Un château à Mons-en-Pévèle ?
Oui, et même un château d’eau très original de type « plan maçonné » dont la capacité est d’environ 8.000m³, proposé par l'architecte Auguste Binet. Ces constructions plates étaient destinées à recevoir de l’eau potable. Conservées dans deux salles voutées de très grandes contenances, l’eau était mieux protégée. Ici, sont recueillies les eaux de sources de Vred et Pecquencourt.
Bien que ne se visitant pas, cet édifice est toujours en fonction. Il est géré par la société des Eaux du Nord et dessert en eau potable les communes de Roubaix et Tourcoing, rien que cela !
Au-delà de ces quelques lignes de présentation sommaire, ce qui interpelle aussi, c’est l’histoire humaine liée à la vie de cet ouvrage. A ce titre, pour ceux et celles qui aiment ces petites histoires de pays, je vous propose ici l’extrait de l’article, paru dans la Voix du Nord du dimanche 22 août 1982, qui retrace cette tranche de vie :
« Gardienne de château d'eau… Un Métier de père en fille
Ce château d'eau, construit en 1890 et situé au plus haut point du Mont, a un peu l'allure d'une forteresse avec ses quatre donjons délimitant des murailles de briques.
D'ailleurs, les Allemands, durant la dernière guerre y installèrent un poste d'observation, croyant que cet édifice était une fortification. Mais revenons à la gardienne des lieux.
Réjane DEBOURREZ est arrivée au château d'eau à l'âge d'un mois. Ses parents, Jean et Madeleine CARPENTIER en assuraient le gardiennage depuis 1929.
A la mort de Jean CARPENTIER, (ancien Maire de Mons-en-Pévèle), c'est son épouse qui reprit la charge. Un travail très dur pour une femme, car toutes les manœuvres se faisaient à la main avec de grandes clés. Il fallait se lever à cinq heures du matin pour relever le niveau d'eau dans les réservoirs.
Lorsque Madeleine CARPENTIER décida de prendre une retraite bien méritée, c'est sa fille qui reprit le flambeau. Réjane DEBOURREZ, très expérimentée en la matière, car elle aidait ses parents autrefois, proposa sa candidature. Après un an comme auxiliaire, elle obtint sa titularisation. En 1974, elle s'installa avec son mari et ses deux fils sur le sommet du Mont, à 107 mètres au-dessus du niveau de la mer, dominant toute la plaine de la Pévèle.
Ce n'était pas un travail de tout repos de surveiller un débit de 22 000 m3 d'eau par jour. Heureusement, la technique ayant évolué, une télécommande facilita un peu le travail. Plusieurs fois, dans la journée, il fallait relever le niveau d'eau et l'analyser pour vérifier la teneur en chlore et en fer. En effet, l'eau provenant de Pecquencourt et amenée par des canalisations de 40 cm est ferrugineuse. Réjane DEBOURREZ rédigeait également un bulletin météo.
Le réservoir est couvert d'épaisses voûtes maintenues par d'innombrables pylônes et s'étend sur une surface de 7000 m². Il contient 8000 m3 d'eau qui garde une température constante de 12°C. On y entre par une petite porte arrondie et une fois à l'intérieur, la fraîcheur pénètre jusqu'aux os. Un spectacle féerique s'offre aux regards. D'imposantes arcades se répètent à l'infini. On a un peu l'impression de se trouver dans une grotte … »
