Nous sommes à la mi-janvier et depuis 2 semaines, j'ai des douleurs au bas ventre. Au début, je croyais que c'était causé par les abus du temps des fêtes et que cette douleur parfois aiguë disparaîtrait d'elle-même. Mais, il n'en fut rien, j'avais une diverticulose qui s'était infectée et je fus hospitalisé.
Dans la chambre semi privée que l'on m'avait assignée, il y avait déjà un très vieil homme endormi dans le lit voisin du mien. Interrogeant l'infirmière qui m'accompagnait, j'ai appris qu'il était en phase terminale d'un cancer des os qui devrait l'emporter d'ici peu.
Au fil des jours, j'ai fait connaissance avec mon camarade de chambre. Il parlait très bas et il avait un léger accent anglais et des pays de l'ancienne Union Soviétique. Après 3 jours d'échange, il me demanda d'aller lui chercher dans sa vieille valise, une enveloppe toute aussi vieille. Il me regarda longuement dans les yeux comme pour m'évaluer puis délicatement, il ouvrit l'enveloppe et il en sortit une feuille qu'il me donna. Je ne comprenais pas le langage utilisé mais, je vis à la calligraphie de son auteur que celui-ci devait être originaire des pays Slaves. Il y avait aussi d'étranges symboles et plusieurs chiffres que je devinais être des coordonnées géographiques. J'ai voulu lui remette la lettre mais, il repoussa ma main et me dit;
"Non, garde là! Je crois que celui qui m'a demandé de la garder pour lui si longtemps ne la réclamera jamais plus. Il doit être mort maintenant! Viens t'asseoir plus près de moi! Je vais te raconter son histoire.
Mes parents sont arrivés à Montréal en 1929. Ils étaient des immigrants ukrainiens qui fuyaient la grande récession et la répression de la révolution soviétique. C'est là, que mon père c'est fait offrir de venir travailler avec plusieurs autres immigrants à la mine Horne à Noranda. Mes parents et moi, nous avons pris le train et nous sommes arrivés à Noranda à l'automne 1929.
Noranda 1930
La mine Horne, la plus énorme mine de cuivre au monde était déjà en production depuis 2 ans et elle avait été officiellement mise en fonction le 17 décembre 1927. J'avais seulement 16 ans mais, j'ai quand même été engagé pour travailler à la surface pour 43 ¢ de l'heure et mon père fut engagé comme mineur sous terre pour 53 ¢. C'est à cette époque, que j'ai connu un homme d'une trentaine d'années qui s'appelait Lavrenti Pavlovitch. Comme moi, il travaillait à la surface et il était le plus instruit des travailleurs immigrés. J'avais beaucoup d'admiration pour lui et je m'en étais fait un ami.
Lavrenti, avait beaucoup de charisme et il était parmi les leaders qui avaient instauré en 1930 le syndicat "Workers Unity League". Même si certain disaient que ce syndicat était d'allégeance communiste, la majorité des immigrants qui comptaient pour plus de 50% des travailleurs de la mine y ont adhéré. A l'époque on l'appelait le syndicat des Fros ("fros" est une contraction du mot anglais "foreigners", qui signifie étranger). Les conditions de travail étaient très difficiles, surtout pour ceux qui travaillaient sous la surface. Mon père, travaillait 6 jours par semaine et il était payé que pour 8 heures de travail même s'il devait prendre une à deux heures de plus chaque jour pour descendre et monter du fond de la mine dans l'unique cage. Il y avait tellement de poussières, que les mineurs les plus expérimentés estimaient qu'ils ne pourraient pas travailler plus de cinq ans sous terre sans avoir de graves maladies pulmonaires. De plus, la compagnie avait réduit de 3¢ tous nos salaires en 1931 et pourtant l'année suivante, la compagnie avait fait d'énorme profit car nous avions produit 30 millions de kilo de cuivre et 350,000 onces d'or.
C'est dans ce contexte le 11 juin 1934, que les dirigeants syndicaux avec Lavrenti en en tête, déposèrent leurs demandes syndicales au gérant de la mine m. Roscoe. Le grand "boss" Roscoe a refusé catégoriquement de négocier et le lendemain nous étions environs 300 travailleurs à faire la grève devant la mine en espérant que les autres feraient de même.
Grève de 1934 à la Noranda
Malheureusement, tous les autres, environ 1000, ont eu peur et ils sont entrés travaillés. De plus, la compagnie a embauché des briseurs de grève parmi les chômeurs de la ville, elle a fait venir des centaines de policier qui nous ont brutalisés, elle a fait arrêter Lavrenti et les autres dirigeants syndicaux et elle les a traînés devant les tribunaux. Après dix jours seulement tout était fini, la compagnie n'avait cédé sur rien et le syndicat était dissous. Nous devions retourner travailler et mon ami Lavrenti et quelques autres après leurs procès sommaires ont été déportés dans leurs pays d'origine.
Par la suite, il y a eu d'autres tentatives de syndicalisation en 1935 et 1936 mais, la répression immédiate de la compagnie les a fait échouer. En 1943, nous avions eu finalement une accréditation avec un syndicat industriel "The International Union of Mine, Mill and Smelter Workers". Le 20 novembre 1946 nous avions déclenché une grève qui dura 3 mois mais, finalement le syndicat et la grève sont déclarés illégaux par le gouvernement provincial de Duplessis.
