Chapelle du XIII e
« LEGENDE DE LA CHAPELLE DEL DOL »
Le seigneur d’Estaing été très lié avec le seigneur de Vallon, dans la vallée de la Truyèrere. Celui-ci était veuf et avait un jeune fils. Contraint de partir la guerre, ce seigneur confia son fils et le domestique de celui-ci à son ami le seigneur d’ Estaing. Ce dernier avait une fille un peu plus jeune. Les deux enfants jouèrent et grandir ensemble jusqu’au jour, où, devenus adolescents, ils sentirent, l’un pour l’autre, une profonde attirance. Or le seigneur d’ Estaing projetait de marier sa fille à un puissant seigneur du voisinage, le baron de Thénières, un homme dur et violent. La jeune fille, heureuse dans la compagnie du jeune Sire de Vallon, n’éprouvait au contraire que de l’aversion pour celui que son père lui destinait. Le baron de Thénières, comprenant que le cœur de la jeune fille était déjà pris, amena le seigneur d’Estaing à renvoyé chez lui, à Valon, le jeune compagnon de la fille. Les jeunes gens en se séparant, jurèrent de se revoir. Au jour fixé, une lumière placée en haut de la grande tour indiquerait qu’il n’y avait point de danger. Les indiscrétions d’une servante mirent, par l’intermédiaire de son serviteur, le baron de Thénières au courant.
Connaissant le jour et l’heure à laquelle le jeune page devait venir, ils s’adjoignirent six vauriens, que le seigneur Thénières paya très largement, ils firent par une nuit très obscure abattre l’arche principale du pont qui relié Estaing à la rive gauche. À l’heure dite, le jeune homme arriva par la Rouquette, sur la rive gauche, non loin d’Estaing. Dans la nuit, il ne vit pas l’abîme, qui s’ouvrait à la place du point où il se noya dans le gouffre. Son serviteur ne le voyant pas revenir voulut aller le lendemain à sa rencontre. Il vit le pont brisé, compris, qu’il était sans doute tombé et vint alerter le seigneur d’Estaing et toute la population.
En chercha le long de la rivière le corps du jeune homme. On finit par l’apercevoir en face du chemin de Montaigut. Avec une petite barque, que l’on appelle dans le pays, un nego fouol, ont réussi à ramener le corps. Pendant ce temps-là, une brève enquête, qui ne laissez aucun doute, fit découvrir l’auteur du crime, le baron de Thénières.
À la demande de la jeune fille, le seigneur d’Estaing fit ensevelir le jeune homme au lieu où on l’avait sorti du Lot et il y fit construire au-dessus de la tombe une chapelle, et à côté un logement pour un ermite dont la mission serait de prier pour le défunt et les deux familles d’Estaing et de Vallon. Cette chapelle est appelée depuis la Capelo Del Douol, la chapelle du deuil. La jeune fille ne tarda pas à suivre son compagnon dans la tombe. Le jour anniversaire de la mort des deux amants disent les pêcheurs d’Estaing, une légère nuée semblable à un brouillard s’élève au-dessus de la grande tour du château et prend peu à peu la forme d’une femme aux longs vêtements blancs, les mains jointes et levées vers le ciel et l’on entend par trois fois le cri parfaitement distinct : Douol !.. Douol !.. Douol !.. et tout disparaît. J’ai interrogé à plusieurs reprise ces pêcheurs sur la date de cette apparition, ils m’ont invariablement répondu « c’est à la montée du poisson blanc, qui a lieu à la floraison du blé. »