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On a volé la Tour Eiffel ! Mystery Cache

Hidden : 11/13/2017
Difficulty:
5 out of 5
Terrain:
1 out of 5

Size: Size:   small (small)

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Geocache Description:

On a volé la Tour Eiffel ... 

... Paris, 29 février 1912


Les arbres du champ de Mars sont emprisonnés dans un cocon de glace.
Les rares passants pressent le pas sous la lueur blafarde des becs de gaz.
L'hiver a figé soudainement la ville lumière.

Au dernier étage d'un hôtel particulier Sieur Arno s'éveille en sursaut, secoué par un cauchemar. L'aube se lève à peine. Le froid le saisit au sortir de son lit, il s'emmitoufle dans un immense peignoir et ouvre les lourds rideaux de velours de sa chambre.

La vue sur le Champ de Mars est splendide. Au loin, la Seine est enfin rentrée dans son lit.
Pourtant, un étrange malaise l'habite... une petite chose qui le tarabuste.. Mais quoi ?
Il revient sur ses pas, et regarde par la fenêtre... Tout est calme, si vide.... SI VIDE ??? Sieur Arno se fige sur place.
Non, ce n'est pas possible, il est encore endormi, il va se réveiller !

Et pourtant...Il faut se rendre à l'évidence, l'étrange construction de son ami Gustave a disparu.

On a volé la Tour Eiffel !!

Sieur Arno, qui n'est pourtant pas matinal est à présent tout à fait réveillé.
Il arpente son vaste appartement de long en large, s'arrachant les cheveux (si, si, c'est possible !) répétant inlassablement les mêmes questions "Qui ?" "Pourquoi ?"

Soudain, un visage lui apparaît. Il le voit comme s'il était devant lui, un rictus de victoire sur les lèvres.
Son rival, son pire ennemi, le Marquis de Zellid. Depuis qu'il a installé ses quartiers à Montmartre, son appétit est illimité. Il était entré dans une rage folle en voyant la Tour s'élever. Sa basilique, alors en construction, devait être plus belle, plus haute.
C'est sûr, ce machiavélique personnage avait fait disparaître la Tour Eiffel.

Sieur Arno s'habille à la hâte. Il se précipite dehors, manque de glisser sur le sol gelé. Il avise un vélocipède et l'enfourche prestement. Il pédale à tout rompre, traverse la Seine, salue le Zouave qui semble résigné d'avoir encore les pieds mouillés.

Il s'épuise en grimpant la butte et arrive enfin hors d'haleine devant l'immense château du Marquis. Il envoie valser sa monture et tambourine à la porte.
Rien
Il insiste, tempête, se hisse pout regarder par les fenêtres mais n'aperçoit pas une ombre.
Il contourne alors le jardin et décide de forcer la porte à l'arrière de la cuisine.
Il faut qu'il retrouve son trésor !
Pas à pas, il progresse le long du sombre couloir.

Il est déjà venu lors d'une grandiose réception. Il n'hésite pas et se dirige vers le bureau.

Sieur Arno reste un moment interdit sur le pas de la porte : la pièce est entièrement tapissée de cartes, du sol au plafond. Des lieux connus, des terres plus reculées. Chaque carte est jonchée de curieux visages jaunes au sourire narquois.
Sieur Arno oublie un moment sa Tour chérie, tant il est intrigué par cette curieuse cartographie. Il s'approche et son sang ne fait qu'un tour. Le sourire de ce faquin de Zellid est partout, sur chaque carte. Même là.... à l'emplacement de sa Tour.
Plus loin, des plans de construction de la basilique et là... un dessin qui lui arrache le coeur....

Non... c'est donc cela... La Tour Eiffel en guise de flèche...

Sieur Arno en a le souffle coupé et se laisse choir sur un fauteuil de brocart. Le tête entre les mains, il dodeline doucement tout à son désespoir, quand son œil est attiré par une lettre tombée à terre.

– Qu'est-ce donc ? On dirait... mais oui, c'est la signature de Maître Alcabius.

Ainsi, Maître Alcabius, ce vieux fou, serait responsable de cette terrible disparition ?

Il n'habite pas loin et Sieur Arno décide de se rendre chez lui immédiatement.

Las, le vélocipède a disparu, probablement emporté par un brigand. Sieur Arno part d'un bon pas, le soulier alerte sur les pavés gelés et parvient à la demeure du Maître.

