Caussols est situé à environ 1000 m d'altitude, à 10 km au nord de Grasse. Depuis Nice, on y accède après quelques kilomètres de virages à travers un paysage de calcaires arides. On arrive, en contrebas du col de l'Ecre, à un virage qui domine une plaine d'environ 4 km de longueur, la plaine de Caussols

On remarque que cette plaine est une vaste dépression fermée. Aucune vallée ne s'en échappe. Un ruisseau qui traverse le plateau disparaît sous terre dans un petit gouffre, l'embut de Caussols. Lors des très fortes pluies, le débit du ruisseau devient trop important pour être totalement absorbé par le gouffre et il se forme un lac qui se vidange généralement en moins d'une journée.

Cette plaine est un des plus beaux exemples méditerranéens de poljé ou bassin karstique endoréique. On remarque sa forme en cuvette à fond plat. Les terrains, composés d’argile et de marnes provenant de la dissolution du calcaire, sont imperméables. Les eaux sont drainées vers un point bas et s’écoulent dans une fissure du sol. Les eaux ainsi drainées ressortiront plus bas dans la vallée et alimenteront les sources.

La plaine ainsi formée est un poljé et le point d'absorption, est appelé ponor, le terme provençal est embut.Ce phénomène est très courant dans les terrains karstiques, il est le même qui amène la formation des dolines mais à plus grande échelle. A Caussols l’embut est un ponor actif. A l’autre extrémité du plateau, le Pissaréou est un ponor occasionnel.

Poljé

Poljé vient du serbo-croate, prononcer polié, au pluriel polja, prononcé polia, qui signifie en français plaine. Un poljé est une dépression karstique à fond plat fermée entièrement par des versants rocheux escarpés. Les eaux sont souvent évacuées par un trou au fond du poljé appelé ponor. Le poljé est ainsi relié à une nappe phréatique par un conduit naturel, ce qui produit une résurgence à l'origine d'un cours d'eau ou de l'inondation de la dépression.

Historiquement, ces zones appartenaient à la monarchie et aux monastères car elles sont très fertiles, apportant une richesse et une économie agricole.

L'un des exemples les plus spectaculaires est le lac de Cerknica (Cerkniško jezero) en Slovénie, où l'on patine en hiver, pêche les énormes truites slovènes en mi- saison et fait pâturer les animaux en été.

Un des plus grands exemples de poljé se trouve dans le sud de la Turquie à Beysehir, où l'eau des formations imperméables de l'Anatolie forme un lac de 9000 km2 dont l'eau s'infiltre dans les calcaires du Taurus pour ressortir 90 km plus au sud dans la vallée de la Manavgat.

Un autre poljé est devenu légendaire grâce au cinquième des travaux d'Hercule est celui du lac Stymphale, en Grèce.

En France, l'un des plus grands poljés se trouve sur la commune de Cuges-les-Pins, en Provence, formant une cuvette naturelle entourée de collines, on citera aussi, non loin, le double poljé de Signes et celui de Plan-d ‘Aups-Sainte-Baume . A 10 km au nord-ouest, de Caussols un poljé identique est visible à Caille.

Les phénomènes de poljés et de dolines sont de même nature.

On a une cuvette étanche en raison de la présence d’argiles et un exutoire (embut de Caussols). Lorsque l’exutoire ne peut évacuer  l’intégralité de l’eau, il déborde et un lac temporaire se forme. Cela arrive également à Caussols. A l’autre extrémité du poljé, Le Pissaréou est un ponor sec, ponor fossilisé, c’est-à-dire qu’il n’est plus actif.

Les dolines se forment par dissolution du calcaire par l’eau de pluie. Mais le calcaire comporte toujours quelques % d’argiles insolubles. Il va donc se créer une dépression correspondant à la disparition du calcaire avec au fond un dépôt d’argile.

Dans une doline on aura toujours un fond imperméable à base d’argiles et un exutoire appelé embut par où s’écoule l’eau.Le calcaire est composé d’au moins 50% de calcite Ca CO3. Le gaz carbonique de l’air se dissout dans l’eau de pluie et cette dissolution donne naissance à de l’acide carbonique, CO2 + H2O Æ CO3 H2. Le calcaire est attaquée par l’acide carbonique et donne du bicarbonate de calcium soluble dans l’eau : Ca CO3 + CO3 H2 = (CO3)2 H2 Ca. Le calcaire est donc dissous et évacué avec l’eau.Il ne reste que les silicates (argiles) insolubles qui ne représentent que quelques % de la roche. Ces argiles tapissent le fond de la dépression. Le fond des dolines est composé de terres fertiles largement exploitées pour l’agriculture par les populations locales.

