La boutonnière du pays de Bray, échancrure en forme d’amande parsemée de petits reliefs, constitue une entité géographique qui se prolonge au sud en Picardie. Elle s’étire entre Beauvais et Dieppe dans une orientation nord-est/sud-ouest, sur 60 km de long environ dont 40 km en Normandie, pour 2 à 20 km au plus de large. Sur le plan géologique, le pays de Bray correspond à un anticlinal érodé du Bassin parisien, sorte de pli étroit au centre d'un vaste plateau calcaire. Le soulèvement d'origine (de 5 à 600 mètres d'altitude) a été abaissé par l'érosion, mettant à découvert les couches argileuses dans une région en forme elliptique, qui lui a valu le nom de « Boutonnière du pays de Bray », bordée par des escarpements formant deux sortes de « lèvres », cuestas crayeuses de 60 à 100 m de dénivellation. En creux par rapport aux plateaux voisins, elle est entourée par le plateau picard, le pays de Lyons, le pays de Caux et le Petit Caux. Véritable château d’eau de la Seine-Maritime, la boutonnière est à l’origine de très nombreuses sources, qui se rejoignant, forment les vallées de l’Epte et de l’Andelle au sud-ouest vers la Seine, la vallée du Thérain au sud vers l’Oise et la vallée de la Béthune au nord en direction de la Manche.
Une exception géologique et géomorphologique
Par ses particularités géologiques et géomorphologiques, le territoire de la boutonnière forme un ensemble unique et clos, dont les limites sont définies par une cuesta festonnée et dont les horizons boisés sont perceptibles en tout point depuis l’intérieur de la boutonnière. Dans cette dépression fermée, les exutoires des rivières forment les seules sorties naturelles. En prolongement de la boutonnière, la Béthune et le Thérain se transforment doucement en vallée, tandis que l’Epte et l’Andelle entaillent fortement le coteau pour s’écouler vers la Seine. Ces passages en force dans la côte sud du Bray dessinent des portes spectaculaires, surtout depuis les vallées vers la boutonnière, où les coteaux raides signalent le franchissement d’un paysage à l’autre. Au cœur de la dépression, on retrouve plusieurs nuances de reliefs qui forment chacune des paysages originaux :
- au centre de la boutonnière, «le fond du Bray» est une zone relativement plate, très humide formant une langue irrégulière de marais et de prairies bocagères humides qui s’étend de Gournay à Forges-les-Eaux,
- au nord-est, le «Haut-Bray» est un secteur de collines et de vallons de l’ère jurassique, composés d’un bocage à mailles larges, localement ouvert, avec des herbages, des cultures, et ponctuellement quelques marais. L’habitat y est dispersé avec de nombreuses fermes et des petits hameaux,
- au sud-ouest, les «Terrasses du Bray», versants à pente très douce, situés à 100-120 mètres d’altitude. Ces terrasses sont ponctuées autour d’Argueil par des monts crayeux, (Ferté Saint-Samson, Sigy-en-Bray), paysage typique de buttes en larges dômes, cultivées ou boisées, qui dominent un paysage de cultures en grandes parcelles sur de faibles ondulations du relief,
- de part et d’autre, «les côtes de Bray», secteur de coteaux et de vallonnements, très ouverts avec de grandes parcelles de cultures, accueillant également quelques bourgs groupés sur le bas des pentes et les reliefs.
DESCRIPTION DES FORMATIONS GEOLOGIQUES
Terrain Jurassique
Etage Kimméridien : l’assise la plus inférieure de la formation jurassique dans le pays de Bray est constituée par l’étage des calcaires, argiles et lumachelles à Ostrea virgula. Non seulement cet étage affleure dans le fond des vallées au voisinage de Neufchâtel, d’une part, et de Villembray, d’autre part ; mais le relèvement de la contrée l’amène au jour dans le haut Bray, où il occupe des surfaces très étendues en formant l’arête culminante du pays.
