Chagny la Horgne
Une pierre encastrée dans la
muraille, à l'emplacement d'un œil de bœuf, nous
apprend le nom de cette importante exploitation agricole, CHAGNY LA
HORGNE.
Les Horgnes, du latin harrea,
granges, sont fréquentes dans la toponymie du pays messin où elles
équivalent à cette étymologie.
La Horgne à Ars ou la Horgne à
Grève est située à la sortie de notre village sur le CD 999 vers
Rémilly.
Cette longue bâtisse est percée de
fenêtres tantôt hautes, tantôt basses, de portes et de
charretières, de gerbières cintrées, sommées d'oeils de
bœufs. La triste monotonie de ces écuries et greniers est
rompue par un large pigeonnier carré, sorte de tour d'angle,
couvert d'une haute toiture d'ardoises. Un porche donne accès à la
cour intérieure.
La maison, agréable demeure du
18ème siècle, s'ouvre sur cette cour par six fenêtres en
demi-cintres au rez de chaussée, sept fenêtres au premier étage et
sept petites fenêtres au second. Un perron de cinq marches
s'arrondit devant la porte d'entrée. Une façade identique donne sur
le jardin, vaste étendue de verdure. Au 19ème siècle, ce fut un
beau parc anglais reposant et mélancolique.
La ferme de Chagny la Horgne
La liste des villages de 1404 cite
déjà la Horgne à Grève et le dénombrement de 1680 indique Chagny
dite la Horgne d' Artz. Au 18ème siècle, nous trouvons la Horgne à
Arts ou à Grève.
La Horgne à Grève était un franc
alleu du pays messin. Rappelons que les alleus étaient des domaines
possédés en libre propriété sans qu'aucun lien de subordination ne
lie le propriétaire à celui qui lui a cédé l'alleu. Les alleutiers
avaient des droits de haute, moyenne et basse justice sur les
terres allodiales. Ce sont là des vestiges de l'ancienne propriété
romaine constituant des exceptions dans le monde féodal.
Au dénombrement de 1680, Chagny la
Horgne appartenait à la puissante famille messine de Gournay.
Jean-Jacques de Gournay, seigneur de secourt, bailli de l'évêché de
Metz, était le propriétaire. Maître Echevin de Metz en mars 1665,
il avait épousé sa cousine Louise de Gournay. Il devait décéder ne
1702 et être inhumé aux minimes. Il sera le dernier Gournay à être
Echevin de Metz. A sa mort, le fief passa à dame Louise de Gournay,
sa douairière. Cette dernière devait par testament le léguer à Anne
de Ligny, épouse de Louis de Craon, marquis de Beauvau, premier
capitaine des gardes du corps et conseiller d'état de son altesse
de Lorraine.
La marquise de Beauvau ayant
délégué ses pouvoirs à Magdeleine Philippe de Ligny, chanoinesse de
Sainte Marie aux Dames à Metz, cette dernière vendit le domaine à
Henri Modéré, maître-boulanger à Metz, citoyen de la cité et à son
épouse Anne Damien. Il se fit désormais appeler « Seigneur du ban
de Chagny ». L'acte fut signé à Longeville-devant-Metz, le Il août
1706.
Les consorts Modéré revendirent
Chagny la Horgne le 16 septembre 1716 à Louis -Bernard de Boulenne,
seigneur d'Augny en partie chevalier de Saint Louis, ancien
lieutenant-colonel de cavalerie pour le service du roi, demeurant à
Metz et Anne Montaigu son épouse. Louis de Boulenne, seigneur de
Chagny, céda le fief aux époux Durand de Metz. Ils en firent
donation à leur fils Francis Durand, à son contrat de mariage le 20
février 1820. Il devait épouser Thérèse Christine Lambrunnel. Les
époux Francis Durand Lambrunnel revendirent le domaine dès le 1er
février 1821 à Barnard Marie Domaine, directeur de l'enregistrement
à Metz et Gabrielle Charlotte Julie de Contenanin, son épouse.
A leur décès, le domaine passa à
leur fille Charlotte Marie Domaine, veuve de François Etienne
Armand Morollot demeurant à Abbeville. Lorsqu'elle disparut, la
propriété resta en indivision, entre ses enfants. Les héritiers
Morillot firent cesser l'indivision le 22 avril et le 10 mai 1890
en vendant la propriété à la firme allemande « Funke et Huech »
dont le siège était à Hagen en Westphalie pour la somme de 20200
marks soit 25250 F. Ils devaient conserver le domaine jusqu'en
1918.
La ferme de Chagny la Hargne
considérée comme bien allemand fut mise sous séquestre et vendue en
1922 à Jean-Emile Lemarquis, directeur de la Société Générale à
Nancy. A sa mort sa fille devait en hériter.
Après la défaite de 1940, la ferme
de Chagny la Horgne est occupée par des jeunes garçons des
jeunesses hitlériennes. Les filles quant à elles sont logées à la
ferme voisine d' Aubigny.
Le 20 février 1952, le domaine est
vendu par Marcelle Jeanne Mathilde Pons Lemarquis à Lucien
Borsenberger qui exploita le domaine suivi par ses enfants Albert
et Clémence. Jean Borsenberger, fils d’Albert, est
l’exploitant actuel.
Au fait pourquoi ce nom de cache??? Tout simplement parce que ce
lieu était une cabane très solide ^^