Guerre franco-prussienne & fin du Second
Empire
Juillet 1870 : le belliqueux premier ministre prussien Bismarck,
grâce à la dépêche d'Ems, a provoqué la France, qui se laisse
entraîner dans une guerre malgré la démoralisation de l'armée et la
vétusté de son équipement dépassé techniquement. Napoléon 3,
pacifiste, règne depuis 18 ans, mais est malade et fatigué ; il se
laisse entraîner par les partisans de cette guerre et ne réagit
pas. Les parisiens sont enthousiastes, on entame des travaux de
défense, on bâtit des forts, on se presse avidement au combat,
inconscient du terrible manque de préparation de l'armée.
C'est ainsi que tout le mois d'août n'est qu'une longue série de
défaites des troupes des maréchaux Mac-Mahon et Bazaine, jusqu'à la
terrible défaite de Sedan, le 1er septembre. Napoléon 3 y est
capturé par l'armée prussienne, tandis que l'armée française a dû
supporter 15000 tués, autant de blessés, et près de 90000
prisonniers. Ces infortunés soldats vont pourrir dans les
conditions épouvantables du « camp de la misère », mourant de
maladie pour beaucoup d'entre eux. Enfin, une dizaine de milliers
de survivants a pu s'enfuir et rejoindre Paris, qui s'apprête à
subir un siège.
Dans la nuit du 3 au 4 septembre, on proclame officiellement la
déchéance de l'Empire, et le début de la 3ème république : parmi
les membres du Gouvernement provisoire de Défense nationale qui est
formé à cette occasion, se trouvent notamment Jules Trochu, Jules
Favre, Jules Ferry, ou encore Léon Gambetta. Le 18 septembre, les
uhlans (cavaliers) prussiens encerclent Paris après avoir traversé
le pays sans rencontrer grande résistance, et le siège de la
capitale débute.
Gambetta proclamant la 3ème République, le 4 septembre
1870
Quitter la
capitale assiégée ?
Dès le début du siège, on pense à utiliser le ballon, popularisé
par Nadar depuis peu, pour faire passer notamment du courrier et
des messagers au nez et à la barbe des prussiens. C'est ainsi que,
sans relâche, 120 couturières travaillent à la gare de l'Est pour
fabriquer des ballons sphériques de 16 mètres de diamètre : pour
les gonfler, un utilise le combustible des becs de gaz de Paris. Le
gaz est rationné, on n'allume qu'un bec sur deux ; chaque ballon
nécessite 1200 m3 de gaz pour être gonflé. Léon Gambetta envisage
rapidement d'utiliser ce moyen pour rejoindre Tours et organiser
les armées de province : on prépare son aérostat, on leste la
nacelle en osier avec des sacs de sable, on installe la longue
corde de 100 mètres qui permet des atterrissages difficiles, grâce
aux gens au sol qui s'en emparent pour tirer le ballon à eux.
Enfin, le 7 octobre, l'Armand Barbès et le George Sand sont tous
les deux prêts au décollage. A 10h30, Gambetta monte dans l'Armand
Barbès avec deux autres personnes, et les ballons décollent dans la
ferveur populaire, atteignant rapidement une altitude de 100
mètres. Pour gagner Tours, il faudrait profiter du vent du Nord,
mais le sort est contraire, et le vent aussi : c'est un vent de
Sud-Est qui se lève et qui pousse les ballons dans le mauvais sens,
vers les lignes prussiennes ! Gambetta observe le sol, et constate
amèrement que l'ennemi est partout ; à Epinay, à Chantilly, à
Creil, les casques prussiens luisent. Acharné et jusqu'au-boutiste,
Gambetta jette sur les prussiens des tracts par dessus bord : ils
ont été rédigés par Victor Hugo en personne. Aussitôt, les
prussiens tirent sur l'aérostat, et l'on jette du lest pour prendre
de l'altitude et se mettre à l'abri, à 800 mètres du
sol.