Etage Portlandien : les assises qui succèdent immédiatement aux lumachelles à Ostrea virgula ont été rangées dans l’étage portlandien. Il débute dans tout le pays de Bray par une marne calcaire, tantôt bleue, tantôt blanche et rognonneuse, caractérisée par de nombreuses anomies (Anomia lœvigata) et par une exogyre triangulaire et dépourvue de stries identique à l’huître du portlandien de la Haute-Marne l’Ostrea catalaunica.
Au-dessus de la marne rognonneuse à Ostrea catalaunica apparaissent de minces plaquettes de grès calcaire, remarquables par l’abondance de l’Anomia lœvigata.
Au-dessus de ce système de grès calcaire sableux, on observe une assise épaisse de 15 à 20 mètres de marnes bleues et de calcaire marneux, d’un blanc jaunâtre à l’extérieur, souvent bleus à l’intérieur, et n’offrant que rarement la dureté et le grain des calcaires lithographiques.
A ce système succède l’assise la plus caractéristique de l’étage dans le pays de Bray, celle des grès calcaires glauconieux, avec sables et calcaires marneux subordonnés
L’étage des grès glauconieux est recouvert par une assise très constante, à la fois dans son épaisseur et dans ses caractères minéralogiques, celle des marnes bleues, qui tranchent par leurs caractères argileux et l’absence complète de couches dures sur les assises sous-jacentes.
L’assise supérieure du terrain jurassique dans le pays de Bray est formée par un système dont la puissance dépasse rarement 8 ou 10 mètres et où dominent les grès et les sables ferrugineux, associés à des argiles bariolées, cers dernières occupant toujours la base de l’étage.
Terrain Crétacé
Etage néocomien : l’assise inférieure de cette formation est constituée par un système de sables blancs avec argiles réfractaires. Les sables sont quartzeux, à grain fin, un peu micacés, extrêmement blancs et très finement stratifiés. La glaise est un élément essentiel de cette formation, jamais les sables n’en sont complétement exempts ; elle y forme soit des veines minces schisteuses et irrégulières d’un gris violacé, soit des amas irréguliers d’argile grise ou blanchâtre.
Ensuite, vient un système dont l’épaisseur varie entre 15 et 25 mètres, formé par des couches alternatives de sables jaunes ou de grès ferrugineux et de glaises noirâtres plus ou moins feuilletées.
Au-dessus de ces grès ferrugineux apparaît une formation qui constitue l’un des meilleurs horizons géologique du pays de Bray, celle de la glaise panachée ou argile rose marbrée. Elle est formée par une argile blanc grisâtre, maculée de rouge sang ou de rose vif, avec tâches noires à éclat métallique d’oxyde de manganèse.
Etage Aptien : au moins dans la partie méridionale du pays de Bray, il existe quelques rudiments d’un étage marin, synchronique de l’argile à plicatules ou étage aptien qui forme le sommet du terrain néocomien. La présence des huîtres dans l’argile prouve que la mer des argiles aptiennes s’est étendue au moins jusque-là.
Etage Albien : formation de sables sans fossiles dont la puissance varie entre 20 et 40 mètres et dans laquelle il est facile de reconnaître l’étage des sables verts. Ce sable est jaune, à grain fin, quartzeux, sans mica, plus ou moins abondamment mélangé de petits grains verts de glauconie et entremêlé de quelques minces filets d’argile rouge ou verdâtre.
L’argile de gault, qui couronne les sables verts, se montre rarement à découvert dans le pays de Bray. Très peu épais dans toute la partie méridionale où sa puissance dépasse rarement 6 mètres, l’argile de gault devient beaucoup plus importante aux environs de Neufchâtel.
Au-dessus de l’argile de gault se développe une formation de 40 à 45 mètres se composant essentiellement d’une marne argileuse plus ou moins durcie par de la silice : la gaize.
Etage Cénomanien : la composition des étages sédimentaires dans le pays de Bray subit, à partir de la gaize solide, une transformation. Tandis que jusqu’alors les dépôts s’étaient montrés presque uniquement argileux ou sableux, l’élément calcaire va désormais prédominer d’une manière exclusive.
Etage Turonien : la craie marneuse forme une assise très régulière, puissante de 60 à 70 mètres, constituée par une craie blanchâtre à grain fin, un peu argileuse, généralement dépourvue de silex.