C'est finalement le 11 janvier 1951 que l'on a obtenu l'accréditation qui a toujours cours aujourd'hui avec le syndicat des Métallos (Métallurgistes Unis d'Amérique). S'enclenche alors de longues négociations en vue d'une convention collective convenable qui semble n'aboutir à rien jusqu'en juin 1953. Et à mon grand étonnement, mon ami Lavrenti Pavlovitch était revenu.
Lavrenti
Il avait un nouveau nom, il avait beaucoup changé et seuls ceux qui avaient été autrefois ses amis très proches l'avaient reconnu et nous nous gardions bien de révéler sa véritable identité.
Donc, galvanisé par son retour, ses discours et son charisme, le 12 août 1953 nous déclenchions une grève jusqu'au 13 février 1954 ou enfin la compagnie cédait à nos revendications. Nous n'avions pas gagné grand-chose, mais au moins, notre syndicat était légal et pouvait nous représenter.
Depuis son retour j'avais renoué mon amitié avec Lavrenti, mais il n'était plus le même, il semblait paranoïaque et ne voulait absolument pas nous raconter ce qu'il avait fait depuis son départ en 1934.
Et puis, un soir de mai 1961, Lavrenti est venu chez-moi complètement paniqué. Il m'a seulement dit qu'on l'avait retrouvé, qu'il avait dû se défendre en éliminant un dragon et trahir un dénommé Rudolf Abel. Je me suis dit qu'il était devenu complètement fou. Il m'a remis une enveloppe cachetée en me faisant juré de ne le dire à personne et de ne l'ouvrir que s'il lui arrivait malheur. Il m'a fait l'accolade, il est parti et je ne l'ai jamais revu.
Noranda 1964
Voilà! Durant toutes ces années, j'ai conservé l'enveloppe que Lavrenti m'avait remise. Tous ceux de ma famille sont morts maintenant et je reste seul avec mon secret. Je vais mourir bientôt et il y a quelques semaines, j'ai ouvert l'enveloppe. J'y ai découvert une partie de la vérité sur la vie de Lavrenti et une énigme que je ne comprends pas et qui conduit à un énorme trésor qu'il a caché."
Alors, le veille homme m'expliqua que Lavrenti Pavlovitch était en fait un agent Soviétique venu au Canada dans les années 20 dans le but d'y semer les graines d'une révolution communisme comme celle qui avait balayé l'Europe de l'Est. Pour se faire, il s'était fait engagé à la Mine Horne et avec l'aide d'un complice dans la haute direction de la mine qu'il avait convaincue d'adhérer au communisme, ils ont quotidiennement détourné une partie de l'or. Au fil des années, ils avaient pu voler des dizaines de milliers d'onces d'or et celles-ci étaient destinées au financement éventuel de leurs révolutions. Seul Lavrenti savait où était caché l'or et il n'avait pas prévu d'être expulsé du pays en 1934 manu militari et d'y laisser derrière lui une fortune et son complice. De retour dans son pays d'origine pendant presque 20 ans, il y aurait jouer semble-t-il un rôle très important. Cependant, il s'y serait fait aussi beaucoup d'ennemis mortels et pour leur échapper, avec l'aide d'amis puissants, ils auraient camouflé sa disparition en juin 1953 et son retour ici sous une nouvelle identité. Finalement, il me remit une traduction de l'énigme conduisant au trésor que voici;
"Combattons les dragons et même si nous gagnons des batailles la guerre n'est pas finie. Rendez-vous à l'outrageux château du seigneur des dragons aux coordonnées N48°14.732' et W79°00.609'. Comme lui à l'époque de mon expulsion, faite varier votre latitude de 0,291' et votre longitude de 0,350' en quittant ce château par le chemin blanc qui serpentait.
De cette nouvelle position en regardant vers le Nord géographique, contempler la bête de droite qui exalte ses émanations pestilentielles. Sachez qu'entre vous et elle, il y a 326m et que vous êtes à 130,5m de la longitude la traversant. Sachez aussi, que de ce point d'observation, un degré de longitude est égal à 74km et un degré de latitude 111,2 km. Vous trouverez votre prochaine destination à l'extrémité d'une ligne imaginaire de ce dragon vers vous, en poursuivant celle-ci sur une distance égale à la distance qui vous en sépare multiplié par le nombre de lettres de mon nom de guerrier que j'ai dans ma patrie. Celui par lequel je suis le plus connu.
Se révélera à vous le château érigé à la suite de notre victoire au nom d'un chevalier ayant terrassé un dragon. Vous devez trouver le numéro de l'adresse et vous tenir à l'entrée principale de celui-ci afin d'avoir les coordonnées vous permettant de poursuivre votre quête.
À cette latitude approximative mais, à la longitude exacte, se terre Chung le dragon chinois gardien de la loi et perdu dans ses Pensées pour l'éternité. Chung vous dira l'année de sa venue au monde et avec cette information le dernier jalon se révélera à vous.
Latitude = N 48° ( ? X 0,125) - 219,641'
Longitude = W79° ( ? X 0,427) - 803,095'
Dérision ou paradoxe que de trouver or et richesse dans les déjections, les excréments et les crachas des dragons sous ma pierre tombale."
Et voilà! Une fois sorti de l'hôpital, je me suis mis à la recherche du trésor et comme moi, lancez-vous à sa poursuite.
S.V.P. Résistez à la tentation de partir avec la totalité de ce trésor fabuleux et pour conserver sa valeur, n'échanger que des petits objets de couleur or ou des petits bijoux de peu de valeur.