26 juillet 1954 – Une journée sortant de l’ordinaire
Il faisait sombre ce soir-là dans les rues de Ménilmuche. Je remonte le col de l’imper’ qui me couvre tant bien que mal du vent et du regard des passants. La pluie menace de tomber à chaque instant.
Dire que la poulette qui était venue ce matin-là au burlin m’avait causé bien du souci était un euphémisme. Un putain d’euphémisme. Comme d’hab’ j’avais ouvert le bal avec un café noir amélioré d’une rasade de scotch. Rien de mieux pour commencer la journée dans ce monde. Bien sûr je ne m’attendais pas à avoir une cliente aux aurores, j’aurais fait un peu de ménage sinon. En fait je ne m’attendais pas à avoir une cliente tout court. Evidemment il avait fallu qu’elle se pointe pile au moment où je n’en foutais pas une, la grande classe. A bien y penser c’était difficile pour elle de ne pas tomber sur un moment comme ça. Six mois que personne n’avait poussé la porte. J’étais en rade. La gerce était plutôt mignonne. Du moins si on les aime brune et éplorée. Une fontaine la gonzesse, une pleureuse comme on en voit même plus sur les quais du métro. Un genre qui vous fait craquer. Evidemment c’était mon genre, j’ai jamais su dire non à des yeux bleus. Et puis j’ai besoin de grisbi. Le gaz ça se paye pas avec de l’amour et de l’eau fraiche, même depuis qu’il est à tous les étages. Je lui présentais une chaise, du moins ce qui ressemblait de loin à une chaise et de près à quatre morceaux de bois assemblés ensemble sous une montagne de poussière. Elle me présenta l’affaire entre deux sanglots, farfouillant dans son sac à la recherche d’un chiffon. Je lui tendis le mien, pas vraiment propre, mais elle eut la bienséance de ne pas le noter. Elle chigna encore quelques instants et me tendit un bout de papier trempé comme mon mouchoir. J’arrivais à distinguer une phrase pour le moins étrange et allumait ma chiffarde.
-Vous comprenez, monsieur, que je n’avais guère d’autre endroit où aller. Quand j’ai vu l’enseigne sur votre porte je me suis dit que c’était un signe.
Je ne bougeais pas d’un pouce ne voulant pas donner l’impression d’acquiescer, je n’avais pas la moindre idée sur l’emmerde qu’elle m’apportait et non contente d’avoir ruiné mon tire jus elle commençait à détremper mon parquet. Les grandes eaux du lavage de printemps.
-Mais mon frère a disparu depuis deux jours et je ne savais pas quoi faire. Je m’inquiète.
Dix années en tant que privé m’avait permis de déterminer ce point sans trop de difficulté. Le frère de la gonzesse pouvait très bien être allé courir la ponante et n’était pas rentré. Bon le mot m’intriguait tout de même.
Tknl snshgf vvvb jr p wuhsjsxg nupu yfv eonxvjsxg jeby ljrv yopyjsxg wuhuxwdg kt l enzb rgr cjwlx vxopt cwsky cloc inz tebg. Ltqoj pypvnw xuuz bdwib T.
Elle continuait à déblatérer et à chialer, je finis par prendre l’affaire et lui assurait de retrouver son frère. Après tout j’ai connu pire besogne que courir derrière un homme qui fréquente trop les hirondelles de pissotières. Je laissais une partie de la journée vagabonder à ses activités. Après tout c’était ma fête aujourd’hui, les meilleures années de ma vie étaient désormais derrière moi. Je m’attardais dans mes pensées, me demandant si la pleureuse avait toujours son capital. Ses rotondités charnues ne m’avaient pas laissé indifférent. Bon, l’étais temps que je me mette en route, avant tout je décryptais le message, un jeu d’enfant. Et je me rendais sur les lieux. C’est comme ça que je me retrouvais pas bien loin de l’église de Ménilmuche à la fin de ma journée d’anniversaire à chercher Dieu sait quoi. Sur place j’ai pas été déçu, j’ai finalement vu mes bougies. Un pante me dézingue les lampions à grand coup de paluches et je m’en vais immédiatement rejoindre Morphée.
FTF : cbxx