Etage Sénonien : la craie blanche n’apparaît qu’au sommet des falaises qui forment les deux lèvres du pays de Bray. Depuis la pointe nord-ouest de la région jusqu’aux approches de Beauvais, l’épaisseur de l’affleurement de craie blanche se maintient constamment entre 20 et 25 mètres.
Terrain Tertiaire
Les terrains tertiaires ne sont pas représentés dans le pays de Bray proprement dit. Cependant, la formation éocène a été très directement affectée par le soulèvement de la région, et son terme inférieur, l’étage de l’argile plastique, a laissé sur les deux lèvres du pays de Bray des témoins qui attestent son extension primitive sur le territoire ainsi soulevé.
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1. La boutonnière du Pays de Bray est délimitée par des cuestas, que signifie ce terme?
2. De quelle couleur sont les sables de l'étage Albien du Cétacé?
3. Sur la table d'orientation, au sud, quel matériau géologique est extrait de la Cuesta Sud?
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The buttonhole of the country of Bray, almond-shaped notch dotted with small reliefs, is a geographical entity that extends south in Picardy. It stretches between Beauvais and Dieppe in a north-east / south-west orientation, 60 km long about 40 km in Normandy, for 2 to 20 km at most wide. Geologically, the country of Bray corresponds to an eroded anticline of the Paris Basin, a sort of narrow fold in the center of a vast limestone plateau. The original uplift (5 to 600 meters above sea level) was lowered by erosion, exposing the clay layers in an elliptically shaped area, which earned it the name of "Boutonnière du pays de Bray" , bordered by escarpments forming two kinds of "lips", chalky cuestas of 60 to 100 m of unevenness. In hollow compared to the neighboring plateaux, it is surrounded by the picard plateau, the country of Lyons, the country of Caux and the Small Caux. Real water tower of the Seine-Maritime, the buttonhole is at the origin of many sources, which join, form the valleys of the Epte and Andelle south-west towards the Seine, the valley of Thérain south towards the Oise and the valley of Bethune to the north in the direction of the Channel.
A geological and geomorphological exception
By their geological and geomorphological peculiarities, the territory of the buttonhole forms a unique and closed ensemble, whose limits are defined by a scalloped cuesta and whose woody horizons are perceptible in every point from the inside of the buttonhole. In this closed depression, the outlets of the rivers form the only natural outlets. As an extension of the buttonhole, Béthune and Thérain slowly turn into a valley, while the Epte and Andelle severely cut the slope to flow to the Seine. These passages in force in the south coast of Bray draw spectacular doors, especially from the valleys to the buttonhole, where the steep slopes signal the crossing of a landscape to another. At the heart of the depression, there are several nuances of reliefs that each form original landscapes:
- in the center of the buttonhole, "the bottom of the Bray" is a relatively flat, very humid area forming an irregular tongue of swamps and wet meadows that extends from Gournay to Forges-les-Eaux,
- in the north-east, the "Haut-Bray" is a sector of hills and valleys of the Jurassic era, composed of a wide open-cut grove, with grassland, crops and, occasionally, some marshes. The habitat is scattered with many farms and small hamlets,
- in the south-west, the "Terrasses du Bray", slopes with very gentle slope, located at 100-120 meters above sea level. These terraces are punctuated around Argueil by chalky mountains, (Ferté Saint-Samson, Sigy-en-Bray), typical landscape of mounds in large domes, cultivated or wooded, which dominate a landscape of crops in large plots on weak undulations of the relief,
- on both sides, "the coasts of Bray", sector of slopes and undulating, very open with large plots of crops, also welcoming some villages grouped on the bottom of the slopes and the reliefs.
DESCRIPTION OF GEOLOGICAL FORMATIONS
Jurassic Land
Kimmeridian stage : the lowest base of the Jurassic formation in the Bray region is formed by the limestone, clay and lumachelle layer at Ostrea virgula. Not only is this floor exposed at the bottom of the valleys near Neufchâtel, on the one hand, and Villembray, on the other; but the rise of the country brings it to light in the upper Bray, where it occupies very extensive surfaces forming the culminating ridge of the country.