Le plateau de Caussols

• Au Sud, une étendue de rochers dans le Sud (les Claps), l’érosion a dégagé une dalle de calcaires du Jurassique supérieur qui forment on observe qui forment la bordure sud de la plaine et la majorité du plateau de Caussols. Ils plongent d'environ 30° vers le nord.

• Au centre, une étendue agricole. La plaine entièrement creusée dans le Crétacé est sillonné par trois ruisseaux se déversant dans l'Embut de Caussols.

  • De l’est : le ruisseau temporaire du vallon du Plan de Gast.

  • De l’ouest : le ruisseau temporaire du vallon de Saint Lambert.

  • Du nord : le ruisseau pérenne du vallon de Bon Pré.

Au Nord, le plateau calcaire jurassique de Calern chevauche le plateau de Caussols, Il s'agit en effet d'un front de chevauchement, l'écaille de Calern venant chevaucher, vers le sud, l'écaille de Caussols, sous l'effet de la poussée alpine, sur des terrains crétacés plus ou moins plissés. L'accident frontal du chevauchement est ici masqué par les éboulis de pente et des brèches (éléments anguleux pris dans une matrice calcaire), mais il peut être observé en plusieurs points en longeant les barres. Des terrains crétacés sont présents sous les colluvions et limons de la plaine de Caussols et empêchent toute infiltration des eaux.

Généralités

Le plateau de Caussols est une zone de relief karstique. Comme la plupart des formes karstiques majeures de nos régions, il s'agit de formes héritées, mises en place sous des climats différents de l'actuel.

Un poljé est caractérisé par son endoréisme. L'endoréisme est un terme d'hydrologie décrivant un bassin versant clos retenant les eaux dans une dépression fermée. Aucun apport hydrique ne peut quitter un bassin endoréique autrement que par évaporation ou infiltration.

Les poljés sont souvent établis dans des zones de contact lithologique ou tectonique, entre des calcaires et des formations imperméables. L'eau qui circule en surface ne peut sortir du bassin que par des grottes. Ceci implique donc la présence d'un fond étanche qui autorise les circulations de surface et la proximité des calcaires qui permettent l'enfouissement.

L’embut s’ouvre très exactement au point le plus bas du poljé, au contact entre les terrains crétacés imperméables et les terrains calcaires jurassiques perméables, et à la faveur de deux failles qui abaissent et décalent légèrement les calcaires. La position de l’embut n’est donc pas due au hasard.

L'embut absorbe les eaux du poljé lors de précipitations très intenses, comme une sorte de trou-entonnoir. Les circulations d'eau, lors de très fortes précipitations, peuvent donner naissance à un lac temporaire, un lac spectaculaire qui peut parfois dépasser le niveau de la route départementale. En janvier 1996, la superficie du lac temporaire couvrait le tiers de la plaine de Caussols et la profondeur maximum du lac était de 7,5 m au-dessus de l’embut. Le niveau était tellement haut que les poteaux électriques à proximité du pont de la route départementale n’étaient plus visibles. Ce lac disparaît en quelques heures.

Les eaux qui s’écoulent dans une cuvette topographique ne peuvent pas s’échapper par un vallon, comme c’est le cas classiquement sur un versant naturel. Si les terrains sont imperméables, les eaux vont ruisseler, s’accumuler, puis s’infiltrer en profondeur dès qu’elles trouvent des terrains perméables. L’embut de Caussols est emblématique de ce cas. L’eau s’infiltre en profondeur jusqu’aux couches étanches, marnes du crétacé ou argiles du trias. Le pendage général de ces couches draine l’eau vers la vallée du Loup. On note que l’embut de Caussols alimente le Bramafan.

Géologie

Les terrains de l’arrière-pays grassois sont essentiellement sédimentaires (déposés en couches successives en milieu marin). Lors de l’orogénèse alpine (formation des Alpes), ces terrains se sont trouvés soulevés et ont glissé les uns sur les autres en direction du Sud, en formant une succession de plateaux et de plis, souvent chevauchants. Le glissement principal s’est effectué sur une « couche savon », constituée de terrains plus ou moins plastiques (terrains du Trias). L’ensemble des reliefs issus de ces déformations porte le nom d’Arc de Castellane.

Les terrains que l’on rencontre couramment dans l’Arc de Castellane et donc à proximité du Poljé de Caussols sont les suivants

• terrains du Trias (205 à 245 millions d’années) : il s’agit de marnes, cargneules, dolomies et gypses (terrains relativement plastiques). Imperméables à grande échelle, ils bloquent les écoulements souterrains qui s’infiltrent sur les plateaux calcaires grassois.

• terrains du Jurassique (135 à 205 millions d’années) : il s’agit essentiellement de calcaires (roches carbonatées). Leur résistance au plissement et à l’érosion structure les reliefs principaux (falaises de Caussols, de Calern). Ces terrains ont la particularité d’être karstifiable, c'est-à-dire d’être progressivement dissous par les eaux de pluie.

