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Le Pilote de Thomassin décrit, en 1875, le port de la Houle Causseul en ces termes : Le petit port de la Houle Côsseu est une crique située à toucher la pointe du même nom au sud d'elle ; il y a des organeaux sur les roches et les bateaux s'y remisent. Les bateaux de 5 pieds peuvent y venir à la demi-marée. Il y a à Saint-Jacut 10 grands bateaux dont 1 carré et 2 lougres ; il y a en outre 16 petits bateaux. L'eau arrive au bout de la jetée à 4 heures de flot. Les bateaux calent 5 pieds et entrent à 4 h 30 de flot, lorsque Conin couvre. Conin est une roche à toucher la côte Est de Saint-Jacut entre la pointe de la Houle Cosseu et le port. Les caboteurs entrent à 5 heures de flot.
Le vocable de la Houle Causseul est tiré du mot 'houle' qui signifie 'grotte' en parler parler gallo, que le folkloriste Paul Sébillot a repésenté dans son légendaire consacré aux fées de la houle.
Avant 1882, il n'existait à la Houle Causseul, que quelques organeaux et un escalier conduisant à la grève, emprunté par les marins-pêcheurs, qui accostaient à ce port en morte-eau, lorsqu'ils ne pouvaient pas débarquer au port du Châtelet. Le port était utilisé environ 8 mois par an par 31 bateaux de pêche armés par 120 marins.
La première cale-débarcadère submersible fut construite en 1881-82. Elle fut rallongée en vers l'aval 1890 avec 17 m de plus et une largeur portée à 3 m, soit au total 37 m de longueur d'accostage. Elle mesurait à l'origine 20 mètres de long, 8, 25 m de hauteur, avec un plan incliné de 15 m et un fruit de 1/8ème. Les matériaux de gros œuvre provenaient des carrières de l'île de la Colombière et de l'îlot de Grande Roche.
Cette cale était reliée à l'escalier déjà construit dans la falaise par un chemin d'accès de 2 m de large. Une 2ème cale, accolée dans son prolongement à la cale existante, mais beaucoup plus haute, fut construite en 1890 (12 m de long). Elle était équipée d'une plateforme et d'un second chemin d'accès. Elle fut exhaussée à la cote 11 mètres en 1898. Son prolongement fut réalisée avec une maçonnerie de pierres sèches et en béton ordinaire. Cette cale était associée à une jetée, dont le môle tournée vers le sud, faisait comme un crochet à l'entrée du port, avec un escalier creusé dans l'ouvrage, permettant aux annexes de débarquer. Les doris, servant d'annexes, étaient mouillés au large de la jetée et amarrés sur deux points afin de les écarter. Une rambarde permettait de les amarrer.
Le premier chemin d'accès à la nouvelle cale fut construit en 1881. Un 2ème chemin d'accès parallèle fut réalisé en 1890 et exhaussé en 1898, en contre-bas de la jetée.
Autrefois, les bateaux de pêche, 'dragous' et 'boucadas', armés au chalut, pouvaient rester mouiller à l'extérieur du port, en rade, sur leurs tangons. Un doris permettait la liaison et le va et vient entre la cale et le bateau. Au port de la Houle Causseul, comme au Châtelet, les bateaux sont mouillés sur leur tangon, avec leur 'toutprât' (oeil du tangon qui relie les 2 chaînes d'amarre).
En 1894, Saint-Jacut armait 35 bateaux à la petite pêche, montés par 116 marins et jaugeant ensemble 96 tonnes. Il était le premier port de pêche des Côtes-du-Nord pour la pêche au maquereau et le restera jusqu'au milieu du 2ème quart du 20ème siècle. En 1929, Saint-Jacut était le seul port de pêche entre Dinard et Erquy. Il armait 41 bateaux. En 1931, Saint-Jacut était le 2ème port de pêche des Côtes-du-Nord après Locquémeau et avant Pors Even.
La remontée de la Houle Causseul se faisait par un grand escalier, remplacé en 1917 par une rampe plus longue et moins pentue, qui a été prolongée et élargie aujourd'hui. Ce chemin conduit à une large cale, accolée aux anciens ouvrages portuaires.
La 1ère cale fut améliorée entre 1930 et 1949 pour la rendre utilisable à pleine mer de vive eau : elle fut exhaussée à la cote de 12, 50 mètres (la plateforme relevée de 1, 50 m, après avis de la commission nautique, composée en 1931 de Pierre Aubin, de Noël Pilard, de Eugène Paitry et de Alfred Loraine).
Un nouvel ouvrage d'accostage et un chemin d'accès furent construits en arrière des ouvrages précédents, à la cote de 13 mètres, avec éperon et escalier. Cette nouvelle cale était enracinée aux rochers "Enez Forn". Un escalier d'accès au môle fut projeté, perpendiculaire à cet ouvrage.
Un troisième projet fut même proposé vers 1960 afin de réaliser un port en eau profonde à partir du rocher de la Charbotière et au Sud du rocher Mabile, où il y avait toujours de l'eau en morte eau. Il fallait 50 bateaux à cette époque pour inaugurer un nouveau port entre la plaisance et la pêche. Cependant, ce projet financé à 80% par le Département fut refusé par le Conseil municipal de l'époque, malgré l'avis favorable du maire. Ce fut la commune de St-Cast qui réclama à ma même époque un projet de port en eau profonde, aujourd'hui en cours d'exécution.
En 1990, Pierre Aubin, président de la caisse mutuelle des marins proposa de rajouter un mètre supplémentaire à la cale, pour atteindre la hauteur de 13, 50 mètres, afin qu'elle ne couvre pas aux plus hautes marées. La caisse Mutuelle des marins participa aux derniers travaux effectués en 1993 pour agrandir le chemin d'accès et le terre-plein flanqué de deux rampes d'accès à la grève. Cependant, le 3ème et le 4ème quart du 20ème siècle avaient vu le déclin de la pêche à Saint-Jacut, remplacée par la plaisance. Deux nouvelles cales au Sud et au Nord du port furent néanmoins construites à la fin du 20ème siècle pour la plaisance.