Ce quartier des Paradasses est situé aux confins nord de la commune de St Césaire de Gauzignan à plus de 1500 mètres des dernières habitations de ce village de Gardonnenque. Nous sommes ici en limite avec la commune de St Jean de Ceyrargues. "Clapas" occitan = amoncellement de rochers ou tas de pierres.
On peut imaginer qu'au début du siècle dernier, les agriculteurs qui exploitaient les pauvres terrains de cette zone résidaient à St Césaire et lorsqu'ils "montaient" ici avec mule et charreton, c'était pour la journée, pas question à midi de redescendre au village pour prendre le repas alors, ils emportaient leur "biasse". (en occitan version provençale, c'était biasso. On part de l'idée du sac (besace) et par métonymie, c'est devenu le contenu: d'abord la casse-croûte des chasseurs, puis le pique-nique de tout le monde).
Dans ces enclos qu'ils épierraient régulièrement au fur et à mesure de la remontée des pierres du sol par les gels et labours successifs, ils cultivaient les oliviers encore bien présents aujourd'hui, des légumes secs, poids-chiche, des pommes de terre et certainement quelques céréales adaptées aux sols argilo-calcaires.
Lorsqu'une averse ou un orage les surprenait, le seul abri sur cette terre aride était cette belle capitelle située au bout du champ et parfaitement intégrée dans le clapas dont les pierres ont été extraites des terrains voisins.
On constate qu'elle a été réalisée plutôt avec de grosses pierres, nous sommes bien loin ici des capitelles pourtant voisines réalisées en pierres plates bien plus faciles à empiler et à ajuster.
Il faut prendre quelques minutes pour observer que les blocs sont parfaitement bien appareillées pour former l'entrée de la porte, le linteau et même le revêtement intérieur en ogive du bel édifice.
Vous n'êtes pas venus jusqu'ici pour faire une "drive-in", alors prenez une quinzaine de minutes pour errer dans les environs. Vous remarquerez certainement les nombreux enclos de pierre parfaitement rectilignes qui enserrent des champs plus ou moins étendus.
Ces agriculteurs de l'extrème étaient aussi de savants bâtisseurs pour édifier de tels ouvrages sans aucun ciment et avec seulement les pauvres matériaux extraits sur place, chapeau à eux, à leur attachement à la terre et à leur courage.
