Superphénix est le réacteur nucléaire de l'ex-centrale nucléaire de Creys-Malville en France. C'est un prototype de réacteur à neutrons rapides à caloporteur sodium faisant suite aux réacteurs nucléaires expérimentaux Phénix et Rapsodie.
Manifestation de 1977
Le 31 juillet 1977, une manifestation contre le projet s'est déroulée à Creys-Malville, ce fut l'une des plus importantes de l'histoire du mouvement antinucléaire français. On y déplora la mort d'un manifestant, suite à des affrontements violents entre manifestants et forces de l'ordre.
Attaque du chantier
Le 18 janvier 1982, une attaque au lance-roquettes visa le chantier de la centrale nucléaire de Superphénix, sans faire de victimes1, mais occasionne quelques dégâts matériels2. Les auteurs de l'attentat ne furent pas identifiés, mais, en 2003, Chaïm Nissim, ancien député écologiste de Genève, affirma en être l'auteur3 et s'être procuré l'arme auprès du groupe du terroriste Carlos via les Cellules communistes combattantes (CCC).
Difficultés
La centrale nucléaire de Creys-Malville est mise en service en 1985. Elle rencontre des difficultés techniques et administratives (c'est un prototype) qui entraînent de multiples arrêts dont un de trois ans et demi décidé par le Ministre de l’Industrie Alain Madelin ,le 26 mai 1987, après une fuite de 20 tonnes de sodium liquide (le sodium s'enflamme spontanément au contact de l'air quand il est très chaud, et explose au contact de l'eau en produisant de l'hydrogène). Le 19 janvier 1994, le quotidien Le Monde titre Après trois ans et demi d'arrêt du surgénérateur, les autorités de sûreté proposent un redémarrage de Superphénix sous conditions.
Arrêt
À l'arrivée de la gauche plurielle, les Verts ont réclamé l'arrêt et le démantèlement de Superphénix. La Commission de la production et des échanges de l'Assemblée nationale a constaté en avril 1997 que « l'arrêt immédiat du réacteur est, en tout état de cause, plus coûteux que la poursuite de l'activité même grevée d'un faible taux de disponibilité de l'infrastructure ». En outre, le rapport du Sénat conclut, sur bilan de la Cour des comptes, qu'« au total, compte tenu des hypothèses d'EDF, retarder l'arrêt de l'exploitation de la centrale jusqu'à la fin de la convention entre les partenaires dans NERSA, soit fin 2000, aurait probablement été globalement neutre sur le plan financier. »
Extraits du rapport du Sénat établi en 1998 :
« Le coût de construction et de fonctionnement de Superphénix a dépassé les estimations initiales. Dans son rapport de janvier 1997, la Cour des Comptes l'a évalué à 60 milliards de francs répartis entre les partenaires du consortium européen NERSA43(*) à concurrence de 51 % pour EDF, 33 % pour l'électricien italien Enel et 16 % pour le consortium SBK, qui regroupe les électriciens allemands RWE, néerlandais SEP et belge Electrabel. En réalité, compte tenu de la valeur de l'électricité fournie au réseau par le réacteur, les dépenses s'élèveraient, selon elle, à 40,5 milliards de francs. »
En 1997, Lionel Jospin, premier ministre de la République française, annonce : « Superphénix sera abandonné ». Jospin ayant pris sa décision, un arrêté ministériel du 30 décembre 1998 a conduit à son arrêt définitif. Les raisons invoquées, influencées par la pression de l'opinion publique, était que le faible prix de l'uranium ne justifiait plus les investissements dans cette filière.
Les frais de dédommagement des actionnaires étrangers de NERSA, déboutée par la décision du Gouvernement français, ont été compensés par des fournitures de courant d'EDF à ces partenaires étrangers entre 1996 et 2000.