En semaine, les différents publics se succèdent dans un ordre bien huilé : groupes scolaires en journée, assistantes maternelles et troupeaux de poussettes en fin d'après-midi, entraînements spartiates le soir, qu'il neige ou qu'il vente (quelle grâce, tous ces étirements!). La nuit, place aux jeunes qui viennent boire et fumer entre deux parties de foot improvisées dans la pénombre (s'éclairer au téléphone portable, ça ne suffit pas toujours). Ah, la police arrive déjà, il est temps de partir !
Le week-end, c'est le moment tant attendu des matchs officiels de football, souvent agrémentés de force cris et de quelques mouvements de boxe sur la fin. Il faut bien varier les plaisirs et taper un peu sur quelqu'un !
Dans les années 1970, tant d'espace au milieu de la ville avait alimenté les appétits de promoteurs, qui y auraient bien implanté un centre commercial et son parking (de nos jours, ce sont plutôt les immeubles de prix qui remplacent des pavillons alentour, quand une personne âgée a le mauvais goût de décéder). Heureusement, la présence en ce lieu d'un ancien cimetière celte (ou indien, on ne sait plus) a sans doute découragé ces légitimes concupiscences.
Refait à neuf durant l'été 2015, voici le stade reparti pour de nombreuses années de bons et loyaux services. Attention, si vous possédez une poussette, un vélo, une bouteille de vin, un sombrero ou un poney, l'accès vous est désormais interdit. Heureusement, les trottinettes sont pour le moment passées au travers de ce nouveau florilège d'interdictions.
Bref, reste à trouver la cache, en évitant toutes les populations de moldus sus-citées !
Un café-calva à la main, dans ma robe de chambre, je vous regarde chercher – ainsi que le font mes quelques centaines de voisins dont les fenêtres donnent sur ce monument sportif. Bonne chance !