Joseph MOREL, surnommé le Prince, né à Arbois au 16° siècle, s'acquit la réputation d’un bon officier dans les guerres qui désolèrent à cette époque le comté de Bourgogne.
Henri IV, occupé a combattre les Espagnols, refusa de reconnaître la neutralité du comté, et donna l’ordre au Maréchal Biron de pénétrer dans cette province. A l’approche des Français, le Capitaine Morel se retira dans Arbois, et en fit fermer les portes. La ville, n’étant revêtue que d’une simple muraille, sans aucune fortification extérieure, ne pouvait opposer une longue résistance à une armée victorieuse. Mais Morel avait l’espoir d’obtenir des conditions favorables pour ses concitoyens. Cependant l’armée de Biron, forte de 25.ooo hommes, était arrêtée depuis trois jours devant les murs d’Arbois. Le quatrième jour, le canon des assiégeants ayant renversé une partie des murailles. Morel fut pris sur la brèche qu’il défendait vaillamment.
L’inflexible Maréchal lui reprocha,dans les termes les plus durs, d’avoir contrevenu aux lois de la guerre en se défendant dans une place non tenable et le fit pendre le 7 août 1595 à un tilleul, qu’on montrait encore, il y a quelques années, à l’entrée de la promenade d’Arbois.
Henri IV sauva cette malheureuse ville, que Biron voulait brûler pour la punir de sa résistance. Après le départ des Français, les restes de Morel furent inhumés dans la chapelle Saint-Roch, dans une tombe, décorée d’une épitaphe latine que composa Jean VuiIemin , ancien médecin de Philippe II, poète dont on a quelques pièces, devenues rares. Elles figurent aujourd’hui sur le cénotaphe érigé dans l’église Saint-Just à la fin du XVIIIe siècle. Voici le texte de l’épitaphe française :
Ne vous tourmentez point de me faire un tombeau
Mes chers amis d’Arbois, de porphire ou de marbre
Assez m’honorera où je fus pendu l’arbre
Pas vous ne m’en pourriez ériger un plus beau
La mère de Morel, déjà avancée en âge, ne survécut pas longtemps à la douleur de s’être vue privée, d’une manière si cruelle, du bâton de vieillesse sur lequel, après Dieu, elle avait placé son espoir. Elle fit plusieurs legs pieux par son testament, rédigé avec une touchante simplicité.