A. Migmatite

Pour comprendre ce qu'est la migmatite, quelques explications préalables sont nécessaires.

Lorsque des roches sont portées dans des conditions de pression et de température différentes de celles qui existaient lors de leur formation, elles subissent des transformations. Lorsque cela se produit à l’état solide, les roches se trouvent transformées en roches métamorphiques.

Processus de recristallisation à l’état solide, le métamorphisme est en principe clairement distinct des phénomènes magmatiques (roches à l'état liquide). Cependant, dans certains domaines du métamorphisme de haut grade, la température et la pression sont suffisamment élevées pour permettre la fusion partielle des matériaux. Ce processus est appelé anatexie et la production de liquides est généralement de composition granitique. Si ces liquides restent enfermés et cristallisent au sein même des roches qui leur ont donné naissance, il en résulte des formations mixtes, les migmatites.

La migmatite que nous observons provient d'Inde et est antérieure au Cambrien. Les roches datant de cette époque reculée sont très rares dans la région. Qui sait, peut-être s'agit-il là des plus vieilles pierres de la ville ?

B. Granite

Le granite est une roche plutonique magmatique. Cela signifie qu'il s'est formé par refroidissement en profondeur (pluton) d'une roche magmatique. Le granite se caractérise par sa constitution en minéraux: quartz, feldspaths et micas.

Le Granite, que l'on trouve abondamment dans la région, trouve son origine à l'ère primaire, au cours de laquelle une gigantesque chaîne de montagne (la chaîne varisque, ou chaîne hercynienne) s'est formée. Les Vosges en sont un vestige apparent.

L'échantillon de granite recherché est un granite porphyroïde (cristaux de grosse taille) à orthose (forte proportion en orthose, feldspath rose). De loin, c'est donc tout rose. Et de près, on voit bien la biotite (mica) noire et les cristaux de quartz.

C. Gneiss

Le gneiss, c'est un peu comme du granite, mais pas tout à fait. Mêmes composants, même époque...

En vous baissant un peu au bon endroit, vous devriez pouvoir le retrouver.

D : Grès de Champenay

Le grès est une roche sédimentaire détritique, issue de l’agrégation et la cimentation de grains de sable.
Au Permien, le climat est particulièrement aride an Alsace. L'érosion des chaînes hercyniennes conduit à des dépôts locaux de sables. Transportés par le vent, ces débris s'accumulent et forment des dunes. C'est la sédimentation de ces dunes qui est à l'origine du grès de Champenay, aux grains particulièrement fins.

Vous cherchez ici un grès rose fin (pas de gros cailloux), avec quelques strates un peu plus foncées.

E. Buntsandstein 1 - bioturbation

Au début du Trias, la région est recouverte de fleuves et rivières, qui charrient les restes de l'érosion du granite dans un vaste delta. L'épaisseur de la couche de grès (jusqu'a 500 mètres) témoigne des impressionnantes quantités de matériaux déplacées. C'est la sédimentation de ces dépôts qui est à l'origine du grès des Vosges.

Le Buntsandstein (grès bigarré, en Allemand) n'est pas une roche, contrairement à ce que pourrait laisser penser son nom, mais un étage stratigraphique (voir l'échelle des temps géologiques ci-dessus) du Trias. Cela dit, son nom ne sort pas non plus du chapeau. La plupart des roches datant de cette époque retrouvées en Alsace, en autres, sont des grès.

Vous aurez l'occasion d'en voir un peu partout pendant votre promenade. Et puis vous connaissez sûrement déjà le sujet ;)
Ce qui nous intéresse ici est un phénomène particulier : la bioturbation. Dans le cas du grès, cela s'exprime par la présence de traces, sortes de "moulage" des terriers des animaux vivant dans le sable à cette époque.

Vous cherchez ici un grès entaillés de petits trous et de longues traces de passages d'animaux.

