La bonne nouvelle est tombée jeudi soir à la fin du Conseil municipal : le château Lota, qualifié de « joyau » par les spécialistes de l'architecture, vient d'être inscrit au titre des monuments historiques, à l'intérieur comme à l'extérieur. « Ce qui nous permettra d'obtenir des subventions importantes pour entretenir l'édifice », a précisé le maire d'Ustaritz, très satisfait.
L'histoire du château Lota nous est contée par Mendi Esteban, historienne de l'art, chargée par la mairie d'Ustaritz de constituer le dossier de candidature. Le château Lota fut commandité par Bernard Duhart et son épouse. Leur histoire illustre bien le rêve américain.
En 1860, tous deux quittèrent leur village natal d'Ustaritz pour aller faire fortune au Chili, en association avec les deux frères de Bernard. Pionniers de l'émigration basque « aux Amériques », ils s'installèrent au port de Lota et bâtirent l'empire Duhart dans le négoce d'alcool et de produits alimentaires. Ils firent ensuite venir de nombreux compatriotes basques pour les employer dans leur compagnie.
Une demeure familiale
La construction de l'édifice se situe entre 1874 et 1879. On suppose aujourd'hui que le commanditaire Bernard Duhart n'eut pas le temps d'habiter le château Lota avant son décès, le 14 janvier 1879. « Cette grande demeure semblait asseoir le pouvoir d'une famille au sens large, pour montrer la réussite de la compagnie des frères Duhart. »
Elle changea plusieurs fois de mains au sein même de la famille, jusqu'en 1936 où elle fut vendue. En 1954, elle fut rachetée par l'association pour la sauvegarde de l'enfance, qui occupa les lieux durant 40 ans, avant d'intégrer le patrimoine communal en 1979.
Architecte inconnu
À ce jour, on ne connaît pas le nom de l'architecte (sans doute parisien) qui mena à bien la construction de style néorenaissance, au langage très complexe, insolite au Pays basque. Des similitudes importantes avec le château Boulart à Biarritz permettent des hypothèses, sans certitudes pour l'instant.
Si l'intérieur du château a subi des transformations, la faïence, les marqueteries, le carrelage, les vitres sont d'origines. L'extérieur ne semble quasiment pas avoir subi de modifications. Le raffinement de la demeure témoigne d'une grande richesse et « de la réussite d'un enfant du pays aux Amériques ». Lota demeure cependant chargé de secrets.