Le phare de Dielette
La construction du port de Diélette s'est déroulée en plusieurs étapes. D'abord au début du XVIII siècle, la petite jetée; ensuite à partir de 1867, la grande jetée, longue de cent vingt mètres et enfin, à la fin du XX siècle, la partie moderne et le port de plaisance
L'existence d'un port à Diélette s'explique par la présence de nombreuses carrières de granit sur le cap de Flamanville, depuis Sciotot jusqu'au mont Saint Gilles. A titre d'exemple, en 1837, les trottoirs de paris sont faits en granit de Flamanville, ce qui génère une importante activité et un trafic maritime de plusieurs centaines de caboteurs. La mise en service de la mine de fer ne fera qu'accentuer le phénomène. Dès 1857, deux feux sont installés sur la petite jetée et en 1864 un logement pour le gardien est construit dans la descente de la Jalousie. Le bâtiment reçoit aussi un feu rouge qui porte à quinze milles.
Sur la grande jetée, un feu blanc est allumé afin de donner l’alignement de la passe du port. Ce feu est installé dans une tourelle en tôle de huit mètres, peinte en blanc. Elle est renversée lors d’une tempête le 16 octobre 1896. Un feu provisoire la remplace. Comme l’indique le rapport de l’ingénieur des Ponts et chaussées, « Le projet de feu de remplacement doit être dressé en prévision des coups de vent et des coups de mer les plus redoutables : Diélette est terrible ». En conséquence, une nouvelle tourelle est édifiée et mise en service le 10 novembre 1897. Une violente tempête lui cause de nombreux dommages.
Devenu en 1935 un feu à occultations pour ne pas être confondu avec les éclairages publics, il fonctionnera jusqu’en 1982. Avec ses rangées de maisons superposées à flanc de falaise, avec les pinces de ses jetées, Diélette offre toujours un site unique.
Rencontre avec un Gardien de phare
En 1868, Camille Flammarion, frère du célèbre éditeur, est venu passer quelques semaines à Diélette. Il avait trouvé, dominant le port, une chambre pour écrire dans le calme L’Histoire du Ciel que lui avait commandé la librairie Hetzel. A l’époque, Camille Flammarion était un astronome reconnu, auteur de nombreux ouvrage de vulgarisation scientifique concernant le système stellaire et la planète mars. Un jour il rentrait de promenade, il est surpris par une pluie diluvienne dont le Cotentin en a parfois le secret. Il court chercher refuge…. Où ? Chez le gardien de phare ! Camille remarque sur le manteau de la cheminée un dessin représentant les armes de rois de Jérusalem.
- Tiens D’où cela vient il ? demande-t-il à son hôte.
- Ce sont mes armes !
- Comment vous êtes rois de Jérusalem ?
- Parfaitement !
- Et ici, gardien de Phare ?
- Oui monsieur, à quinze cents par an.
- Vous êtes prince de Lusignan ?
- Oui et voici la princesse, ma sœur.
Pendant une heure, Camille bavarde avec ce personnage étrange qui étale devant lui plusieurs parchemins anciens pour mieux étayer ses dires. La pluie cesses et la conversation s’interompt.
L’histoire aurait pu en rester là si l’astronome n’avait pas rencontre sept ou huit ans plus tard un homme que lui présenta à Paris Alexis de Tocqueville : le prince de Lusignan !
Camille resta bouche bée. Qui était le prince de Lusignan ? Celui qu’il avait en face de lui ou le gardien de phare de Diélette ? En homme pragmatique qu’il était, il enquêta et conclut que les branches de la maison de Lusignan étaient nombreuses et probablement aussi authentiques les unes que les autres.
Une histoire à dormir debout au pied d’un phare cette rencontre !