Transi de froid, il joue du heurtoir contre la porte. Celle-ci s'entrouvre sur une petite bonne femme au regard sévère.
– Monsieur ?
– Sieur Arno, je veux voir Maître Alcabius immédiatement !
– Mon bon Maître n'est pas encore là, mais je vous en prie, veuillez l'attendre dans son bureau.

La servante le fait pénétrer dans une petite pièce sentant la cire et le bois.

Sieur Arno ne peut rester en place. Il arpente la pièce de long en large, feuilletant l'album photo, tapotant chaque objet sur le bureau, les remettant soigneusement en place pour que la servante ne le remarque pas.

Il s'enhardit, fouille dans les papiers. De la correspondance, de curieux dessins ésotériques, certains ressemblant étrangement à la Tour Eiffel. Ah ah, je te tiens, Alcabius, jubile t-il ! Je sais que c'est toi. Je t'attends... De rage, Sieur Arno fait valser tous les papiers et découvre, sous l'un deux, soigneusement caché, un petit message : « DR WHO, 29 février, 11h ».

Ainsi, Maître Alcabius a rendez-vous avec ce mystérieux Docteur Who, bien connu sur la place parisienne pour ses élucubrations au sujet du temps et de l'espace.

Arno a déjà assisté à l'une de ses conférences, de longs discours racontant ses voyages à la rencontre d’illustres personnages, tous morts. Il l'avait alors pris pour un pauvre fou, mais gardait, par amusement, sa carte de visite dans son portefeuille.

Mais qu'est-ce que Maître Alcabius peut bien faire avec cet homme ... un doute mêlé d'une lueur d'espoir l'assaille ... auraient-ils fomenté un complot contre sa Tour chérie ?

Sieur Arno consulte sa montre à gousset, il a juste le temps de les surprendre au rendez-vous. Il repart sur les routes gelées et traverse Paris. Il est pile onze heures lorsque qu'il fait retentir le carillon. Il entend des petits pas feutrés à travers la porte, une drôle de voix, et enfin le penne qui grince.

– Entrez, entrez, vous voici enfin.

La porte vient de s'ouvrir sur une petite dame toute menue, flanquée d'un grand chien blanc qui se précipite joyeusement sur Sieur Arno.
– Snoopy, couché ! Du calme, Snoopy ! Venez, dépêchez-vous, ils vont commencer.
– Mais, Madame, je ne comprends pas...
– Allons, ne perdons pas de temps, mon époux a vraiment fait des découvertes extraordinaires, venez vite.

Sieur Arno n'a pas le temps de réfléchir. Il est introduit dans la magnifique bibliothèque du Docteur Who. On y devine, couvrant chaque mur, de précieux ouvrages en cuir. Au centre de la pièce trône une cheminée monumentale, décorée d'un tableau. Sûrement l'oeuvre d'un maître italien ...

Maître Alcabius et Docteur Who sont tous deux assis sur de moelleux fauteuils.

Ils lèvent les yeux à l'entrée de l'intrus et Dame Who s'efface en murmurant :
– Mon mari a fait d'extraordinaires découvertes, il faut le dire à tous, il faut le dire...

Les deux hommes se lèvent :
– Sieur Arno, quel plaisir de vous voir, mais que nous vaut cette visite impromptue en cette très fraîche matinée ?
– Je m'en vais droit au but : je viens m'enquérir auprès de vous de la disparition de La Tour ce matin, disparition qui n'a pu vous échapper.
– Oui, nous l'avons constaté, une belle réussite, n'est-ce pas ?
– Une réussite ? Mais que diable me parlez-vous de réussite alors que le champ de Mars se trouve dépourvu de son coeur, de son âme, de son Soleil, ... que dis-je, un Soleil ? ... non, une Merveille !
– Très cher, n'exagérez pas. Ne pensez-vous pas que cette Tour puisse servir à d'autres expériences ?
– D'autres expériences ? Mais quelles sont ces fadaises ? Ma Tour doit revenir à sa place, là où les Parisiens la chérissent.

Sieur Arno s'agite en tous sens. Ses yeux fulminent mais ne peuvent s'empêcher de fixer le tableau qui orne la cheminée. Il retient un sursaut d'horreur : le chien. C'est le chien blanc qui est peint sur cette toile ! Ce tableau, véritablement, jure avec le reste de la décoration. Malgré son angoisse, Sieur Arno a le temps d'en conclure qu'il n'aime définitivement pas la peinture moderne. On ne badine pas avec l'esthétique !

