L'histoire se réveille en juillet 1968, le docteur Salvetti, à la retraite à Cogolin dans le Var, découvre avec stupéfaction à la télévision un reportage, sur la cérémonie de Navarin où l'on célébrait le 50è anniversaire de la fin des combats, il s'aperçoit que le village de Souain, qu'il croyait anéanti à jamais était resurgi de ses cendres.
L’histoire de cet emblème nationale remonte à mars 1915. La marée allemande, refoulée par la bataille de la Marne, s'était stabilisée en Champagne, sur une ligne passant par le village du même nom. Ces tranchées avaient été creusées dans l'axe même du village. Et, comme les maisons étaient surtout construites en torchis et de bois de charpente, elles n'avaient pas résisté aux furieux tirs de l'artillerie allemande qui les avait pulvérisées. Souain n'était plus qu'un point géographique. Seule, l'église, construite en dur, manifestait sa présence par un éboulis de pierres et un clocher écroulé et prêt à se fondre dans la masse des ruines. "Le coq pendait, lamentablement, tête en bas, perforé de multiples projectiles. Un des infirmiers me fit une confidence:
- Monsieur le Major, le coq du clocher est gravement blessé, il faudra que j'aille, une de ces nuits, le secourir" .
Je me suis élevé avec véhémence contre ce stupide projet. Même en temps de paix et en plein jour, il aurait été imprudent d'escalader les ruines à la recherche d'un objet " malgré tout inutile". Relatant cette aventure le docteur Salvetti continua, " l'ennemi était à 80 mètres, c'était une forme de suicide ". . . Avant la relève qui nous ramenait à Suippes quelques jours plus tard, par une aube resplendissante, je fus réveillé par un infirmier, il avait le coq et me l’offrait... La presse des correspondants de guerre s’empara de l’affaire, le coq était devenu un fait de guerre, un symbole, un trophée! Trois tentatives de vol eurent lieu dans les mois suivants. Le docteur réussit néanmoins à le conserver et l'emmena, tour à tour, en Champagne, à Verdun, en Alsace, avant de le placer à la fin de la guerre dans son cabinet Médical à Cogolin, où il y demeura près de 55 ans.
Il décide alors d’écrire au Maire de Souain pour lui faire part qu'il détenait le coq de l'ancienne église. Celui-ci vint donc lors d'une cérémonie consacrée en son honneur, remettre officiellement le coq à son village d’origine. Désormais, il veille, perché sur une pierre de l'ancienne église, dans la salle d'honneur le la Mairie.
Vous pouvez apercevoir le coq, à travers les fenetres de la mairie, en face de l'église.
Bonne recherche,