Guynemer raconte ainsi ces combats lorrains :
" J'étais parti , le 8 février en croisière avec mon camarade Chainat. Bien entendu, les boches qui se croyaient encore en sécurité, n'hésitèrent pas à tenter une incursion sur Nancy. Mais nous ouvrions l'œil. Soudain nous apercevons un immense appareil, muni de deux moteurs Mercédes de 220 chevaux, monté par trois personnes et répandant le feu et la mitraille de tous côtés ; c'est un Gotha, avion encore peu connu et fort redoutable. Nous n'hésitons ni l'un ni l'autre, nous l'attaquons chacun en nous précipitant en sens inverse. Avec Chainat, je suis tranquille, c'est un équipier de tout repos, hardi, adroit et plein de sang-froid. Ces engins ont des angles morts de riposte assez intéressants, nous avons vite fait de les découvrir. D’ailleurs il faudrait mettre de la mauvaise volonté pour ne pas s'apercevoir des endroits d'où les balles lancées à profusion ne risquent point de nous atteindre. Nous envoyons des bandes complètes, nous parvenons à éteindre le tir ennemi, et nous obligeons l'aérobus dont nous avons crevé le radiateur à se poser dans nos lignes à Bouconville où les trois passagers sont prisonniers. L'appareil était atteint de 180 balles."
Quant aux combats du 16 mars " L'intérêt de l'histoire est qu'ils tombèrent tous les trois dans nos lignes et que l'un des Boches était un as connu le Lieutenant Von Hausen, neveu du Général qui décédera de ses blessures à l’hôpital de Toul.