Portlandian stage: the foundations that immediately follow the lumachelles atOstrea virgula have been arranged in the Portlandian stage. It begins in the whole country of Bray by a limestone marly, sometimes blue, sometimes white and rognonneuse, characterized by numerous anomies (Anomia lœvigata) and by a triangular exogyre and devoid of streaks identical to the oyster of the Portlandian of Haute- Marne l’Ostrea catalaunica.
Above the raspberry-bearing marl at Ostrea catalaunicathere are thin slabs of calcareous sandstone, remarkable for the abundance of Anomia lœvigata.
Above this sandy calcareous sandstone system, there is a thick foundation of 15 to 20 meters of blue marl and marly limestone, a yellowish-white outside, often blue inside, and not offering rarely the hardness and grain of lithographic limestones.
To this system succeeds the most characteristic seat of the floor in the country of Bray, that of the calcareous sandstone glauconieux, with sand and marly limestones subordinated.
The floor of the glauconous sandstones is covered by a very constant base, both in its thickness and in its mineralogical characters, that of the blue marl, which delineate by their clay characters and the complete absence of hard layers on the subsoils underlying.
The upper bed of the Jurassic terrain in the Pays de Bray is formed by a system rarely exceeding 8 or 10 meters, dominated by sandstone and ferruginous sands, associated with variegated clays, the latter still occupying the base of the stage.
Cretaceous land
Neocomian stage : the lower course of this formation is constituted by a system of white sands with refractory clays. The sands are quartzose, fine-grained, slightly micaceous, extremely white and very finely stratified. Clay is an essential element of this formation, never the sands are completely exempt; it forms either thin schistose and irregular veins of purplish gray, or irregular clusters of gray or whitish clay.
Then comes a system whose thickness varies between 15 and 25 meters, formed by alternate layers of yellow sands or ferruginous sandstones and more or less flaky blackish mud.
Above these ferruginous sandstones appears a formation which constitutes one of the best geological horizons of the country of Bray, that of variegated clay or marbled pink clay. It is formed by a greyish white clay, spotted with blood red or bright pink, with black spots with metallic luster of manganese oxide.
Aptian stage : at least in the southern part of the Bray country, there are some rudiments of a marine floor, synchronic clay plicatula or Aptian stage that forms the top of the Neocomian terrain. The presence of oysters in the clay proves that the sea of the Aptian clays has spread at least until then.
Albien stage: formation of sands without fossils whose power varies between 20 and 40 meters and in which it is easy to recognize the stage of the green sands. This sand is yellow, fine grained, quartzose, without mica, more or less abundantly mixed with small green grains of glaucony and intertwined with a few thin nets of red or greenish clay.
The gault clay, which crowns the green sands, is seldom exposed in the Bray country. Very thin in all the southern part where its power rarely exceeds 6 meters, gault clay becomes much more important around Neufchâtel.
Above the gault clay a formation of 40 to 45 meters is developed consisting essentially of a clay marl more or less hardened by silica: the gaize.
Cenomanian stage : the composition of the sedimentary stages in the Bray country undergoes, from the solid gaize, a transformation. While until then deposits had been almost entirely clayey or sandy, the limestone element will now predominate exclusively.
Turonian stage the marly chalk forms a very regular base, powerful from 60 to 70 meters, constituted by a whitish chalk with fine grain, a little clay, generally devoid of flint.
Senonian stage : the white chalk appears only at the top of the cliffs which form the two lips of the country of Bray. From the northwestern tip of the region to the approaches of Beauvais, the thickness of the white chalk outcrop is constantly maintained between 20 and 25 meters.
Tertiary ground
Tertiary lands are not represented in the country of Bray proper. However, the Eocene formation was very directly affected by the uprising of the region, and its lower term, the floor of the plastic clay, left on the two lips of the country of Bray witnesses that attest its primitive extension on the territory thus raised.
VALIDATION
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1. The buttonhole of the Pays de Bray is delimited by cuestas, what does this term mean?
2. What color are the sands of the Albian stage of the Cetacea?
3. On the orientation table, to the south, what geological material is extracted from the Cuesta Sud?
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