La voix de Docteur Who le ramène à la réalité :
- Pourquoi ne pas y voir là une belle opportunité ?
- Une opportunité ? Priver Paris de son symbole le plus cher, du symbole qui fait sa renommée ?
- Justement, sa renommée n'en sera peut être que plus grande, ce magnétisme ne serait être inutile tout de même !
Maître Alcabius renchérit, battant des mains, les yeux pétillants d'excitation :
- Hummm, le magnétisme de ces milliers de petits croisillions...

Devant tant d'élucubrations, Sieur Arno s'énerve :

- Magnétisme à présent ! Messieurs votre folie n'a d'égal que mon désespoir. Vous ne m'êtes d'aucune utilité, je ne vous salue point !

Il attrape son chapeau et sort en claquant la porte. Que faire... Il marche d'un pas nerveux vers chez lui. La Tour est peut-être revenue ?

Hélas... point de flèche à l'horizon...

Sieur Arno n'est plus que l'ombre de lui-même. Il erre sur le Champ de Mars. Le froid pénétre dans ses membres, s'insinue sous son feutre...
Il s'adosse à un réverbère et laisse couler ses larmes.
Tout à son chagrin il ne voit pas le curieux personnage qui s'approche de lui.
- Toc toc
- Hein ? Quoi ? Qui me parle ?
- Toc toc, Tof, je suis Tof. Fait Très Froid, hein ? Fait Très Froid
Sieur Arno lève la tête et reste pétrifié de surprise : l'énergumène est presque nu, uniquement vêtu d'un singulier maillot moulant.

- Mais enfin mon jeune ami, vous avez perdu l'esprit ! Couvrez vous donc !
L'étrange petit homme sautille autour de Sieur Arno en poussant de petits cris :
- Fait Très Froid, Tof, je suis Tof. Il a dit " je vous écoute" Toc toc, Fait Très Froid.
Elle est partie, pfff, comme ça. Hop, Tof, Toc, Fait Très Froid !
- "Elle" est partie ? Qui est partie ?
- Pfff, comme ça, hop, hop, disparue
- Mais qui, quoi ?
- Je vous écoute, il a dit "je vous écoute"
- Écoutez jeune homme, je ne comprends pas un traître mot de votre charabia. Passez votre chemin et laissez moi pleurer ma Tour.
- Oui, oui, c'est ça, elle est partie ! Hop, Tof, Toc, Fait Très Froid
- Ma Tour ? Vous parlez de ma Tour ?
- Oui, partie, pfff... Il a dit je vous écoute. Il sait, lui.
Sieur Arno se dresse d'un bond tandis que le petit homme s'agite de plus belle.
- Qui sait ? Qui ? Parle maraud ou je t'arrache la langue !
- Hop, hop, Tof ne parle qu'à Docteur Smy. Fait Très Froid
– Où puis-je trouver ce docteur, aidez-moi ?

Sieur Arno comprend qu'il ne tirera rien de cet étrange énergumène qui vient de se figer devant lui telle une statue. Quelle étrange folie. Il se demande un court instant à qui cet illuminé essaye de ressembler ...

Et encore un docteur ... c'est une conspiration ? Où le trouver celui-là ? Et d'ailleurs est-ce vraiment une piste ?.

Il a vraiment besoin de réfléchir et décide de continuer sa promenade vers la Seine. L'eau qui coule le calmera sûrement. Les vaguelettes, les péniches, le reflet de la T... Nooooon !! Jamais plus il ne verra SA merveilleuse Tour se refléter dans l'onde azur...

- Allons, allons, il ne faut pas se laisser aller ainsi !

Sieur Arno relève la tête, regarde autour de lui, mais ne voit personne.

– Il ne faut pas se laisser aller, Monseigneur, il faut analyser chaque détail.

Sieur Arno se demande s'il ne devient pas fou. Il a beau scruter les alentours, il ne voit personne.

– Je suis là, Monseigneur, à vos pieds.

Sieur Arno se penche et découvre une minuscule souris violette. Il se frotte les yeux. C’est bien cela, il est en train de perdre l'esprit.

– Est-ce ma couleur qui vous interpelle Monseigneur ?

Sieur Arno sursaute, la souris vient de lui parler. Sa Tour disparait, une souris lui parle.... Une immense lassitude s'empare de lui.

