Il prie, il défriche la terre. Sa vie
cachée, toute saisie par le mystère de Dieu, par sa grandeur et la
proximité de son amour, attire des frères autour de lui. Un
monastère naît. Pendant treize siècles, des générations de moines
se succèdent en ce lieu retiré. Le même appel les y a
conduits : chercher Dieu, se laisser pénétrer et unifier par
sa Parole. Un village naît autour de l’abbaye. Elle rayonne
sur toute la région. En 1777, la communauté est chassée et
l’abbaye est rasée. Seule reste debout la salle capitulaire.
Un château est construit sur le lieu.
Après la tourmente révolutionnaire, le domaine de l’abbaye
passe de main en main. En 1914, il se trouve en première ligne dans
la zone de feu. Une grande partie du château est détruite. En 1926,
le domaine est racheté par des industriels rémois et restauré par
les Beaux-Arts. Après deux siècles d’interruption, la vie
monastique reprend sur la colline de Saint-Thierry lorsque les
Bénédictines de Vanves y arrivent en 1968.
Seule partie de l’ancienne abbaye, la salle capitulaire
-lieu de réunion quotidienne des moines - est devenue la chapelle
de la communauté. Les piliers du 12e siècle, ornés de chapiteaux
sculptés, ont subsisté malgré plusieurs remaniement des voûtes
(surélevées au 14e puis au 17e siècle, et refaites après la guerre
de 1914-1918). Du château du 18e siècle il ne reste que le porche
d’entrée de la propriété et une aile tronquée où se trouve le
monastère actuel. Dans la cour intérieure une fontaine du 17e
siècle marque le milieu de l’ancien cloître. Ses eaux
proviennent d’une source située à 2 kilomètres, captée par
les moines au 10e siècle. Le jardin s’étage en terrasses
au-delà de l’esplanade de la salle capitulaire, suivant
l’ancien tracé du 17e siècle. A cette époque fut aussi
construite vers le sud une promenade qui domine les vignobles
appartenant à la Maison de Champagne Veuve Clicquot et, à
l’horizon, la ville de Reims.