La Haute Marne est un département où l’on produit et
travaille le fer depuis 25 siècles. Grâce à ses richesses
naturelles : l’eau, le bois, le minerai de fer et aussi le
sable, elle a vu son territoire se couvrir d’établissements
métallurgiques. En 1860 elle est le premier département français
producteur de minerai de fer et de fonte au bois (charbon de bois).
Cependant, jusqu’en 1836, on se bornait à produire des
tuyaux, des plaques de cheminées, de la poterie.
En 1834, Jean-Pierre-Victor André achète l'ancien prieuré du Val
d'Osne, abandonné depuis 1702. Ancien maître de forges à Brousseval
et à Thonnance-les-Moulins, il y construit un haut-fourneau.
L'installation d'un cubilot permet de faire de la fonte moulée. En
1843, l'usine occupe déjà 95 ouvriers, dont 25 enfants. L'année
suivante, la société remporte la médaille d'or à l'Exposition de
Paris et M. André est décoré par le roi Louis-Philippe en
personne.
En 1845, un deuxième cubilot est installé, et deux ateliers de
moulage. Deux machines à vapeur viennent renforcer les roues
hydrauliques. La production se diversifie. Au total, les
collections du Val d'Osne dépassent les 40 000 modèles dont 200
vases, 110 fontaines, 600 statues humaines et 250 statues
animalières. En 1851, l'entreprise participe à l'Exposition
internationale de Londres. Après le décès de M. André, sa veuve
dirige l'usine jusqu'en 1855, quand Gustave Barbezat, un des
collaborateurs de M. André, prend la direction de l'usine. C'est
lui qui construit le deuxième haut-fourneau, en 1856.
L'entreprise prend le nom de « Barbezat et Cie ». Malgré un violent
incendie qui détruit un atelier de montage et un magasin de
modèles, le développement se poursuit. En 1864, l'installation se
compose de deux hauts-fourneaux, de trois cubilots et de quatre
machines à vapeur. C'est de cette période que date la « cité
Barbezat ».
De 1867 à 1870, l'usine est exploitée par la Société Fourment,
Houillé et Cie. Puis en 1870, le Val d'Osne est racheté par la
Société anonyme des Fonderies du Val d'Osne, avec M. Mignon, qui
porte le Val d'Osne à son apogée. Un nouveau procédé contre
l'oxydation est utilisé, par l'application, sur la fonte, d'une
pellicule de bronze. En 1875, Mignon passe un énorme marché avec
Santiago du Chili, où une cinquantaine de produits du Val d'Osne
sont vendus, moins qu'à Rio de Janeiro, où se trouvent environ deux
cents pièces ! Au total, plus de cinquante pays dans le monde
possèdent des productions provenant de l'usine haut-marnaise !
Cependant, la concurrence pointe, avec Sommevoire et Durenne. Dès
1886, les effectifs sont en baisse. Malgré la qualité de la
production, l'usine décroît inexorablement. Détail intéressant,
elle a été la première du canton de Chevillon à créer une caisse de
retraite, en 1892.
Pendant la Première Guerre mondiale, la production est tournée vers
la fabrication d'obus et de grenades (jusqu'à 12. 000 par jour). La
fin de la guerre va provisoirement redonner vie à l'activité fonte
d'art pour garnir des centaines de monuments aux morts. En 1931,
date où elle est rachetée par l'entreprise Durenne, l'usine emploie
213 personnes.
En 1971, elle devient la propriété de la société GHM (Générale
hydraulique et mécanique) de Sommevoire et se spécialise dans la
fabrication de pompes, robinetterie et appareils d'irrigation. En
1986, la GHM ferme définitivement le site du Val d'Osne pour
regrouper ses activités à Wassy et Sommevoire.
Les compagnons de l'histoire organisent pour
des groupes, démonstrations de moulage et coulée d'étain sur
rendez-vous. E-mail :
lescompagnonsdelhistoire@wanadoo.fr