- Une souris qui parle ?, interroge-t-il en fixant l'étrange créature violette
- Oui, et alors ? Vous vous étonnez de peu de choses, la Tour n'a-t-elle pas disparu ? N'est-ce pas là plus grand mystère ? Que vais-je ronger maintenant ?
- Je suis perdu, je la cherche, je ne comprends pas. Un illuminé m'a parlé d'un certain "Docteur Smy" qui aurait des informations, mais je ne sais où le trouver.
– Docteur Smy ? Mais je le connais très bien, j'ai un bon ami qui habite chez lui. Isidore, un poulet très propre et très poli. Allez, suivez-moi !

La souris se met à trottiner et Sieur Arno peine à la suivre. Elle grimpe, saute, s'arrête pour grignoter, repart et s'engouffre enfin dans une cour d'immeuble.

– Voilà, Monseigneur, c'est ici.

Sieur Arno est exténué. Il sonne, attend et trépigne devant la porte close. Il sonne à nouveau et enfin, Docteur Smy vient lui ouvrir. Enfin, il suppose : devant lui se tient un homme en blouse blanche, l'air hagard...

– Monsieur ?
– Je suis Sieur Arno, vous détenez des informations très importantes !
– Mmmmm... entrez donc.
– Pas le temps, pas le temps, une souris violette m'a donné votre adresse et ...
– Une souris, dites-vous... c'est intéressant...
– L'homme en maillot aussi...
– Mmmm, un homme en maillot... pouvez-vous m'en dire plus ?

Sans même s'en rendre compte, Sieur Arno a pénétré dans le bureau du Docteur Smy.

Il est tant épuisé qu'il rêve de s'allonger sur la confortable méridienne qui orne la pièce, mais un poulet y a élu domicile.

« Salut Isidore », dit-il sans y penser.

– Tiens, vous connaissez Isidore ?
– Oui, c'est la souris... mais qu'est-ce que je raconte, moi ! Je viens pour la Tour Eiffel. On me l'a volée.
– La Tour Eiffel dites-vous ? Mmmm c'est intéressant... Pouvez-vous m'en dire plus ?
– Oui, on a volé la Tour !
– La Tour ? Oui, oui, je vois...
– L'homme en maillot m'a dit que vous saviez qui l'a fait disparaître
– Disparaître, dites-vous ?
– Mais vous êtes pénible ! Cessez de tout répéter. Je vous dis que MA Tour s'est envolée. M'écoutez-vous à la fin ?
– Je vous écoute...
– Qui a volé la Tour, pourquoi ? Parlez, je vous en prie !
– Oh oui, parlez-moi...

Sieur Arno comprend qu'il se fourvoie une fois de plus. Il se dirige vers la porte mais Docteur Smy le retient.
– Non, ne partez-pas, parlez-moi, je vous en prie... j'aime tant qu'on me parle...

Docteur Smy tombe à genoux et sanglote. Il s'accroche au pantalon de Sieur Arno qui peine à se dégager.
– Mais lâchez-moi, enfin, c'est indécent tout de même
– Je vous écoute, parlez- moi ...

Sieur Arno se dégage d'un geste sec et court vers la porte. Dans le corridor il entend encore la voix chevrotante du bon Docteur : « je vous écoute, je vous écoute »

Sieur Arno ne s'arrête pas. Il fuit à toutes jambes et court à perdre haleine. Il sait désormais que jamais il ne reverra sa Tour chérie. Son désespoir est sans limite, il faut qu'il se confie à un ami... une amie, SON amie, la Reine. Hélas, celle-ci a depuis longtemps quitté ses quartiers parisiens pour s'installer dans une lointaine contrée.

Oui, c'est cela. Il va prendre le train et aller se réconforter auprès de la Reine. Elle trouvera les mots, il en est sûr. Il se remet à courir de plus belle et atteint la gare en quelques foulées. Il pénètre dans le hall sans ralentir l'allure et bouscule un jeune homme qui semble aussi pressé que lui. Dans la collision, l'homme a laissé choir un sac postal qui s'est ouvert et a répandu de nombreuses missives au sol.

Sieur Arno est à moitié assommé, mais reconnaît immédiatement son ami Aiko
– Ca par exemple ! Aiko ! Seriez-vous légèrement en retard, dit-il avec une pointe d'ironie, connaissant la légendaire ponctualité de son compagnon.

