L’édifice
Le Central Garage appartient dans les années 1930, à la société anonyme H. Dussagne et Compagnie. S’il a servi de manière provisoire et sporadique en tant qu’atelier de réparation, il est destiné à l’origine à être un garage-parking. L’atelier de réparation se trouvait en face, à l’emplacement de l’actuel office de tourisme.
L’architecture du Central Garage s’inspire très fortement du courant moderne et du style paquebot. Les références à l’esthétique machiniste sont explicites. La construction est très rationnelle ; tout ornement et couleur sont bannis.
L’architecture joue sur l’opposition entre les parements de béton, constituant de grandes bandes blanches ceinturant l’édifice, et les parois vitrées, largement dominantes. La perception de l’édifice utilise le recul existant grâce à la place Wilson. C’est pourquoi l’enseigne se trouve dans cet axe, en aboutissement de la perspective du boulevard Louis Blanc. Elle attire l’œil, par son élévation, et s’impose au regard par ses lignes horizontales, se démarquant sur le ciel. L’immeuble est constitué de lignes et blocs élémentaires dont une grande partie des angles est arrondie, pour plus d’élégance.
Des petits décrochements entre les bandes de béton blancs permettent de préserver la continuité visuelle des parements de murs et des panneaux vitrés, et ce, sur tout le bâtiment, malgré les dénivellations de terrain. La succession des panneaux vitrés vers la rue des Tanneries se fait avec élargissement progressif des différents ensembles de baies rectangulaires, accentuant ainsi la présence visuelle du garage dans l’espace environnant.
L’édifice principal, situé sur la place, est fractionné en six panneaux verticaux grâce à des colonnes porteuses, de forme arrondie, existant sur toute la hauteur du bâtiment. Quatre panneaux, sur les six, sont de forme arrondie (les deux panneaux droits sont destinés à jouer le rôle de façade principale sur la place), forme architecturale innovante dans les années 1930 et source de fluidité architecturale. Ce bâtiment abrite une rampe d’accès circulaire située à proximité des vitres, pour les véhicules.
Le deuxième bâtiment, sur la rue des Tanneries, est très rectiligne et, par ses alternances de murs blancs et de parements vitrés, en superposition régulière, allonge l’édifice vers le nord-est pour lui donner de l’ampleur.
Sur le boulevard de Fleurus, deux colonnes rectilignes montent vers le ciel, en pendant de celles de l’enseigne. Elles sont destinées à briser de manière abrupte les formes arrondies du vaisseau principal et à délimiter la fin de l’édifice sur le côté.
Architecte
Aucun nom d'architecte n'apparaît dans les dossiers consultés excepté celui de Louis Mandon-Joly, membre du Comité départemental des bâtiments et de la voierie qui a voté contre la cession de terrain et qui, donc, ne peut être l'auteur du bâtiment.
Cependant, nous savons, grâce au petit-fils d'Henri Dussagne, fondateur du garage, que vers 1934 le garage était une concession Citroën et qu'il a été construit par le service d'architecture de la société.
A cette date, le chef du service d'architecture de la société André Citroën était Maurice-Jacques Ravazé. Ce dernier est l'auteur de plusieurs garages Citroën (Tours, Brest, Millau, Saintes, Boulogne-sur-Mer, Paris VIIIème). Il réalise également une maternité à Courrières dans le Pas-de-Calais (1932).
Actualité
Le rez-de-chaussée a été reconverti majoritairement en boutiques alors que les parties plus élevées sont restées des emplacements de parking.
Le garage est labellisé Patrimoine du XXe siècle par arrêté du 25 mars 2002.
Source : Architecture et patrimoine du XXème siècle en Haute-Vienne - DRAC Limousin