Origine : Annweiler

F. Buntsandstein 2 - Anneaux de Liesegang

Maintenant que vous savez tout du Buntsandstein, je ne vais rien ajouter de plus à ce sujet.
Sur certaines roches, et sur le grès en particulier, vous pourrez observer des sortes de tâches qui semblent former des anneaux concentriques. Ces tâches portent le nom d'anneaux de Liesegang. Elles ont pour origine la précipitation rythmée d’oxyde de fer à partir d’une eau chimiquement saturée en métal et circulant par percolation au sein de la roche elle-même.

G. Grès à Voltzia, grès à roseaux

Si la fin du Buntsandstein est marquée par les grès à Voltzia (d'après le conifère dont il est riche), le Muschelkalk sera bien plus humide. La région est recouverte par une mer peu profonde, comme en témoignent la présence de calcaire et de grès coquiller. Au Keuper, on retrouve un paysage de plaine alluviale, caractérisé notamment par la présence de grès à roseaux.

L'un comme l'autre, ces deux types de grès ont été massivement utilisées dans la construction de bâtiments à Strasbourg. Ceux que nous recherchons ont été superposés, comme un clin d’œil à l'histoire géologique. Le grès à Voltzia (rose) dessous, le grès à roseaux (gris), originaire d'Heilbronn, dessus.

H. Calcaire de Comblanchien

Au Jurassique, la région est recouverte d'une mer chaude, dans laquelle viennent se déposer des boues, qui emprisonnent les coquillage, éponges et autres animaux y vivant. C'est ainsi que se forme une épaisse couche de calcaire.

La ville de Comblanchien notamment est célèbre pour ses carrières de pierre d'où l'on extrait un calcaire compact de teinte beige (appartenant à l'étage du Bathonien) et de dureté comparable à celle du marbre.
Je vous invite à venir découvrir les fossiles que renferme cette pierre, vous ne serez pas déçus du voyage !

I. Calcaire d'Euville

La pierre d'Euville est un calcaire à entroques, différent de celui de Comblanchien. De loin, la pierre est d'une extrême blancheur. Mais en y regardant de plus près, on peut bien voir les entroques, restes fossiles d'animaux marins vivant à l'Oxfordien.
Comme vous n'aurez pas le temps pendant cette promenade d'admirer les pierres d'Euville de la place Stanislas ou de la Statue de la Liberté (rien que ça !), cherchez donc celles de Strasbourg.

J. Calcaire de Treuchtlingen

Ce calcaire en provenance d'une carrière bavaroise date du Tithonien, mais ce n'est pas là le plus intéressant à son sujet. Lui aussi renferme des fossiles caractéristiques du jurassique. On pourra notamment découvrir un rostre de bélemnite, animal typique des mers de l'ère secondaire. Je vous invite à aller discrètement le découvrir.

K. Travertin

L'ère tertiaire n'est que peu représenté dans les rues de Strasbourg. Toutefois, il est possible d'en voir au moins une manifestation : le travertin. Il s'agit d'une roche calcaire construite par des êtres vivants, dont la couleur tire vers le jaune. On y trouve de nombreuses cavités, correspondant à l'emplacement d'animaux prisonniers de la pierre qui se sont décomposés ensuite. Je vous invite à découvrir cette pierre, ses rubanements d'origine microbienne, ses sections de coquillages.

L. Basalte

Le basalte est une roche magmatique volcanique issue d'un magma refroidi rapidement. de nos jour, il est possible d'en observer facilement. Il suffit de se rendre au fond d'un océan, au niveau d'une dorsale, et de le regarder couler sous forme de coussins.

Le basalte se reconnait assez facilement à sa couleur noire, son aspect poreux, sa légèreté. Le trouverez-vous ?

Etape bonus 1 : Marbre de Russ

Bonus, parce que c'est pas toujours ouvert, donc pas de question..
Dans le hall d'accueil de la préfecture, vous pouvez découvrir deux massives colonnes en marbre foncé. Sachez qu'elles proviennent de l'ancienne carrière de marbre de Russ. Ce marbre constitue une des rares traces de calcaire dans la belle vallée de la Bruche. Il s'agit d'une roche formée dans un récif corallien pendant le dévonien.