Après qu’elle ait traversé Bayeux, l’Aure rencontre, dans l’arrière pays de Port-en-Bessin, un escarpement d’une cinquantaine de mètres de hauteur lui barrant l’accès à la mer. La rivière longe donc ce relief, puis se ramifie et finit par s’infiltrer dans le karst, véritable paysage souterrain façonné dans des couches calcaires. Ces nappes d’eaux captives sont recouvertes par une couche géologique imperméable. Le réseau de cavités souterraines ainsi façonné comporte plus de 5 km de galeries reconnues.
C’est à la Fosse Soucy, près de Maisons, que disparaît le bras principal de l’Aure. Il ne réapparaît que 3 km plus loin, une fois traversés tous les reliefs de l’arrière-pays. L’eau sous pression rejaillit à Port-en-Bessin, en sources dites artésiennes. Ces résurgences de l’Aure à Port-en-Bessin, appelées « droues », ont donc permis de s’approvisionner en eau douce au pied des falaises.
Ce phénomène hydrographique a permis aux ménagères de venir laver leur linge en bord de mer, ce qui n’était pas sans surprendre les étrangers au pays. " Quand la mer baisse, raconte un Portais en 1894, les ménagères guettent le moment où leurs pierres individuelles seront découvertes et, cinq minutes après, quand l’apparition des droues élimine la salure des eaux, elles s’agenouillent, font dans le sable, avec leur battoir, un large trou qui s’emplit vite d’eau douce et se mettent au travail".
La résurgence de l’Aure en bord de mer est encore visible aujourd’hui, près de la digue est de Port-en-Bessin par exemple. Ce phénomène est particulièrement spectaculaire pendant les marées descendantes.