'elle était presque inconnue auparavant.
Le patrimoine demeure en lui-même un objet d’imposition (impôt sur la fortune, taxes foncières, impôt sur les successions, etc.), mais dorénavant c'est surtout le revenu qu'il procure qui est soumis à l'imposition (impôt sur les plus-values immobilières, impôt sur les revenus fonciers, ...). l’imposition du produit de l’activité des personnes – physiques ou morales – a pris le pas sur celle, plus résiduelle, du patrimoine. Parallèlement, la taxation de la consommation (fiscalité indirecte), déjà très présente, conserve la première place.