– Ah ! Sieur Arno, pardonnez mon empressement, dit-il en ramassant le courrier à la hâte. Je dois déposer ce sac dans le prochain train postal, et aller remonter les mécanismes de la grande horloge. Imaginez si elle ne donnait plus l'heure exacte ?! Mais vous, que faites-vous donc ici ?
– Je suis désespéré, on m'a volé la Tour Eiffel. Je vais noyer mon chagrin auprès de la Reine
– La Reine ? Saluez-là de ma part, je me suis levé trop tard pour la voir lors de son dernier passage à Paris.
– Avec plaisir. Pardonnez-moi de ne point bavarder plus, je dois prendre mon train.
– Oui, oui, et je suis en retard, très en retard !

Sieur Arno sourit en voyant son ami partir en courant, son sac sur l'épaule. Il se dirige vers le quai et monte dans son train.

- Bienvenue à bord. Je suis Kirdec, à votre service !

L'homme qui vient de s'adresser à Sieur Arno est très jeune. Vingt ans, tout au plus, le cheveu parfaitement peigné. Il est vêtu de l'uniforme de la compagnie d'un magnifique bleu roi.

- Que puis-je faire pour vous être agréable ?

- Tout est chaos A côté.
Tous mes idéaux : ma Tour envolée.
Je cherche une âme, qui pourra m'aider.
Si je dois tomber de haut, que ma chute soit lente.
Je n'ai trouvé de repos que dans l'indifférence.
Pourtant, je voudrais retrouver ma Tour,
mais rien n'a de sens, et rien ne va.

- Oh mais ça n'a pas l'air d'aller du tout...

- Ma Tour s'est envolée

- Envoler ... moi aussi je rêve de m'envoler un jour, aller d'un pays à un autre.
Chaque jour je vois défiler le même paysage.
Derrière les fenêtres des vies, longtemps, se perdent.
Derrière les fenêtres j'envie des mondes qui ressemblent aux songes.
Derrière les carreaux tombent en lambeaux des êtres.

- Ma Tour ...
J'ai peur du vide.
Je tourne des pages.
Mais ... des pages vides...

- Allons, ne vous laissez pas aller.
Moi je veux vivre, aller haut, pouvoir me dire : Que c'est beau !
Je rêve, Monsieur, de ces beaux dirigeables. Que n'aurais-je point donné pour faire partie de ces pionniers.

- Vous ne me comprenez pas, je parle du vol de la Tour Eiffel !

- Si, si, je vous comprends, c'est une date à marquer dans l'histoire de France.

- Ah mais c'est insupportable ! Laissez-moi, jeune homme !

- C'est sans doute cette pilosité extrême qui vous met de si méchante humeur, dit Kirdec en lorgnant sur la barbe qui recouvre le visage de Sieur Arno. Nous avons un barbier à bord, il va vous nettoyer tout ça.

- Laissez-moi, je vous dis ! Vous ne savez pas ce que cela signifie pour moi.
Tout s'efface, un point dans l'univers,
dans des eaux solitaires,
être privé de tout, de soi...

- Je vous assure, cette barbe... bouh... dit-il en essayant de cacher son air dégoûté. Notre barbier...

Devant le regard courroucé de Sieur Arno, Kirdec s'arrête net et bat en retraite. Il s'éloigne en chantonnant :
« Pas le droit de s'en faire,
pas plus le droit de s'enfuir.
Il m'faut des hop des hop, de l'air de l'air... »

Sieur Arno soupire et se laisse bercer par le chuintement des rails.
Par la fenêtre il voit se dessiner les crêtes enneigées, son voyage touche à sa fin.
Avec cet original, il n'aura pas vu le temps passer.
Le train amorce son freinage.
Il se lève lourdement, enfile sa redingote, ajuste son feutre.
Les abords de la gare sont d'une blancheur immaculée.

La Reine aura-t-elle reçu son télégramme envoyé à la hâte ?
Tant de choses se sont passées depuis ce matin, Sieur Arno se sent si las.
Soudain un sourire familier se dessine parmi les visages frigorifiés sur le quai.
La Reine est là, agitant joyeusement la main.

Il descend prudemment du marche-pied gelé et s'approche de la Reine
- Ma chère amie, quel bonheur de vous voir
- Cher Arno ! Votre message m'a surprise. Je vous manquais donc tant ? dit-elle avec un sourire coquin.
- Ma Reine, oh ma Reine, c'est une tragédie... répondit-il en tremblant.
- Mais vous êtes transi de froid ! Allons, venez vous réchauffer chez moi autour d'une bonne tasse de thé. Je le fabrique moi-même, vous verrez, il a des vertus magiques !
- Si seulement il avait le pouvoir de me rendre ma Tour...
- Votre Tour ? ...
- Oui ma douce Reine. Ma Tour Eiffel. On me l'a volée. Hier au soir j'admirais encore sa majesté de mes fenêtres et ce matin...

