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Juliette Drouet en princesse Negroni, vers 1827. Huile sur toile de Charles-Émile de Champmartin. Maison de Victor Hugo, Photo AKG
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Juliette Drouet, de son vrai nom Julienne Gauvain, est née à Fougères le 11 avril 1806 dans une famille d'artisans toiliers. Elle perd sa mère à l'âge de quelques mois, et son père à un an et demi. Elle est placée, comme son frère et ses deux sœurs, en nourrice, puis dans un couvent de Fougères, avant d'être recueillie par un oncle, René-Henry Drouet, qui s'établit à Paris.
Mais il est contraint de la mettre dans un couvent tenu par les dames de Sainte-Madeleine, où elle va rester de 1816 à 1821. À sa sortie du couvent (Victor Hugo lui demandera d'écrire ses souvenirs de pensionnaire quand il travaillera au futur roman des Misérables), on perd sa trace.
En 1826 elle donne naissance à une petite Claire que le père, le sculpteur James Pradier, reconnaîtra deux ans plus tard. Le couple se défait rapidement. On retrouve "Mlle Juliette" (c'est le pseudonyme qu'elle a choisi) à Bruxelles, à l'automne 1828, pour ses débuts au Théâtre du Parc. Encouragée par ses premiers succès dans le vaudeville, elle continue sa carrière à Paris, engagée successivement au Théâtre du Vaudeville, de la Porte-Saint-Martin, de l'Odéon, avant de retourner à la Porte-Saint-Martin.
C'est à l'occasion de la lecture de Lucrèce Borgia que l'auteur fait aux comédiens, au début de l'année 1833, qu'elle rencontre Victor Hugo : elle participe au succès de la pièce en interprétant le rôle de la Princesse Négroni. La date de leur première nuit d'amour - 16 au 17 février - sera celle de Marius et Cosette dans Les Misérables.
En revanche, elle connaît un réel échec en novembre de la même année dans Marie Tudor. Épuisée par de nombreuses représentations (deux ou trois par jour), elle n'a pas su résister aux rivalités de coulisses ni à des tracas judiciaires dus à des dettes qu'elle n'a pas remboursées.
Quand elle arrête sa carrière théâtrale, Victor Hugo s'engage à subvenir à ses besoins et à ceux de Claire.
Inspiratrice du poète, collaboratrice effacée, épistolière de talent (plus de vingt mille lettres adressées à son "cher Victor"), elle va lui vouer un culte exceptionnel et lui rester fidèle en dépit de ses trahisons.
C'est elle qui lui sauve la vie pendant les journées de décembre 1851, avant de l'accompagner en exil à Bruxelles, puis à Jersey et à Guernesey.
À la mort d'Adèle Hugo, Juliette Drouet partagera encore plus intimement la vie du poète.
Décédée le 11 mai 1883, elle repose, dans le cimetière de Saint-Mandé, aux côtés de Claire.
Sur sa tombe figurent ces mots :
Quand je ne serai plus qu'une cendre glacée,
Quand mes yeux fatigués seront fermés au jour,
Dis toi, si dans mon cœur, ma mémoire est fixée,
Le monde a sa pensée. Moi j'avais son amour. |
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Juliette Drouet en 1883. Huile sur toile de Jules Bastien-Lepage , cliché Bulloz, Maison de Victor Hugo © Réunion des Musées nationaux
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