Le départ de
l'Armand Barbès et du George Sand
Le ballon se traîne à 10 km/h, Gambetta meurt de chaud et jette sa
veste par dessus bord. Après un court moment d'accalmie, la pluie
s'abat sur les aérostiers à la dérive, qui recommencent à perdre de
l'altitude et à être exposés aux balles prussiennes. Le pilote
commence à paniquer, il boit une rasade de rhum, et profite que
Gambetta soit en train d'examiner la carte d'état-major pour ouvrir
une valvule, espérant atterrir et mettre fin à ce cauchemar :
Gambetta, le républicain acharné, le prend sur le fait et l'insulte
copieusement ! Peu de temps après, l'Armand Barbès et le George
Sand survolent Beauvais, ici aussi envahie par les soldats ennemis
: les fusils crépitent de nouveau, Gambetta manque de peu de
recevoir un projectile dans la main, et les ballons descendent
toujours et encore, inexorablement alourdis par la
pluie...
A bon
port, malgré tout
A 15h40, l'Armand Barbès rase la cîme d'un bois
envahi de prussiens, dans l'Oise, à 68 kilomètres de Paris, puis
s'écrase dans un chêne ; la nacelle reste coincée en hauteur, et
Gambetta avec. « Vive la République ! » hurle-t-il. Et plus bas, on
lui répond : « Vive la France ! ». Inespéré ! Des paysans ont suivi
la chute du ballon et se sont portés à son secours : ils aident
Gambetta à descendre, après un trajet de plus de cinq heures. Les
uhlans sont à ses trousses, aussi sort-il précipitemment du bois,
prend une voiture rapide que l'on met à sa disposition, et gagne en
hâte Montdidier, d'où il prend le train pour Amiens. Il prend
ensuite un autre train d'Amiens jusqu'à Rouen, puis un troisième de
Rouen à Tours. Il lui aura finalement fallu deux jours et demi pour
faire le voyage de Paris à Tours.
Géocaching
J' ai perdu ma
sacoche lors de l'atterrissage trop mouvementé. Elle doit être au
pied du chêne. Il faut
retrouver ma sacoche contenant les objets nécessaires pour
constituer une armée de libération de Paris et sauver la
république!
Vive la
3eme république! Vive la
France!
Léon
Gambetta
Dure mission, car l'armée formée à Tours, n'arrivera
pas à forcer le blocus des prussiens, et Paris capitulera, la
France perdera L'Alsace et la Lorraine.
France à bientôt !
Car la sainte espérance
Emplit nos coeurs en te disant :
adieu,
En attendant l'heure de
délivrance,
Pour l'avenir... Nous allons prier
Dieu.
Nos monuments où flotte leur
bannière
Semblent porter le deuil de ton
drapeau.
France entends-tu la dernière
prière
De tes enfants couchés dans leur
tombeau ?
Vous n'aurez pas
l'Alsace et la Lorraine,
Et, malgré vous, nous resterons
français,
Vous avez pu germaniser la
plaine,
Mais notre coeur vous ne l'aurez
jamais !
Eh quoi ! Nos fils
quitteraient leur chaumière
Et s'en iraient grossir vos
régiments !
Pour égorger la France, notre
mère,
Vous armeriez le bras de ses enfants
!
Ah ! Vous pouvez leur confier des
armes,
C'est contre vous qu'elles leur
serviront,
Le jour où, las de voir couler nos
larmes,
Pour nous venger leurs bras se
lèveront !
Vous n'aurez pas
l'Alsace et la Lorraine,
Et, malgré vous, nous resterons
français.
Vous avez pu germaniser la
plaine,
Mais notre coeur vous ne l'aurez
jamais !
Ah ! Jusqu'au jour
où, drapeau tricolore,
Tu flotteras sur nos murs
exilés,
Frères, étouffons la haine qui
dévore
Et fait bondir nos coeurs
inconsolés.
Mais le grand jour où la France
meurtrie
Reformera ses nouveaux
bataillons,
Au cri sauveur jeté par la
patrie,
Hommes, enfants, femmes, nous
répondrons !
Vous n'aurez pas
l'Alsace et la Lorraine,
Et, malgré vous, nous resterons
français.
Vous avez pu germaniser la
plaine,
Mais notre coeur vous ne l'aurez
jamais !