Sous l'oeil incrédule de Sieur Arno, la Reine se met à rire à gorge déployée.
- C'est cela qui vous rend si malheureux ? hoquette-t-elle ? Ce tas de ferraille ?
- Mais ?...
- Cet engin lunaire ?

Elle rit tant que ses mots sont hachés.
- Ma Reine..
- Ce suppositoire solitaire...

Sieur Arno est éberlué. Comment la Reine peut-elle ainsi se moquer ?
- Ma Reine, vous connaissez si bien Paris. Pouvez-vous l'imaginer dépourvue de sa splendeur ?
- Splendeur ? Ce grillage infundibuliforme ?

La Reine rit de plus belle. Une hideuse grimace déforme son visage. Soudain ce n'est plus sa merveilleuse amie qui se tient devant lui, mais Maître Alcabius, les bras chargés de vis et d'écrous provenant de la Tour démantelée.
- Ma Tour, implore-t-il.

La voix de la Reine s'éloigne, il n'entend plus que son rire sardonique qui résonne.

Dong !

Des dizaines de souris violette sortent soudain de ses poches et s'enfuient dans la neige.

Dong, dong !

Un homme en maillot l'attrape par le bras et l'entraîne dans une gigue infernale.
Une ronde s'est formée autour d'eux. De son manège il peut apercevoir une petite dame qui lui crie :
- Je vous avais pourtant dit d'écouter mon mari, il a fait des découvertes extraordinaires....

Dong, dong, dong !

Sieur Arno est pris de vertige. Du coin de l'oeil il entrevoit le Marquis de Zellid, un petit chien blanc sous le bras, dessinant des centaines de visages dans la neige.

La montagne se met à vibrer et une voix d'outre tombe s'élève :
- Je vous écoute !!...

Dong, dong, dong, dong !

Une ombre s'abat sur Sieur Arno. Il n'a que le temps de se jeter à terre pour éviter une lame de rasoir qui fend l'air :
- Barbier, barbier à bord !

Dong, dong, dong, dong, dong !

Sieur Arno se met à courir à perdre haleine.

Dong dong, dong, dong, dong, dong !

Il se bouche les oreilles pour ne plus entendre ce gong diabolique qui retentit. L'aiguille de la Grande Horloge est bloquée sur minuit !

Dong dong, dong, dong, dong, dong, dong !

DONG DONG DONG DONG DONG DONG

Sieur Arno se débat, brasse l'air, crie... et s'éveille enfin.

A Paris, au dernier étage d'un hôtel particulier, le 29 février 1912.
Les arbres du Champ de Mars sont emprisonnés dans un cocon de glace.
Les rares passants pressent le pas sous la lueur blafarde des becs de gaz.
L'hiver a figé soudainement la ville lumière.

L'aube se lève à peine. Le froid saisit Sieur Arno au sortir de son lit. Il s'emmitoufle dans un immense peignoir et se dirige vers la pendule de son salon dont l’aiguille est bloquée sur minuit.
Le dong cesse enfin. Il faudra qu'il pense à la faire réparer.

Il ouvre les lourds rideaux de velours de sa chambre.

La vue sur le Champ de Mars est splendide. Au loin, la Seine est enfin rentrée dans son lit.

Au sol, balayée par le mouvement des rideaux, une plume de poulet s'envole...

 


 

Vérifiez vos solutions aux différentes énigmes ci-dessous.
RAPPEL : pour les checkers certitudes, pas d'accent, pas d'espace.

Enigme 1



Enigme 2



Enigme 3



Enigme 4



Enigme 5



Enigme 6



Enigme 7



Enigme 8



Enigme 9



Enigme 10



Enigme 11



Checker !

 

Additional Hints (Decrypt)

Ravtzrf 100% Cnevf, gebhirm yrf zbgf, erpbafgvghrm yr chmmyr. Ravtzr 5 : p'rfg ener ha mltba ... ibhf êgrf ienvzrag qbpgrhe ? Ravtzr 6 : gebhirm y'nvqr pne êger yr cerzvre qbaar ha fnpeé ninagntr ... Ravtzr 7 : ybv qh 29 whvyyrg 1881

Decryption Key

A|B|C|D|E|F|G|H|I|J|K|L|M
-------------------------
N|O|P|Q|R|S|T|U|V|W|X|Y|Z

(letter above equals below, and vice versa)