• terrains du Crétacé (65 à 135 millions d’années) : il s’agit d’un ensemble essentiellement marneux, d’épaisseur variable et facilement friable. L’érosion a souvent dégagé ces terrains et on les retrouve essentiellement dans le cœur des plis synclinaux (plis en forme de cuvette) car mieux protégés. Ces terrains sont très imperméables et les eaux ruissellent facilement dessus.

• terrains du Quaternaire (1,65 millions d’années à aujourd’hui) : il s’agit essentiellement d’éboulis, produits d’érosion, que l’on trouve communément à la base des reliefs principaux, comme sous la barre rocheuse de Calern. Très perméables, ils permettent d’alimenter de nombreuses petites sources situées à leur base, comme celles qui alimentent la commune de Caussols. Dans la plaine de Caussols, ces terrains sont différents : il s’agit de colluvions et de limons (éléments fins transportés par les eaux et déposés dans les points bas), dont la perméabilité est plutôt faible. Une fois saturés, ils sont totalement imperméables et contribuent aux surfaces de ruissellement.

• Le poljé est en cours d'évolution et on remarque autour de l'embut, d'importantes formes d'érosion qui affectent les marnes altérées formant le fond du poljé. En approfondissant ainsi son lit, le ruisseau met les calcaires à nu et l'on voit déjà apparaître des points d'infiltration en amont de l'embut, qui mèneront tôt ou tard à l'infiltration totale du ruisseau dans un nouveau ponor et à la fossilisation de l'embut actuel.

Histoire Géologique simplifiée

• Dépôts de sédiments marins Tertiaire Secondaire Socle

• En particulier au Trias (vers 200 MA) se dépose une couche d’argile qui servira ultérieurement de couche de glissement. L’épaisseur des dépôts est estimée à environ 5000 mètres à raison de 10 millimètres pendant une vie d’homme.

• Pendant le Jurassique et le Crétacé (ère secondaire ou mésozoïque), la mer recouvre la région et des sédiments s’accumulent sur le fond.

• Par effet de métamorphisme dû au poids, les vases et les boues sont transformées en roches sédimentaires (phénomène de diagenèse).

• Il y a 45 MA apparaît le soulèvement alpin consécutif à la collision des plaques Afrique et Europe.

• A partir de 20 MA l’ensemble des terrains sédimentaires sont émergés et formeront les Chaînes Subalpines.

• Par effet de pente et de compression, ces terrains commencent à glisser et se déplacent du nord vers le sud. Les couches de sédiments se déplacent à des vitesses de l’ordre de 1 à 2 cm par an.

• Mécaniquement, il se produit des fractures et des recouvrements.

• On voit ainsi des terrains récents recouvrir des terrains plus anciens. C’est le phénomène du chevauchement.

• Ces terrains marneux du tertiaire, plus tendres, sont rapidement érodés.

Hydrogéologie.

L'eau provient de l'impluvium propre de la plaine et de ses bordures, et plus particulièrement des éboulis de versant reposant sur les marnes imperméables. L'ensemble se recueille en ruisseaux qui serpentent en méandres sur les marnes remaniées imperméables de Caussols.

Au sud de la plaine, ces ruisseaux a atteignent les calcaires et y disparaissent dans l'embut. L'eau s'infiltre dans les diaclases élargies par dissolution et circule en cascade dans les galeries d'un petit gouffre. Il est possible de suivre sur quelques centaines de mètres le cours souterrain du ruisseau de l'embut, mais la visite, dangereuse, est réservée aux spécialistes.

A 40 m de profondeur, on atteint un siphon, l'eau noie totalement la galerie. Il s'agit vraisemblablement d'un siphon perché derrière lequel le réseau doit théoriquement se poursuivre en une succession de cascades jusqu'à atteindre la base des calcaires de Caussols où doivent se trouver des réserves profondes drainées par un collecteur est-ouest, calé sur l'axe du synclinal de Caussols, au-dessus des argiles imperméables du Trias.

Un traçage a prouvé une liaison avec la source de Bramafan située à l’est, dans les gorges du Loup à 6 km environ.

Votre mission

Pour se conformer aux nouvelles directives éducatives pour les Earthcaches vous devez répondre à la question suivante.

Au waypoint question (N 43°44.636 E 6°56.662) :

Faites une brève description et donnez une explication.

Attention l’endroit peut être dangereux. Il est préférable de tenir les enfants par la main et les animaux en laisse.

Loguez cette cache " Found it " et envoyez-moi vos propositions de réponses soit via mon profil, soit via la messagerie geocaching.com (Message Center), et je vous contacterai en cas de problème.